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INVITEE DU MOIS: Carine MAS :  « La chevelure d’une femme compte pour beaucoup dans son bien-être… »

Persévérante et généreuse, Carine Mas est une fée de la coiffure. Grâce à ses prothèses capillaires 100% naturelles qu’elle vend par milliers, la Parisienne s’est imposée comme une prothésiste capillaire de renom. C’est en 2007, que l’aventure a commencé. La ravissante Carine a eu une idée brillante et pleine de cœur pour les femmes malades. L’atelier & institut est ainsi né et n’arrête plus de grandir.

Diasporas-News : Comment et pourquoi vous êtes-vous retrouvée du Bénin en France ?

Carine MAS : Je suis une femme de 40 ans née au Bénin et vivant en France depuis mon plus jeune âge.

Arrivée en France pour subir des opérations de chirurgie à la suite d’une malformation de naissance, j’ai finalement commencé ma scolarité et poursuivi mon parcours dans ce pays d’adoption.

De formation RH, j’ai travaillé de longues années pour un groupe immobilier et j’ai choisi après une reconversion professionnelle de faire de ma passion tournée vers l’humain, un métier. Aujourd’hui je suis directrice et créatrice de l’entreprise « L’Artisan du Sublime ».

D-N: Présentez-nous l’atelier & institut l’ARTISAN du SUBLIME…

C.M: Implantée au cœur de Paris, l’ARTISAN DU SUBLIME est une entreprise qui conçoit depuis 2007 des perruques et des prothèses capillaires de nouvelle génération pour Femmes, Hommes et Enfants, souffrant d’affections entrainant la perte de cheveux (Alopécie, pelade, traitement de chimiothérapie). Forte de ses 10 collaboratrices commerciales, l’entreprise a réalisé plus de 13 000 prothèses médicales à ce jour et créée également des chevelures pour l’industrie de la mode/tv/ cinéma (TF1, Gaumont, Netflix…).

D-N : Vous dirigez depuis une quinzaine d’années le célèbre atelier & institut L’ARTISAN du SUBLIME en tant que prothésiste capillaire. Qu’est-ce qui fait votre particularité ?

C.M : Notre particularité tient en 3 mots : Naturel, maintien et accompagnement.

D-N : Que voulez-vous dire ?

C.M : Nous répondons aux problématiques que se posent une personne qui souffre de perte de cheveux avec des produits naturels, personnalisés et sur-mesure afin qu’elle puisse retrouver sérénité et bien-être.

D-N : Ce n’était pas gagné pour une Africaine…

C. M : En effet ! La diaspora afro-caribéenne connait très bien le monde de la coiffure, des perruques, « des mèches » mais très peu savent qu’il existe de vraies formations spécialisées et des experts qui exercent ce métier au sein de théâtres, Opéras, dans le cinéma ou dans des centres hospitaliers.

Ainsi, quand j’ai commencé en tant que femme noire on me ramenait souvent au métier de coiffeuse dans les « salons de château rouge » (que je respecte) alors que j’apprenais un métier d’artisanat technique auprès de maitres perruquiers français comme Laurent Caille (qui a longtemps travaillé pour Canal+) et anglais au sein de la London Wig school avec Anna Lopez. Patiemment au travers d’internet, j’ai réussi à communiquer sur la différence de mes produits ainsi que mon expertise et la clientèle de toutes origines s’est faite naturellement de bouche à oreille ainsi que la confiance des professionnels du secteur.

D-N: Issue de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne et après un passage chez Foncia, vous avez tout abandonné pour faire de vos passions un métier. Racontez.

C.M : Durant 5 années, j’ai cumulé mon emploi à temps plein avec la création de cette activité en statut d’auto-entrepreneur. J’allais au bureau du lundi au vendredi et je recevais ma clientèle à domicile les soirs et les week-ends. C’est mon corps qui a dit stop. J’étais en surcharge physique et mentale. J’ai été obligée de faire un choix et j’ai fait celui de la passion.

J’ai rapidement su que j’avais les capacités d’apporter des innovations et de la créativité à ce secteur et donc une valeur ajoutée aux clientes et clients potentiels.

J’ai donc recruté mes deux premières collaboratrices en CDI dès l’été 2014 et l’aventure a pris un nouveau tournant !

Modèle de L‘atelier & institut l’ARTISAN du SUBLIME

D-N: Vous êtes la spécialiste des Compléments capillaires sur-mesure, 100°/° naturels. A base de quoi les réalisez-vous ?

C.M : Depuis mars 2022, après la pandémie de Covid-19, j’ai souhaité affirmer notre dimension de créateur artisanal, transmettre notre savoir-faire et concevoir nos produits de A à Z.

Nous avons ainsi formé 12 perruquiers et mis en place nos propres ateliers en Afrique. Une avancée qui me rend très fière. Nos compléments sont ainsi assemblés, à la main, cheveu par cheveu, dans nos ateliers de conception. Il faut compter 80 à 100 heures de travail pour une seule prothèse. Ils sont composés de deux éléments naturels : Une tulle en fine dentelle suisse et des cheveux naturels, récoltés éthiquement dans les temples indiens.

D-N : Prothésiste capillaire, c’est quoi exactement ?

C.M : Un(e) Prothésiste capillaire c’est une personne qui peut créer ou recréer toute chevelure dans un but médical par exemple, en reproduisant la chevelure d’une patiente avant un traitement de chimiothérapie ou dans un but artistique en récréant des coiffures, barbes ou favoris pour un personnage de film. Ce métier est atypique et assez méconnu.

D-N : Combien coûte une perruque chez vous et combien de temps peut-elle durer ?

C.M : Pour les besoins médicaux, nos prothèses coutent entre 350 € et 2000 € et il faut compter en moyenne 6000 € pour les créations uniques que nous réalisons pour le cinéma. Nos produits durent entre 2 et 5 années.

D-N : Vos perruques sont prises en charge (partiellement) par la Sécurité sociale. Un exploit ?

C.M : En effet ! J’ai réussi en 2015 à faire reconnaitre nos produits par la sécurité sociale. Cela permet donc à nos clientes souffrant de perte de cheveu (pelade, alopécie, traitement de chimiothérapie) munies d’une ordonnance de bénéficier d’une prise en charge partielle et parfois même totale grâce aux mutuelles.

D-N : N’est-ce pas la preuve que votre travail est de qualité et est utile pour les femmes malades de cancer ?

C.M : Avant même cet agrément de l’assurance maladie, je savais que nos produits participaient au bien-être des patientes en traitement. C’est d’ailleurs ce qui a motivé ma reconversion professionnelle. J’avais eu l’occasion d’intervenir dans des services d’oncologie dans le cadre d’ateliers au cours desquels j’ai pu mesurer l’impact cosméto-thérapeutique de nos prothèses. De nombreuses études démontrent que les accessoires esthétiques permettent de mieux vivre les effets physiques indésirables de la maladie et participent au processus de guérison.

D-N : Pensez-vous que la féminité d’une femme se résume à sa coiffure ?

C.M : Non, la féminité de ne se résume pas à une coiffure mais la chevelure d’une femme compte pour beaucoup dans son bien-être et sa confiance en elle. En raison de divers problèmes médicaux et hormonaux, la perte de cheveux subie peut entraîner une calvitie partielle ou complète, ce qui peut entrainer souffrance et difficultés sociales. Nous le constatons chaque jour au sein de notre institut. N’oublions pas qu’Il en est de même chez certains hommes quand cela survient tôt.

D-N : Quel type de clientèle recevez-vous et quels genres de perruques sont-elles les plus demandées ?

C.M : Nous accompagnons des femmes, des enfants, des hommes et des personnes transgenres de toutes origines. Notre clientèle recherche principalement des produits sur-mesure qui tiennent parfaitement en place, confortables et durables. Les demandes sont orientées vers un résultat naturel, souvent des cheveux châtains, légèrement ondulés, de 30 à 40 cm de longueur et nous adaptons ensuite les couleurs et les textures selon l’origine de la cliente : ondulé, lisse, bouclé, blond, afro…

Diasporas-News : Votre chiffre d’affaires, on l’imagine, croit au vu de la très forte demande qui existe…

Notre chiffre d’affaires connait effectivement chaque année une croissance à deux chiffres et nous envisageons d’atteindre le million d’euros de chiffre d’affaires d’ici quelques mois grâce à une nouvelle innovation et une communication renforcée !

Cette année nous avons fait le choix d’ouvrir notre capital afin d’accélérer notre croissance.

Nous espérons ainsi apporter plus de valeur à nos client(e)s et créer de la valeur économique pour nos collaborateurs en France et en Afrique.

Interview réalisée par Thomas DE MESSE ZINSOU, paru dans le Diasporas-News n°139 Octobre 2022

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