« Tout est prêt, on n’attend plus que les électeurs »: à la veille de la présidentielle, les autorités maliennes se montrent confiantes mais sans illusions sur la mobilisation des électeurs à Kidal, bastion des rebelles touareg qui comparent le scrutin à une « césarienne ».
« Ici, il n’y a pas eu de campagne », résume un habitant. Dans les rues, rien ne rappelle le scrutin imminent. Aucune affiche des candidats, pas de slogan, pas même de drapeau tricolore malien.
Le seul emblème omniprésent est le drapeau à quatre couleurs de l’Azawad, le nom que les séparatistes touareg donnent au Nord du Mali. Et les graffitis sur les murs proclament: « Nous ne sommes pas des Maliens ».
« Je suis responsable pour organiser les élections, je ne suis pas responsable de transporter les électeurs », sourit le gouverneur de Kidal, le colonel Adama Kamissoko, qui a temporairement délaissé son uniforme et arbore une casquette « Mali élections 2013 ». « Mais 13.000 cartes ont été retirées en moins de quinze jours dans la région de Kidal, c’est très encourageant ».
La région de Kidal compte 35.000 personnes inscrites sur les listes électorales. Une goutte d’eau au regard des 6,9 millions d’électeurs recensés au Mali.
Mais la tenue du scrutin dans cette ville à 1.500 km au nord-est de Bamako, est essentielle à la crédibilité de l’élection et a donné lieu à de longues négociations entre autorités maliennes et rebelles touareg.
Kidal est le bastion culturel touareg et le berceau historique des clans les plus influents. C’est aussi une région qui a été marginalisée depuis l’indépendance et où sont nées les différentes rebellions touareg.
« Ici, il n’y a pas eu de campagne », résume un habitant. Dans les rues, rien ne rappelle le scrutin imminent. Aucune affiche des candidats, pas de slogan, pas même de drapeau tricolore malien.
Le seul emblème omniprésent est le drapeau à quatre couleurs de l’Azawad, le nom que les séparatistes touareg donnent au Nord du Mali. Et les graffitis sur les murs proclament: « Nous ne sommes pas des Maliens ».
« Je suis responsable pour organiser les élections, je ne suis pas responsable de transporter les électeurs », sourit le gouverneur de Kidal, le colonel Adama Kamissoko, qui a temporairement délaissé son uniforme et arbore une casquette « Mali élections 2013 ». « Mais 13.000 cartes ont été retirées en moins de quinze jours dans la région de Kidal, c’est très encourageant ».
La région de Kidal compte 35.000 personnes inscrites sur les listes électorales. Une goutte d’eau au regard des 6,9 millions d’électeurs recensés au Mali.
Mais la tenue du scrutin dans cette ville à 1.500 km au nord-est de Bamako, est essentielle à la crédibilité de l’élection et a donné lieu à de longues négociations entre autorités maliennes et rebelles touareg.
Kidal est le bastion culturel touareg et le berceau historique des clans les plus influents. C’est aussi une région qui a été marginalisée depuis l’indépendance et où sont nées les différentes rebellions touareg.
« Ces élections, c’est une césarienne politique, une naissance anormale qui fait souffrir la mère. Il ne faudrait pas qu’elle engendre un enfant mort-né », souligne Ambeïry Ag Rhisa, secrétaire général par intérim du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion).
« Mais elles sont nécessaires pour que l’Azawad et le Mali établissent un accord qui reconnaisse l’Azawad avec sa personnalité propre et une gouvernance acceptable, qui nous laisse gérer nos affaires par nous-mêmes », poursuit-il.
Officiellement, le mouvement n’affiche pas de préférence pour un candidat. Mais le nom de l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), un des deux favoris, est cité. « Il peut être l’homme de la situation, compte tenu de son passé, il n’a jamais porté tort à l’Azawad », estime un responsable du MNLA.
IBK est d’ailleurs le premier des trois candidats (sur 27) à s’être rendu à Kidal pour une brève visite mi-juillet, où il a rencontré les autorités locales, les chefs traditionnels et les militaires maliens.
C’est pour un autre candidat, Dramane Dembélé, du parti Adéma (principal parti politique malien), que va voter pour la première fois Aliou Zeimi, 18 ans.
« Ce sont les bandits de l’Azawad qui ont fait cela. C’est important de voter pour notre pays, on veut la paix. On veut prendre notre pays », dit ce jeune membre issu des communautés noires.
« Si le Mali reste ici, je veux mourir »
Mais parmi la population touareg, beaucoup ne se sentent pas concernés par un scrutin « malien », un peu plus d’un an après la brève proclamation de l’indépendance de l’Azawad.
En 2012, rebelles touareg et islamistes avaient mis en déroute l’armée malienne. Peu après, les islamistes, parmi lesquels des groupes proches d’Al-Qaïda, avaient évincé leurs anciens alliés du MNLA. En janvier 2013, ce sont les combattants du MNLA qui à leur tour reprennent le contrôle de Kidal, dans la foulée de l’intervention française contre les jihadistes.
« Mais elles sont nécessaires pour que l’Azawad et le Mali établissent un accord qui reconnaisse l’Azawad avec sa personnalité propre et une gouvernance acceptable, qui nous laisse gérer nos affaires par nous-mêmes », poursuit-il.
Officiellement, le mouvement n’affiche pas de préférence pour un candidat. Mais le nom de l’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), un des deux favoris, est cité. « Il peut être l’homme de la situation, compte tenu de son passé, il n’a jamais porté tort à l’Azawad », estime un responsable du MNLA.
IBK est d’ailleurs le premier des trois candidats (sur 27) à s’être rendu à Kidal pour une brève visite mi-juillet, où il a rencontré les autorités locales, les chefs traditionnels et les militaires maliens.
C’est pour un autre candidat, Dramane Dembélé, du parti Adéma (principal parti politique malien), que va voter pour la première fois Aliou Zeimi, 18 ans.
« Ce sont les bandits de l’Azawad qui ont fait cela. C’est important de voter pour notre pays, on veut la paix. On veut prendre notre pays », dit ce jeune membre issu des communautés noires.
« Si le Mali reste ici, je veux mourir »
Mais parmi la population touareg, beaucoup ne se sentent pas concernés par un scrutin « malien », un peu plus d’un an après la brève proclamation de l’indépendance de l’Azawad.
En 2012, rebelles touareg et islamistes avaient mis en déroute l’armée malienne. Peu après, les islamistes, parmi lesquels des groupes proches d’Al-Qaïda, avaient évincé leurs anciens alliés du MNLA. En janvier 2013, ce sont les combattants du MNLA qui à leur tour reprennent le contrôle de Kidal, dans la foulée de l’intervention française contre les jihadistes.
Aujourd’hui, les casques bleus de la force de l’ONU au Mali (Minusma) sont déployés à Kidal, où les soldats français sont toujours présents.
Mais armée malienne et MNLA s’accusent mutuellement de provocations: un contingent de 150 soldats maliens a fait son entrée début juillet en ville sous les insultes des partisans de l’autonomie.
Et les membres du MNLA accusent les militaires maliens, notamment les hommes du colonel touareg Alaji Ag Gamou, de fouiller abusivement les maisons, de brutaliser et d’arrêter leurs sympathisants.
« C’était jeudi soir, on roulait doucement, nous étions trois dans la voiture, on n’était pas armés. Arrivés au marché, une patrouille des milices maliennes a ouvert le feu sur nous, sans raison, pour nous forcer à fuir », témoigne Ousmane Ag Medmed, 31 ans, du MNLA, en désignant de la main un pick-up surmonté d’un drapeau du MNLA, sur lequel on distingue nettement une demi-douzaine d’impacts de balles.
Et si la ligne officielle du MNLA souligne qu’avec la présidentielle, les rebelles disposeront enfin d’un interlocuteur légitime avec qui négocier, la position est loin de faire l’unanimité dans le mouvement.
« S’il n’y a pas de règlement de la question de l’Azawad après le vote, on va refaire la révolution. Tout le monde veut marier le Mali et l’Azawad, mais nous n’avons pas la même langue, pas la même culture. Nous avons droit à la liberté », affirme Aminatou Walet Bibi qui a organisé plusieurs manifestations de femmes contre le retour de l’administration et des soldats maliens à Kidal.
« Nous n’avons pas d’eau et pas d’électricité, mais nous n’en avons pas besoin si cela vient du Mali. Si le Mali reste ici, moi je veux mourir », assure-t-elle avec conviction.
afp
Mais armée malienne et MNLA s’accusent mutuellement de provocations: un contingent de 150 soldats maliens a fait son entrée début juillet en ville sous les insultes des partisans de l’autonomie.
Et les membres du MNLA accusent les militaires maliens, notamment les hommes du colonel touareg Alaji Ag Gamou, de fouiller abusivement les maisons, de brutaliser et d’arrêter leurs sympathisants.
« C’était jeudi soir, on roulait doucement, nous étions trois dans la voiture, on n’était pas armés. Arrivés au marché, une patrouille des milices maliennes a ouvert le feu sur nous, sans raison, pour nous forcer à fuir », témoigne Ousmane Ag Medmed, 31 ans, du MNLA, en désignant de la main un pick-up surmonté d’un drapeau du MNLA, sur lequel on distingue nettement une demi-douzaine d’impacts de balles.
Et si la ligne officielle du MNLA souligne qu’avec la présidentielle, les rebelles disposeront enfin d’un interlocuteur légitime avec qui négocier, la position est loin de faire l’unanimité dans le mouvement.
« S’il n’y a pas de règlement de la question de l’Azawad après le vote, on va refaire la révolution. Tout le monde veut marier le Mali et l’Azawad, mais nous n’avons pas la même langue, pas la même culture. Nous avons droit à la liberté », affirme Aminatou Walet Bibi qui a organisé plusieurs manifestations de femmes contre le retour de l’administration et des soldats maliens à Kidal.
« Nous n’avons pas d’eau et pas d’électricité, mais nous n’en avons pas besoin si cela vient du Mali. Si le Mali reste ici, moi je veux mourir », assure-t-elle avec conviction.
afp