vendredi, décembre 6, 2024
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Lufthansa: la perspective d’une nationalisation partielle se rapproche

Le premier groupe de transport aérien en Europe, Lufthansa, a annoncé jeudi négocier avec l’Etat allemand en vue d’une nationalisation partielle et d’une aide de 9 milliards d’euros afin d’éviter la faillite face à l’impact du nouveau coronavirus.

Berlin pourrait ainsi faire son retour après plus de 20 ans d’absence au capital de l’ancienne compagnie publique, confrontée comme l’ensemble du secteur aérien à une crise sans précédent: 700 de ses 760 avions sont cloués au sol et le nombre de passagers a baissé de 99%.

Alors que le groupe perd un million d’euros par heure, il s’agit dans ces négociations « d’éviter la faillite », a expliqué cette semaine le patron Carsten Spohr.

Parmi les options discutées: un prêt garanti par Berlin et « une entrée de l’Etat au capital de l’entreprise » allant jusqu’à 25% et une action, c’est-à-dire une minorité de blocage, pour un montant d’aide total de 9 milliards d’euros.

Par ailleurs, l’Etat « vise à obtenir un siège au conseil de surveillance » et donc à avoir son mot à dire, ajoute le groupe dans un communiqué.

Il confirme ainsi pour la première fois le contenu de ces négociations en cours depuis mars. Elles se sont compliquées récemment autour de la question politique des contreparties.

– Divisions politiques

Car si la question à Berlin n’est plus de sauver ou non le groupe, la direction de Lufthansa refuse d’être influencée par les pouvoirs politiques des pays dans lesquels elle est active, à savoir, outre l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Belgique.

« Nous avons besoin d’aide publique mais pas d’une direction nationalisée », a réitéré cette semaine M. Spohr lors de l’assemblée générale des actionnaires.

Au sein de la coalition gouvernementale allemande d’Angela Merkel, entre conservateurs et sociaux-démocrates, les avis seraient aussi partagés.

« L’Etat n’est pas l’idiot de service qui se borne à verser l’argent et n’a ensuite plus voix au chapitre », a dit lundi l’un des responsable du parti social-démocrate, Carsten Schneider au quotidien Die Welt.

Les conservateurs de la chancelière s’opposent eux à une participation avec droit de vote, selon le quotidien Handelsblatt.

« Les négociations sont en cours et le processus pour trouver un accord politique dure toujours », note simplement Lufthansa.

Un sauvetage par nationalisation partielle rappelle en Allemagne le sort de la banque Commerzbank, qui bénéficia de 18 milliards d’euros d’argent public en pleine crise financière de 2008, et dont l’Etat détient toujours 15%.

Si la banque a été préservée de la faillite, la participation allemande ne vaut aujourd’hui qu’une fraction du prix d’achat, le cours de l’action ayant fondu ces dernières années.

– Pertes –

Actuellement, le groupe a encore quelque 4 milliards d’euros en cash, a expliqué M. Spohr, mais ce niveau devrait baisser rapidement dans les prochaines semaines.

Au premier trimestre, Lufthansa a affiché une perte d’exploitation de 1,2 milliard et s’attend à un résultat encore pire sur les trois mois suivants; plus de 80.000 de ses 130.000 salariés sont au chômage partiel.

Et les perspectives ne sont pas brillantes: le groupe s’attend à un « redémarrage notable au plus tôt au printemps » et un retour à un « nouveau normal » par avant 2023, a expliqué M. Spohr, qui a lancé une restructuration visant à réduire la flotte de près de 100 avions, menaçant environ 10.000 emplois.

Ses concurrents se retrouvent également dans la tourmente: le groupe IAG est tombé dans le rouge au premier trimestre et a annoncé son intention de supprimer jusqu’à 12.000 emplois au sein de sa compagnie British Airways.

Ryanair a déjà annoncé prévoir 3.000 suppressions d’emplois, tout comme Virgin Atlantic.

Air France-KLM a perdu 1,8 milliard d’euros en trois mois et doit recevoir une aide de 7 milliards d’euros de l’Etat français pour garder la tête hors de l’eau.

Pour Lufthansa, la Suisse va d’ailleurs garantir 1,2 milliard d’euros de prêts à ses filiales locales, Swiss et Edelweiss.

En Autriche, Austrian Airlines (AUA), autre filiale de Lufthansa, a demandé mardi une aide publique de 767 millions d’euros.

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