dimanche, mai 5, 2024
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Côte d'Ivoire: les ex-rebelles intégrés à l'armée, une plaie pour Ouattara

Côte d'Ivoire: les ex-rebelles intégrés à l'armée, une plaie pour Ouattara
Les incidents meurtriers à répétition entre civils et ex-rebelles intégrés à l’armée ivoirienne mettent le régime d’Alassane Ouattara sous pression et soulignent l’urgence d’une réforme des forces de défense dans un pays toujours fragile après la crise de 2010-2011. Une simple altercation entre un militaire des Forces républicaines (FRCI) et un jeune à Sikensi, près d’Abidjan, a dégénéré en conflit entre autochtones d’un côté, Malinké (ethnie du nord) et FRCI de l’autre, qui s’est soldé lundi par un bilan de quatre morts – deux soldats et deux jeunes -, une quinzaine de blessés et de nombreux dégâts.
Une semaine après des affrontements entre habitants et FRCI à Vavoua (centre-ouest) ayant fait six morts, ces événements jettent une lumière crue sur l’état de l’armée.
L’essentiel de ses éléments opérationnels est constitué des ex-rebelles venus du nord qui ont aidé le président Ouattara à accéder au pouvoir en avril, après quatre mois de crise et deux semaines de guerre contre les forces de l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo, qui refusait de reconnaître sa défaite au scrutin de novembre 2010.
Nord-Sud, quotidien proche de Guillaume Soro, Premier ministre et chef de l’ex-rébellion, mettait mardi le dernier incident sur le compte de « provocations » de pro-Gbagbo qui, par « haine », « refusent de voir » dans les FRCI « le symbole de l’armée nationale ».
Mais le journal reconnaissait qu’on ne peut « absoudre » les FRCI après des semaines d’exactions.
Autochtones pro-Gbagbo face à Malinké pro-Ouattara et FRCI: les violences de Sikensi montrent que « le contentieux ethnique et politique est encore très fort: la réconciliation va mettre du temps », affirme à l’AFP un expert, sous couvert d’anonymat.
« Cancer »
Mais dans l’immédiat le problème tient surtout aux milliers d’ex-rebelles, armés et pour l’heure intégrés de facto à l’armée régulière, auxquels le régime doit offrir un avenir.
« Tous ne resteront pas dans l’armée: quand on les mettra à la porte, certains deviendront coupeurs de route, voleurs ou pourront être recrutés par les uns et les autres en cas de tension politique. C’est un vrai cancer », prédit l’expert.
Après Vavoua, le chef de l’Etat a décrété la « tolérance zéro » face à l' »indiscipline »: il a créé une police militaire pour faire le ménage, confiée à un ancien commandant rebelle charismatique, Zakaria Koné.
Guillaume Soro, également ministre de la Défense, a promis pour janvier une tournée des casernes, et des « assises nationales » sont prévues début 2012 pour élaborer une réforme de l’armée.
Mais huit mois après la crise, ces annonces ne font que souligner que ce chantier reste quasi-vierge et qu’un programme de désarmement-réinsertion se fait toujours attendre.
Le pouvoir « ne sait pas par quel bout prendre le problème », pris entre les contraintes financières et sa difficulté à écarter des hommes qui se voient en « libérateurs », estime une source proche du dossier.
Les incidents sont en tout cas « le meilleur argument pour maintenir Soro comme Premier ministre », juge-t-elle.
Cette hypothèse fait toutefois grincer des dents chez les partisans de l’ex-président Henri Konan Bédié, principal allié de M. Ouattara, à qui le poste doit théoriquement revenir malgré la majorité absolue obtenue par le parti présidentiel aux législatives du 11 décembre.
Pour International Crisis Group (ICG), le président doit de toute façon être en première ligne.
Pointant dans un rapport publié mi-décembre une « criminalisation » des forces de sécurité, le groupe de réflexion appelait M. Ouattara, réputé plus amateur de dossiers économiques, à « ne déléguer à personne » le chantier sécuritaire.

AFP

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