
Le ou les auteurs de l’incendie, criminel selon les experts, n’ont jamais été retrouvés et l’Etat, que les familles accusent d’avoir failli à son obligation de les reloger, n’était pas parmi les prévenus.
Seules deux « personnes morales » ont donc été condamnées.

Elles devront aussi payer, via leurs assurances, plus de 700.000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles et rembourser quelque 2 millions d’euros à la Sécurité sociale et au Fonds de garantie (qui indemnise les victimes d’infractions).
Au procès, qui s’était tenu en septembre-octobre, le parquet avait requis 35.000 euros d’amende à l’encontre de Freha, 55.000 euros contre PBC.
Le procureur avait mis en avant des « négligences graves », en reprochant en particulier aux prévenus d’avoir posé sur les murs de la cage d’escalier du contreplaqué, hautement inflammable, qui avait transformé l’immeuble « en cercueil ».
Les panneaux de bois devaient au départ empêcher les enfants de tomber malades, le plomb présent dans les murs du vieil immeuble menaçant ses occupants de saturnisme.
« permis de tuer »
Dans son jugement, le tribunal estime que Freha a « totalement perdu de vue son obligation générale de sécurité », tandis que la société PBC, travaillant plus généralement dans « la maçonnerie, le carrelage et le plâtre », n’avait « aucune compétence particulière » pour poser ce type de matériau.
L’accusation avait aussi mis en avant le non-respect d’autres « normes élémentaires de sécurité », l’absence d’extincteurs ou de consignes incendie.

Il y avait dans le bâtiment environ 130 personnes, originaires de Côte d’Ivoire et du Mali principalement, en attente de relogement et installées « provisoirement » dans cet immeuble depuis une quinzaine d’années.
Cette affaire « n’a intéressé personne », a protesté jeudi Tappa Kanouté, porte-parole des familles, déplorant des amendes trop faibles selon lui et un « jugement de complaisance », dans « la droite ligne d’une enquête bâclée ».
C’est « un permis de tuer » donné aux gestionnaires d’immeubles insalubres, a-t-il lancé, tandis qu’un des avocats des familles, Olivier Tiquant, se félicitait néanmoins de constater que « l’argument humanitaire » avancé par Freha n’avait pas convaincu la justice.
Jacques Oudot, qui représentait Freha au procès, s’est déclaré « meurtri par ce drame », mais aussi « amer ». L’association, a-t-il dit, a fait ce qu’elle a pu « avec les moyens que lui avait donnés l’Etat ». « On nous a laissé tomber », a-t-il estimé.
En 2005, plusieurs incendies avaient fait 52 morts à Paris, pour la plupart des personnes d’origine africaine.
Six ans après, l’insalubrité et le logement indigne ont décru dans la capitale, mais sans disparaître, certaines familles parmi les plus précaires restant à la merci de propriétaires peu scrupuleux.
AFP