
Il y a 64 ans, au sortir de la guerre, on évoquait les « Jeux de l’austérité ». Les athlètes dormaient en dortoirs, dans des baraquements militaires et des collèges.
Aujourd’hui, l’austérité résultant de la crise économique est au rendez-vous. Pour autant, les Jeux de Londres et leur budget de 9,3 milliards de livres (11 milliards d’euros) ne seront pas des JO a minima après ceux, colossaux, de Pékin, mis en scène comme une affirmation de puissance.

Si le gigantisme n’est pas de mise, le Premier ministre David Cameron n’en promet pas moins un remake « du plus grand spectacle au monde », destiné à offrir « le meilleur de la Grande-Bretagne ».
Pour s’en assurer, la cérémonie d’ouverture, sous les yeux de 80.000 spectateurs et de milliards de téléspectateurs, a été confiée à Danny Boyle, le réalisateur de « Slumdog Millionaire », récompensé par huit oscars.
S’ensuivra l’entrée en lice de quelque 10.500 athlètes originaires de 204 pays dont la Chine, qui rêve de réitérer son triomphe inédit d’il y a quatre ans au tableau des médailles.
Avec en tête d’affiche deux des superstars des jeux de Pékin : « Lightning Bolt », le sprinter jamaïcain Usain Bolt, et « the Baltimore Bullet », le nageur américain Michael Phelps.

Certaines des installations, sur des friches industrielles décontaminées, dans l’est de la ville, seront conservées en l’état, comme le vélodrome. D’autres seront reconfigurées avec une capacité réduite pour un usage post-olympique, à l’instar du grand stade ou de la piscine à l’architecture audacieuse qui perdra deux ailes en devenant municipale. D’autres enfin seront démontées et revendues, comme l’arène de basket-ball.
L’East End, longtemps synonyme d’abandon, conservera en héritage la gare ultramoderne de Stratford, le village olympique reconverti en logements et des espaces verts le long de la rivière Lee.
Restent deux inconnues de taille: le risque de gigantesques embouteillages dans une ville saturée où les déplacements sont aussi rapides qu’au temps des calèches, relèvent les urbanistes, et la sécurité, 40 ans après la prise d’otages sanglante aux JO de Munich.
Dans le premier cas, 7,5 milliards d’euros ont été déboursés pour moderniser les transports publics, dont le plus vieux métro au monde. 48 kilomètres de couloirs de circulation sont prévus pour les V.I.P et les Londoniens sont officiellement encouragés à pratiquer le télétravail et à éviter les heures de pointe. Quitte à rallonger leurs séjours au pub…

« Il s’agit de jeux Olympiques. Ils se déroulent à Londres, pas dans une ville en état de siège. Il va falloir trouver le bon équilibre », a expliqué à l’AFP Sebastian Coe, président du Comité d’organisation 2012.
En attendant, chaque scénario-catastrophe fait l’objet d’exercices: accident ; réédition des émeutes urbaines d’août 2011 ; attaque d’un groupe de type Al-Qaïda ou d’un de ces individus isolés que les services de renseignements qualifient de « loups solitaires ».
Dans un registre qui relève davantage du folklore, la police entend faire la chasse aux « streakers », ces exhibitionnistes qui déboulent nus dans les stades. Et le souci de l’ordre public l’a incitée à fermer quelque 80 maisons closes de l’Est End, selon la presse.
Le site des JO (en anglais)
AFP