
« Des investigations menées dans certains domiciles, il est apparu que des caisses d’armes neuves ont été découvertes », et ces armes « ne font pas partie de la dotation de l’armée régulière », a précisé le colonel Keïta, ajoutant, sans plus de détails: « Nous faisons face à une nouvelle menace, cette infiltration aujourd’hui d’armes de guerre dans notre pays ».
L’ex-Premier ministre Modibo Sidibé et l’ex-ministre Soumaïla Cissé figurent parmi les personnes arrêtées, dont plusieurs ont été ou sont considérées comme proches de l’ex-président Amadou Toumani Touré (ATT).
Ce dernier a été renversé par un coup d’Etat militaire le 22 mars puis a formellement démissionné le 8 avril, pour ouvrir la voie à la désignation d’autorités de transition. Il se trouvait mercredi à « la résidence de l’ambassade du Sénégal à Bamako », a déclaré à Paris le président sénégalais Macky Sall. Il devrait très prochainement se rendre à Dakar, indique-t-on de sources concordantes à Bamako.

Un des responsables putschistes, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, avait indiqué mardi soir qu’elles avaient été faites « sur instructions de la hiérarchie » et « sur la foi d’indications précises et d’informations graves et concordantes ».
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a dénoncé les arrestations des responsables maliens et réclamé « leur libération immédiate », selon son porte-parole mercredi.

Ouvrir des « corridors » pour ravitailler le Nord
Les arrestations compliquent singulièrement la tâche de Cheick Modibo Diarra, désigné mardi Premier ministre de transition et de « consensus ».
Selon son entourage, il a voulu rencontrer mercredi le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, mais, en raison du mauvais temps, son avion n’a pu atterrir à Ouagadougou et est revenu à Bamako.
Cet astrophysicien de renommée internationale âgé de 60 ans doit former un gouvernement « d’union nationale », dont la priorité sera de tenter de résoudre la grave crise dans le nord du Mali, occupé et contrôlé par des mouvements islamistes armés, des rebelles touareg et des groupes criminels.
Plus de 268.000 personnes ont fui leurs domiciles depuis mi-janvier, début de l’offensive des rebelles touareg dans cette région, pour trouver refuge ailleurs dans le pays ou à l’étranger, selon l’ONU.
Dans une déclaration diffusée par l’ORTM et Radio France internationale (RFI), il a affirmé envisager l’ouverture de « corridors », pour que les habitants du Nord « puissent être ravitaillés en médicaments et en nourriture ».
Il a également indiqué qu’en raison de « la gravité de la situation », il prendrait le temps nécessaire pour former son équipe, « c’est un travail qui ne peut pas se faire à la hâte ».
Les putschistes maliens se sont engagés à un retour à l’ordre constitutionnel dans un accord signé le 6 avril avec la médiation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), représenté par le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, et avec pour « témoin » Adama Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine.
Depuis, l’ex-président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré a été investi chef de l’Etat par intérim, et Cheick Modibo Diarra désigné Premier ministre, une nomination saluée mercredi par la France, qui y voit « une étape importante dans le retour à l’ordre constitutionnel » au Mali.
Le président tunisien Moncef Marzouki , qui s’est entretenu mercredi avec M. Traoré, lui a exprimé son « soutien total » pour le retour de la stabilité au Mali et à la préservation de son intégrité territoriale.
AFP