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Tunisie: un ex-Premier ministre tunisien comparaît dans un procès militaire contre Ben Ali

Tunisie: un ex-Premier ministre tunisien comparaît dans un procès militaire contre Ben Ali
L’ex-Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi a témoigné lundi devant la justice militaire lors d’un procès pour homicides volontaires contre l’ancien président Ben Ali et des responsables de son régime, a-t-on constaté. M. Ghannouchi a comparu en tant que témoin devant le tribunal militaire du Kef (170 km nord-ouest de Tunis), territorialement compétent dans l’affaire dite des « martyrs de Thala et Kasserine », villes du centre-ouest où 22 manifestants avaient été tués lors du soulèvement populaire qui provoqua la fuite en Arabie saoudite de Ben Ali le 14 janvier 2011.
M. Ghannouchi, qui a dirigé jusqu’au 27 février le premier gouvernement intérimaire post-Ben Ali, a confirmé que Ben Ali avait envisager de « tuer mille ou plus » parmi les manifestants qui réclamaient son départ le 14 janvier dans le centre de Tunis.
Il a assuré avoir appelé Ben Ali le 9 janvier pour lui demander d’arrêter les tirs à balles réelles contre la population à Kasserine, l’ancien président ayant justifié, selon lui, l’usage des armes comme une « légitime défense » contre les attaques de postes de police.
« C’était la réponse de Ben Ali à ma demande de faire cessez les tirs à belles réelles le 9 janvier », a affirmé l’ancien Premier ministre devant le tribunal.
Dans ce procès, Ben Ali sera jugé par contumace, contrairement à ses 23 co-accusés dont deux anciens ministres de l’Intérieur et hauts cadres de sécurité poursuivis pour meurtres, une accusation passible de la peine de mort, selon des avocats.
Les accusés seront jugés pour « homicides volontaires » et « blessures » dans ce procès intenté par des proches de victimes de Thala et Kasserine –qui ont compté 22 morts et des centaines de blessés–, selon le colonel-major Marouane Bouguerra, procureur général de la justice militaire.
Lors de leurs interrogatoires, les ex-ministres de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem et Ahmed Friaâ, ainsi que l’ancien directeur général de la sûreté Adel Tiouiri et l’ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga, ont nié avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu sur les manifestants.
Ali Seriati, ancien chef de la sécurité présidentielle qui organisa la fuite de Ben Ali, a décliné toute responsabilité dans la répression sanglante des manifestants dans les régions, répétant avoir épargné un bain de sang à la Tunisie.
Aucun des prévenus n’a reconnu avoir donné l’ordre de tirer, chacun renvoyant la responsabilité à une « cellule sécuritaire de suivi » et à « la salle d’opération » du ministère de l’Intérieur, sans mention de noms, même pas celui de Ben Ali.
Des mandats d’amener ont été émis à l’encontre de trois hauts officiers de police, dont Moncef Laajimi, directeur général des forces d’intervention dont la récente mise à l’écart avait provoqué une manifestation à l’appel de l’Union des syndicats de policiers.
Selon un témoin — frère d’une victime de Kasserine– auditionné lundi au tribunal, M. Laajimi a été effectivement impliqué dans la répression sanglante.
Les deux autres mandats d’amener concernent Moncef Krifa, un directeur de la sécurité présidentielle et Khaled Ben Said, directeur au département de la lutte antiterroriste.
En attendant, le tribunal a renvoyé les audiences au 13 février.
La tension était vive lundi au tribunal parmi les proches de victimes.
Objet d’un mandat d’arrêt international, Ben Ali dont l’Arabie saoudite continue de refuser l’extradiction, a été condamné par contumace par la justice civile à 66 ans de prison notamment pour trafic de drogue et abus de biens publics.

AFP

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