L’épidémie de Coronavirus qui frappe le monde aura peut-être eu un mérite. Celui de réveiller la conscience collective de certains chefs d’états africains. Eux qui, sous l’impulsion d’un des plus jeunes d’entre eux, Andry Rajoelina, le président malgache, veulent désormais être acteurs de leur destinée. Poussés par la fougue et l’impétuosité de leur « collègue », ils ont eu une réaction qui laisse augurer de lendemains meilleurs. Il était temps devant l’annonce de l’apocalypse qui menaçait le continent.
La solution malgache, on aime ou n’aime pas. Personne cependant ne reprochera au président Rajoelina la volonté de trouver des solutions pour son peuple. Et puis, pourquoi faut-il toujours attendre que la solution vienne d’ailleurs ? Il y a quelques jours, à la télévision, et pendant près d’1h30, le chef de l’État malgache a vanté les bienfaits du Covid-Organics, le remède mis au point à Madagascar, censé prévenir et guérir du Covid-19, et de l’Artemisia, la plante utilisée dans ce remède.
Andry Rajoelina a annoncé les mesures que les Malgaches doivent continuer à suivre pour lutter contre la propagation du Covid-19 dans le pays qui comptait 151 cas et aucun décès la première semaine du mois de mai. Par précaution, l’état d’urgence sanitaire a été prolongé. Le président a, en outre, demandé aux populations de continuer à suivre les mesures prises en avril : confinement à partir de 13h, regroupement de plus de 50 personnes interdits, des cours le matin pour les élèves des classes d’examen, port du masque obligatoire (sous peine de travail d’intérêt général pendant une demi-journée). Des mesures qui s’appliquent aux trois régions touchées par le Covid-19 : Analamanga où se trouve la capitale, Atsinanana, à l’est, et Haute Matsiatra dans le centre du pays. La preuve qu’il n’est pas si « fou », comme tendent à le dépeindre certains.
Alors que, début février l’OMS prédisait une véritable hécatombe sur l’Afrique, un cataclysme sanitaire, le continent s’en sort relativement mieux que les nations développées. Certains pays ont levé le confinement, à l’exemple de la Tanzanie, du Ghana ou du Burkina Faso. D’autres pays s’apprêtent à leur emboiter le pas. Et si les propos de Jean-Paul Mira, ce médecin français, qui, sur une chaine de télé, avait fait de l’Afrique un laboratoire géant, avaient finalement servi de déclic ? Une chose est sûre, il y aura un avant et un après Covid-19. Et rendons à Rajoelina ce qui est à Rajoelina !
L’Afrique n’a plus le droit de rester les bras croisés et attendre que d’autres décident de son sort. Les réactions positives de certains présidents vis-à-vis de leur homologue malgache vont justement dans le bon sens. C’est de cette solidarité que le continent a besoin. Sinon comment comprendre qu’après toutes ces années dites d’indépendance, les dignitaires africains affluent dans les hôpitaux européens quand ils sont malades ? N’est-il pas honteux que, hormis la Tunisie et le Maroc, l’Afrique ne possède pas des hôpitaux et des médecins dignes de traiter ses responsables ?
C’est pourquoi, l’initiative d’Andry Rajoelina est à saluer. Encore une fois, qu’elle fonctionne ou pas, elle doit exprimer une farouche volonté des Africains à se prendre en charge. Quelqu’un disait « les ennemis de l’Afrique, ce sont les Africains ». Imaginons que les essais cliniques de l’Artemisia soient bons, que des vaccins soient créés à base de cette plante, n’est-ce pas toute une économie aussi qui s’en porterait mieux ? Et si, cette fois-ci, les Africains étaient la solution ?
Malick Daho, paru dans le Diasporas-News n°114 Avril-Mai 2020