Une réunion internationale de haut niveau destinée à peaufiner une stratégie de reconquête militaire du nord du Mali occupé depuis plus de six mois par des islamistes armés liés à Al-Qaïda, dont le principe est acquis, doit se tenir vendredi à Bamako.
Nkosazana Dlamini-Zuma, nouvelle présidente de la commission de l’Union africaine (UA), Romano Prodi, envoyé spécial au Sahel du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le président nigérian Goodluck Jonathan, ainsi que son homologue malien par intérim Dioncounda Traoré, doivent y participer.
Pierre Vimont, numéro deux de la diplomatie de l’Union européenne (UE) et Jean Felix-Paganon, envoyé spécial de la France au Sahel, devraient également être présents.
Cette réunion se tient une semaine après l’adoption le 12 octobre au Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution préparant le déploiement d’une force militaire étrangère de quelque 3.000 hommes au Mali, donnant 45 jours aux pays ouest-africains, qui en constitueront le noyau, pour préciser leurs plans.
A Bamako, les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), seuls prévus pour envoyer des troupes au Mali, devront commencer à fournir « leurs grandes lignes stratégiques » en vue de l’intervention soutenue par l’ONU, l’UE et l’UA et, sur le plan logistique, par des pays comme la France et les Etats-Unis, indique-t-on de sources diplomatiques occidentales.
En clair, ils doivent dire quelles seront leurs demandes en termes militaires, « avancer sur la définition des besoins », à savoir exposer quelles sont les ressources en munitions et en armements dont disposent les Maliens, et quelles troupes au sol les pays de la Cédéao vont engager.
En matière d’images et de renseignements, d’instructeurs de l’armée malienne – une armée sous-équipée et démoralisée après sa débâcle dans le Nord -, il faut que les demandes aux pays occidentaux soient formulées clairement.
« Il faut que l’on sache où l’on va. Cela doit être très bien calé, sinon le Conseil de sécurité ne serait pas partant s’il juge que le dispositif est bancal », affirme une source diplomatique.
« Qui veut la paix, prépare la guerre »
Côté malien, Moussa Diakité, chargé de mission à la présidence, juge que « c’est une rencontre très importante ». « Il s’agira pour nous, Maliens, pour les partenaires de la communauté internationale, d’accorder nos violons pour bouter hors de chez nous les terroristes », a-t-il déclaré à l’AFP.
Selon lui, outre le président Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra devrait aussi être présent à la réunion.
Le capitaine Amadou Haya Sanogo, qui a rendu le pouvoir aux civils après avoir mené un coup d’Etat le 22 mars ayant précipité la chute du Nord aux mains des islamistes, aujourd’hui chargé d’une mission de réforme de l’armée malienne, devrait y être associé « d’une manière ou d’une autre », selon son entourage.
Parallèlement à la préparation d’une intervention militaire, les participants aborderont aussi la question des négociations avec certains des groupes armés qui occupent le nord au côté d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et qui se dissocieraient « du terrorisme » et de la partition du Mali.
« Ce qu’on ne veut pas, c’est dialoguer avec des gens qui se sont rendus coupables d’amputations » et autres exactions commises au nom de la charia (loi islamique) qu’appliquent dans le Nord les islamistes qui en ont une interprétation brutale et rigoriste, dit-on côté français.
Et si la rébellion touareg et laïque du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui a lancé l’offensive dans le nord du Mali en janvier, avant de s’en faire évincer par les islamistes, veut repartir sur de nouvelles bases, elle doit renoncer à l’indépendance de l’Azawad, nom qu’elle donne aux régions du Nord qui représentent les deux tiers du territoire malien, ajoute-t-on.
« Des négociations sont en cours, mais qui veut la paix, prépare la guerre », résume un diplomate africain en poste à Bamako.
Ces négociations se tiennent principalement avec Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un groupe actuellement allié à Aqmi dirigé par un ex-rebelle touareg devenu jihadiste, Iyad Ag Ghaly, avec pour objectif de regrouper dans un mouvement unifié tous les rebelles touareg.
Dans le Nord, le temps presse: des témoins ont affirmé mercredi que les islamistes armés devenaient « de plus en plus barbares ».
AFP