Les Béninois attendaient lundi les résultats d’une présidentielle que le chef de l’Etat Patrice Talon semble assuré de remporter, soulagés que le vote de la veille se soit déroulé dans le calme, après une campagne marquée par des violences.
La réélection de cet ancien homme d’affaires, arrivé au pouvoir en 2016 et qui a engagé ce pays ouest-africain dans un tournant autoritaire, fait peu de doutes: ses adversaires sont deux candidats quasiment inconnus du public, les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué.
« Le vote a eu lieu malgré tout », « Pas d’incident majeur », « Vote massif pour le duo Talon-Talata: vers un KO incontestable », titrent les principaux journaux béninois en une.
A Cotonou, la capitale économique, les Béninois vaquaient à leur occupation, attendant sans grand entrain l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale (Cena), prévue à partir de mardi soir.
« Nous sommes soulagés car le vote s’est déroulé dans le calme, il n’y a pas eu de violences comme pendant la campagne. Les gens ont eu peur, mais finalement ça s’est bien déroulé », déclare à l’AFP, Guy, un retraité de 64 ans qui ne veut pas donner son identité complète.
« Maintenant on va attendre les résultats, même s’ils ne font aucun doute, le président Talon va être réélu », ajoute-t-il.
« A priori, c’est un KO massif (une victoire dès le premier tour) qui se prépare », renchérissait lundi Marc Adrien Sedjame, ouvrier d’une cinquantaine d’années qui a prévu « de fêter dignement la victoire de son candidat ».
Au contraire, Abdel, informaticien de 40 ans déplore « une élection nulle, déjà gagnée d’avance par un président qui a divisé le pays ».
– « Sans incident majeur » –
Les principales figures de l’opposition avaient appelé à boycotter ce scrutin, confisqué selon eux par le président Talon.
Les principaux opposants sont soit en exil, soit condamnées par la justice et incarcérées. Les autres ont été empêchés de se présenter à ce scrutin par le nouveau Code électoral et des réformes institutionnelles.
Des violences étaient redoutées lors du vote et lors du dépouillement.
« Le vote s’est déroulé dans la plupart des postes de vote, dans le calme et la sérénité », a déclaré dimanche soir le président de la commission électorale, Emmanuel Tiando, « il n’y a pas eu d’incident majeur ».
Toutefois dans 16 arrondissements sur les 546 que compte le Bénin, le vote n’a pas eu lieu, a précisé la Cena, notamment à Tchaourou et dans plusieurs centres de Bantè et de Savè, localités du centre-Nord du Bénin, fiefs de l’opposition, où des violences préélectorales avaient fait au moins deux morts par balles.
Dans la cour de la Commission électorale, des centaines de cantines vert bouteille contenant les résultats physiques étaient réceptionnées par des agents.
Les résultats de plus de 400 arrondissements sur les 546 que compte le Bénin y sont déjà arrivés. « Nous attendons encore ceux du Nord qui arrivent par convoi pour des raisons de sécurité », précise une source à la Cena, qui affirme que le taux de participation sera connu dans la journée.
Dans les bureaux de vote visités par l’AFP à Cotonou après le dépouillement, les taux de participation ne dépassaient pas les 30% et Patrice Talon possédait une très large avance sur ses deux adversaires.
La participation est « faible par rapport au précédent scrutin », a affirmé dimanche soir la plateforme électorale des organisations de la société civile.
En 2016, lorsque Patrice Talon avait remporté la présidentielle face à l’ancien Premier ministre Lionel Zinsou, le taux de participation avait été de 65,57% au second tour.
la mission de la société civile, qui a déployé quelques 1.400 observateurs à travers le pays, a déploré plusieurs incidents dans tous les départements. « Des tentatives de pression, d’intimidation, de menaces, de troubles à l’ordre public, de corruption ou de harcèlement des électeurs ont été observés », selon elle.
Après la fin du vote, le gouvernement s’était dit « satisfait », par la voix de son porte-parole Alain Orunla. « Tout se déroule calmement partout à l’exception d’une ou deux villes. Des informations rassurantes nous parviennent nous laissant penser que le scrutin est déjà un succès ».