
« Les forces kényanes ont pénétré à environ cent kilomètres à l’intérieur des territoires somaliens et, dans certains cas, leurs avions militaires ont bombardé à l’intérieur de la Somalie, » a dénoncé le porte-parole des insurgés Ali Mohamed Rage.
« S’ils continuent comme ça, ils vont le regretter et sentir les conséquences à domicile », a-t-il menacé.

Dans la province somalienne du Bas Juba, des témoins ont repéré lundi des forces kényanes, soutenues par des troupes du gouvernement somalien de transition (TFG) et des milices locales, près de Qoqani. La ville, à quelques dizaines de km de la frontière, était jusqu’à ce week-end un bastion shebab.
Nairobi avait annoncé dimanche l’entrée de militaires kényans en Somalie, pour « poursuivre » les shebab qu’elle accuse d’avoir orchestré les récents enlèvements sur son territoire, même si aucun de ces rapts n’a jusqu’ici été publiquement revendiqué.
« Accusations sans fondement »

Mais les islamistes shebab « démentent catégoriquement toutes les accusations afférentes à l’enlèvement de touristes et travailleurs humanitaires au Kenya », selon un communiqué diffusé lundi.
« Les accusations mises en avant par les autorités kényanes après les récents enlèvements sont, au mieux, sans fondement et … ne sont pas soutenues par des preuves vérifiables. Ils ne sont, en quelque forme que se soit, attribuables à Harakat Al-Shabaab Al Mujahideen », poursuit le communiqué.
Lundi, les insurgés, qui contrôlent largement le sud somalien, ont aussi renforcé leurs positions près de la frontière.
La dernière invasion unilatérale de la Somalie par un Etat voisin remonte à 2006: l’Ethiopie avait envoyé des troupes pour contrer un mouvement islamiste qui avait pris le pouvoir à Mogadiscio, et dont les shebab sont une émanation.
Les rebelles, qui se revendiquent d’Al-Qaïda, ont à plusieurs reprises menacé toute puissance régionale qui aiderait le TFG, soutenu lui par la communauté internationale.
En 2010, les shebab avaient revendiqué un attentat suicide à Kampala qui avaient fait 76 morts. Ils avaient voulu faire payer à l’Ouganda sa participation à la force de l’Union africaine en Somalie, qui appuie le TFG.
Les insurgés, disent les analystes, ont épargné jusqu’ici le Kenya d’une attaque d’envergure car le pays leur a servi de base logistique et financière.
Mais Nairobi garde tout de même aussi en tête le sanglant souvenir d’une attaque revendiquée par Al-Qaïda: celui contre l’ambassade américaine en 1998, qui avait fait 213 morts et environ 5.000 blessés en plein coeur de la capitale.
Diasporas-News — AFP