samedi, avril 27, 2024
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NAKOUASSA ZAKO OU LE POINT DE NON RETOUR

NAKOUASSA ZAKO OU LE POINT DE NON RETOUR
J’étais à Florence pour des vacances et il y avait bien longtemps que je n’avais pas savouré un moment pareil. Un moment de bien-être, tout simplement. J’étais vraiment bien et le compagnon à mon bras disposait d’une sérénité qui me faisait sourire le cœur. Nous descendions doucement la pente de la petite colline. De loin, je vis la décapotable garée devant notre villa qui voisinait avec celle de Roberto et d’Eva Cavalli. Mon compagnon et moi n’étions pas amoureux mais il avait besoin de compagnie et moi d’argent. « Ciao Bella », entendis-je de loin et je reconnus tout de suite la voix de Roberto. Je pensais que j’étais arrivée, moi Nakouassa Zako quand la sonnerie du portable sonna fort m’arrachant à mes rêves…
 
Mon mari, c’était mon graal. Dire que la séparation m’avait brisée serait un euphémisme. J’étais littéralement détruite. J’avais si mal que mon cœur, pratiquement, bougeait dans ma poitrine comme pour en sortir en petits dés de sang par ma bouche. J’avais l’impression d’avoir une plaie invisible. Comment était-elle ? Comment dormaient-ils ? Plusieurs fois, j’avais retourné la question de l’amour : ‘‘Je t’ai aimé, je t’aime, je t’aimerai, pour toujours, à jamais, à regrets…’’
 
Mon amie Juliette m’appelait pour me dire que Roméo l’avait quittée. Pour la énième fois et que cette fois il semblait sérieux. Qu’elle avait fait à manger, qu’elle l’avait servi deux fois, qu’à lui tout seul, il avait vidé sa dernière bouteille de bordeaux, qu’ils s’étaient même envoyés au septième ciel et qu’à peine avait-il fini de l’embrasser, qu’il lui avait dit qu’elle ne méritait pas d’être sa femme et qu’elle devrait vivre sa vie libre de faire désormais ce que bon lui semblait. Elle pleurait à grands sanglots et elle me dit dans un souffle qu’elle l’aimait, qu’elle ne survivrait pas à la séparation. Je fus tentée de lui demander ce qu’elle perdait. Voici une femme qui était restée trois ans dans un mariage dont la lune de miel n’avait duré que trois semaines. Roméo fait partie de ce phénomène de vieux garçons qui vivent d’aventures de courte ou longue durée et qui ne se soucient guère du mal qu’ils font à autrui chemin faisant. La femme a beau se briser en pièces pour eux, ils ne sont pas affectés le moins du monde. Ils vivent leur vie, zen et sereine, faisant des projets à courts termes. Nous les femmes, nous sommes attirées par ce genre d’hommes car ayant raté certaines vocations, nous voulons jouer les maternelles de ces vieux garçons pour nous rattraper ou pour au moins panser une vieille plaie restée ouverte il y a des lustres. Pour une raison ou une autre, nous aussi, nous ne voulons pas grandir et eux et nous, nous nous complétons. Ils sont notre punition et nous l’acceptons.
 
Le genre de relations France-Afrique. Nous acceptons d’être bombardés car c’est nous qui avons prêté le flan et aujourd’hui, nous voilà à un point de non retour. Les chefs africains, quand ils n’en veulent plus, deviennent subitement des dictateurs. Un homme est traqué dans son pays, pris, lynché et traîné sur le pavé. Toute cette parade de sang, toutes ces atrocités imposées à la vue de nos enfants, est-ce cela la démocratie dont ils parlent ? Comment leur dire que nous en avons marre ? Que nous connaissons notre valeur ? Que nous ne pouvons pas vivre heureux chez eux mais que maintenant nous ne pouvons plus rentrer en Afrique à cause d’eux ? Des Africains sont armés et tuent sauvagement les leurs. L’Amérique a survécu au 11 septembre 2001 et la Côte d’Ivoire survivra au 11 avril 2011 et même le sort qu’ils nous infligent ne nous anéantira pas. Je me demande comment il est possible que des individus élus dans leur pays puissent se donner à cœur joie le pouvoir de bombarder un autre pays. Trop c’est trop ! Oui, Kadhafi est mort tué comme un animal.
 
Longtemps je me suis laissée souffrir me souciant d’autrui et oubliant de prendre soin de moi. Tout milieu que nous fréquentons, malheureusement, a un impact sur notre psychisme et j’étais dans cette relation très tendue et je fréquentais ce parc où des nanas désespérées pleuraient du manque de bons hommes et conseillaient de se contenter de ce qui pouvait nous tomber sous la main, car disaient-elles, avoir un homme est mieux que d’être seule…
Oui, c’est bien tout cela, mais un jour, après ma consommation hebdomadaire de vin mousseux pour preuve de mon plus grand désarroi, j’ai voulu passer à autre chose, je me suis alors réveillée libérée du poids de mes épaules et de mon ventre et je me suis sentie légère et née de nouveau. Oui, j’ai eu mes erreurs et je les assume. J’ai mes dates, mes joies, mes larmes et en fin de compte, ma survie. Oui, j’ai atteint mon point de non retour. A peine passé le cap 45, je suis une célibataire heureuse qui n’est pas près de se caser.  Lorsque le malheur t’arrive, il te montre qui tu es à l’intérieur de toi. En fait, être persécutée finit par être avantageux. Tu as la perspective de faire un meilleur choix pour l’avenir en plus d’une remise en cause de ta personne sur tous les plans. Ta carrière que tu avais négligée pour autrui , va redémarrer. Tu verras plus souvent tes amis, ta famille et te voilà en train de prendre un pot avec ce beau gosse musclé que tu n’osais pas regarder quand tu étais avec Steve Biko. Et maintenant tu peux faire ce régime car c’est terminé le riz sauce à minuit. Et plus important, tu vas porter tes talons très hauts sans souci de complexer qui que ce soit. Tu as atteint le point N. 
Tu prends sur toi de te lever chaque matin, quand bien même tu ne peux pas, même quand les choses sont au plus dur et tu fais ce pas vers ta propre indépendance. Tu dis :  « Non, c’est fini, trop c’est trop. » et tu grandis car tu sais qui tu es. Oui, je te vois ma sœur. Vis ta vie ! Libère-toi ! Deviens ce dont tu as toujours rêvé. Si tu as mal, lève-toi, prends un bissa et montre-leur que ce n’est pas eux, mais toi, qui avais permis cela. Il est vrai que tous les feux brûlent quand on y met le pied et ma chère Juliette, le plus grave, c’est que tu n’es même pas un cas isolé, mais sache que, c’est mieux d’être quittée quelles qu’en soient les raisons. Où aurais-tu eu la force de partir de ton plein gré ? Des fois, toutes nous restons par peur, la peur de la solitude, du risque dehors et surtout parce que nous ne voulons pas briser ce confort de la co-dépendance amoureuse, l’habitude de l’histoire que nous vivons, celle que nous connaissons. Le vrai bonheur fait peur car nous ne savons pas à quoi il ressemble. Notre histoire. Une histoire amoureuse, bonne ou mauvaise, est une histoire, pourvu qu’elle dure et nous nous en contentons. Nous avons perdu certaines valeurs à force de nous contenter de ce qui nous tombe sous la main et nous ne faisons plus l’effort de savoir qui nous sommes. Te souviens-tu de nos rêves ?
 
Pourquoi t’écrouler maintenant que tu es devenue une vraie femme ? Pourquoi ferais-tu demi-tour au lieu d’avancer ? Tu n’es pas morte et il y a tant de choses à réaliser en tant que femme. Réalise-les et tu vivras ta plus belle histoire. Tu le vaux bien ! Regarde comme tu es belle ! Un seul modèle comme toi ! Une femme forte et vulnérable, une Femme et on n’en trouve pas mieux. Vis ta vie. Eclate-toi !
 
Brigitte Sands ALIAS Diva Mo-Sanby
 
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