samedi, décembre 7, 2024
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Un journaliste français tué à Homs, premier reporter occidental tué en Syrie

Un journaliste français tué à Homs, premier reporter occidental tué en Syrie
Gilles Jacquier, grand reporter de la chaîne de télévision France 2, a été tué mercredi lors d’un reportage à Homs dans le centre de la Syrie, devenant le premier journaliste occidental à trouver la mort dans ce pays depuis le début de la révolte il y a dix mois. Le photographe de l’AFP Joseph Eid qui se trouvait avec lui a indiqué que le journaliste français (43 ans) avait été tué par un obus et que le photographe indépendant néerlandais Steven Wassenaar avait été blessé aux yeux par des éclats d’obus. La compagne de Gilles Jacquier se trouvait aussi sur les lieux.
Le président français Nicolas Sarkozy a dit attendre des autorités à Damas de faire « toute la lumière sur la mort » du journaliste. Son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a condamné un « acte odieux » et demandé au pouvoir syrien « d’assurer la sécurité des journalistes internationaux sur son territoire ».

Un journaliste français tué à Homs, premier reporter occidental tué en Syrie
La télévision officielle syrienne a accusé « un groupe terroriste » d’avoir « tiré des obus sur des journalistes étrangers », alors que des militants pro-démocratie sur place ont accusé le régime de Bachar al-Assad confronté depuis le 15 mars 2010 à une contestation populaire qu’il réprime dans le sang.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a précisé que six Syriens avaient également été tués dans l’explosion des obus. L’organisation basée en Grande-Bretagne a demandé l’ouverture d’une enquête, indiquant ignorer l’origine des tirs.
« Nous sommes arrivés à Homs encadrés par les représentants du gouvernorat. Tous les journalistes ont insisté pour se rendre sur le terrain. Les autorités ont décidé de nous emmener à Hadara, un quartier alaouite », la communauté religieuse du président Bachar al-Assad, a raconté M. Eid.
« Un premier obus est tombé sur un immeuble, alors que nous étions en train d’interviewer des manifestants pro-Assad qui nous ont suivis vers cet immeuble », a-t-il poursuivi.
« Nous sommes montés sur le toit. Entre-temps un second obus est tombé sur l’immeuble et en redescendant, j’ai vu des morts à terre et j’ai commencé à les photographier », a dit M. Eid. « Les autres journalistes sont descendus pour voir ce qui ce passait et ceux qui sortaient de l’immeuble ont reçu de plein fouet le troisième obus ».

Un journaliste français tué à Homs, premier reporter occidental tué en Syrie
« Devant l’immeuble, les militants pro-Assad ont également été touchés. En redescendant, j’ai vu Gilles qui gisait dans une mare de sang. Une ambulance est arrivée, j’ai sauté dedans. A l’hôpital, c’était le chaos et l’hystérie totale, toutes les cinq minutes un nouveau blessé arrivait », a-t-il ajouté.
Le groupe de journalistes se trouvait à Homs, haut lieu de l’insurrection anti-régime, dans le cadre d’un voyage autorisé par Damas qui limite drastiquement les déplacements des médias étrangers.
Selon M. Eid, l’ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier, s’est rendu à l’hôpital où se trouvait le corps de Gilles Jacquier.
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a exigé elle aussi une enquête, de même que l’organisation de défense de la presse, Reporters sans Frontières.
« Gilles Jacquier est le premier journaliste étranger tué en Syrie depuis le 15 mars. Nous demandons aux autorités, avec le concours des observateurs de la Ligue arabe, de faire toute la lumière sur cette tragédie », a déclaré RSF.
Selon elle, « un journaliste syrien et deux journalistes-citoyens syriens » ont été tués depuis la mi-mars.
L’Union européenne de télévision et l’Institut international pour la presse ont appelé les autorités syriennes à « protéger la liberté d’expression et garantir la sécurité des journalistes internationaux ».
Londres a condamné ce décès et Washington l’a « déploré ».
Gilles Jacquier était grand reporter pour France 2 depuis 1999. Il a en particulier couvert l’Irak, l’Afghanistan, le Kosovo et Israël. Il a réalisé de nombreux reportages pour l’émission Envoyé Spécial.
Né en 1968, il a débuté à France 3 Lille en 1991, avant de rejoindre la rédaction nationale de France 3 en 1994.
En 2003, le prix Albert Londres récompensait sa couverture de la deuxième Intifada et de l’opération Rempart menée par l’armée israélienne en avril 2002.

AFP

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