jeudi, novembre 14, 2024
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Prisonniers mais humains avant tout

À Madagascar, six détenus sont morts de malnutrition en prison à Mananjary dans le sud-est de l’île. Les décès se sont succédé entre le milieu du mois d’août et fin septembre, a fait savoir l’administration pénitentiaire cette semaine. Alors que les prisons malgaches sont confrontées à une surpopulation carcérale et à un manque de moyens considérables, ce drame pose aussi question sur les mesures prises par l’État, après sa promesse en 2019 d’«humaniser » ses prisons.

À la prison de Makala en RDC, on ne compte plus les drames humains rapportés jour après jour. Les décès pour mauvais traitements, y sont légion. Mais comment comprendre que l’on meure encore en prison pour malnutrition, ou pire, par manque de nourriture ? Mais ne nous- y trompons pas, ce qui est dans ces lignes est valables pour de nombreux pays africains.

Humaniser les prisons, promesse des autorités malgaches, suppose-t-il que ces prisonniers n’étaient pas considérés comme tels ? Cela suppose-t-il qu’un prisonnier, quel que soit le délit commis, est un moins humain qu’un autre ? A-t-il moins de droits, notamment le droit à la vie qu’un autre, parce que derrière les barreaux ? Assurément non ! Un prisonnier demeure un humain comme tous les autres.

Claire Kaboré, représentante à Madagascar du Gret, ONG Internationale de développement, déplorait, après la tragédie « une situation particulièrement dramatique » qui reflète toutefois une réalité nationale : « Sur le côté alimentaire, en prison, il y a seulement une ration de plat de manioc par jour. C’est sûr que ce n’est pas une ration équilibrée, elle est largement insuffisante, et en quantité et en qualité. Donc s’il n’y a pas des familles proches qui peuvent apporter des paniers régulièrement, les personnes détenues ont de grandes chances de tomber dans la malnutrition. » Nous sommes en 2024, pardi !

Ironie du mauvais sort, dirons-nous, en réponse au drame du Madagascar, du riz, de l’huile, mais aussi des compléments alimentaires ont été livrés « pour sauver des vies » à Mananjary, explique le ministère de la Justice. Preuve que cela était possible. Mais alors, pourquoi avoir attendu que l’irréparable se produise ?

Partout en Afrique, selon les nombreux rapports d’Amnesty International, de nombreuses prisons sont devenues des mouroirs. Elles sont insalubres, insécures et accueillent entre 3 et 5 plus de personnes que leurs capacités d’accueil initial.

Ces six détenus de Mananjary sont six morts de trop. Vite, que quelque chose soit fait pour les prisonniers et les prisons en Afrique !

Malick Daho

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