samedi, avril 20, 2024
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Le dr Schweitzer, "Grand blanc" célébré au Gabon

Le dr Schweitzer,
Un siècle après son arrivée en pirogue au coeur de la forêt équatoriale, le docteur Albert Schweitzer (1875-1965) jouit encore d’un grand prestige au Gabon, où il est célébré en grande pompe ce week-end, pour avoir soigné des milliers de patients dans son hôpital de Lambaréné.
Plusieurs dizaines de personnalités étrangères -dont la ministre française déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, et le biologiste français et Prix Nobel de médecine, Luc Montagnier- participaient samedi à Lambaréné (ouest) aux célébrations du centenaire du débarquement du « Grand blanc ». 
« Tous les Gabonais sans exception connaissent le Dr Schweitzer! », assure le pasteur Victor Bekale Be-Nang, 93 ans, qui fut très ami avec lui. Dans le salon du vieil homme, le portrait du médecin alsacien trône sur un imposant buffet au côté de celui du défunt président Omar Bongo Ondimba.
Schweitzer et son épouse ont débarqué sur les rives du fleuve Ogooué envahies par les moustiques, dans ce qui était alors l’un des territoires les plus sauvages de l’empire colonial français, à 250 km de Libreville.
A son arrivée à Lambaréné, la mission protestante d’Andende met à sa disposition un vieux poulailler que le médecin transforme en salle d’opération.
« Il utilisait de l’éther pour endormir ses patients, s’amuse le chirurgien Alain Deloche, petit neveu de Schweitzer, en visitant l’ancien hôpital. « Il a amené l’anesthésie pour la première fois ici. Les Gabonais étaient très étonnés, ils appelaient ça +la petite mort+ parce qu’ils se réveillaient après! », explique-t-il.
Le modeste dispensaire deviendra au fil des ans un hôpital-village de bois, de tôle et de torchis dans lequel vivent les familles du personnel soignant. Le docteur y recevra des milliers de patients atteints de maladies tropicales -paludisme, tuberculose ou maladie du sommeil- jusqu’à sa mort en 1965.

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« Le docteur acceptait de soigner tout le monde, et les gens ont arrêté de mourir », se souvient Marie Mifoume, qui l’a connu lorsqu’elle était enfant. Elle a passé toute sa vie dans la léproserie créée par le Docteur Schweitzer avec l’argent du prix Nobel de la paix reçu en 1952 -33.000 dollars. « Il y avait beaucoup de lépreux à cette époque, il nous donnait des habits et nous rapportait plein de cadeaux à Noël, des pagnes, des boucles d’oreilles… », raconte-t-elle.
Cependant l’héritage du « Grand blanc de Lambaréné » reste controversé, certains dénonçant son attitude autoritaire et paternaliste envers ceux qu’il appelait les « indigènes ».
 
Conversations avec son pélican
 
« Il était sévère. Quand le travail était mal fait, il pouvait entrer dans de grandes colères », reconnaît le vieux pasteur Bekale Be-Nang, qui fut longtemps aumônier à l’hôpital Schweitzer. « Mais lui même bossait beaucoup, il poussait la brouette avec ses ouvriers s’il le fallait ».
Marie Mifoune, elle, n’a retenu qu’un trait négatif du docteur Schweitzer: « Il était dur pour l’argent ». « Quand il nous soignait, il ne demandait pas d’argent, il nous demandait de l’aider. J’ai travaillé dans sa maison, je repassais, je faisais la vaisselle, mais il ne m’a jamais payée », explique la vieille femme d’un air boudeur, assise sous un arbre.
Pour financer les activités de l’hôpital, Albert Schweitzer retourne fréquemment en Europe -il est né en Alsace alors allemande et n’obtiendra la nationalité française qu’après la défaite de l’Allemagne lors de la première guerre mondiale.

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Il y donne des conférences et des récitals d’orgue. Ses relations mondaines lui seront également d’un grand secours. Cousin du philosophe Jean-Paul Sartre, il est par ailleurs très ami avec Albert Einstein, Prix Nobel de physique de 1921. Les fonds lui permettront d’agrandir l’hôpital, qui pourra accueillir jusqu’à 500 lits.
« S’il faut retenir une seule chose du docteur Schweitzer, c’est le respect de la vie, qu’elle soit humaine ou animale », comme il l’avait théorisé dans son livre phare « La Civilisation et l’Éthique », affirme de son côté le pasteur Bekale Be-Nang.
Schweitzer, devenu complètement végétarien dans les dernières années de sa vie, avait même fondé, à quelques pas de l’hôpital, un refuge pour animaux. 
Il avait pour animal de compagnie un pélican baptisé Parsifal, dont il a fait le narrateur d’un de ses livres. Et d’après le vieux pasteur, « il conversait souvent avec son pélican ».
afp

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