samedi, avril 27, 2024
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Avec Mandela à l'hôpital, Winnie revient sous les feux de la rampe

Avec Mandela à l'hôpital, Winnie revient sous les feux de la rampe
La longue maladie de Nelson Mandela permet à son ex-épouse Winnie, personnage controversé mais égérie de la lutte anti-apartheid, de revenir au premier plan, comme souvent sur le mode du conflit avec le pouvoir.
Depuis l’hospitalisation, le 8 juin, du père de la Nation arc-en-ciel pour une grave infection pulmonaire, Winnie Madikizela-Mandela s’est rendue quasiment chaque jour à la Mediclinic Heart Hospital de Pretoria, où les journalistes du monde entier ont appris à reconnaître sa luxueuse berline aux vitres teintées.
Alors que Graça Machel, l’officielle Mme Mandela depuis 1998, restait discrètement aux côtés de son mari, Winnie, mère de deux de ses filles, a endossé le rôle de matriarche du clan Mandela.
Toujours flamboyante à 76 ans, elle s’est livrée au jeu des interviews, allant jusqu’à faire un saut devant l’ancienne maisonnette du couple dans l’immense township de Soweto pour remercier les reporters de leur intérêt.
« Winnie Mandela essaie de redorer son image aux yeux du public », commentait lundi Daniel Mordechar, 42 ans, venu comme de nombreux Sud-Africains à la clinique de Pretoria apporter son soutien au premier président noir du pays.

Avec Mandela à l'hôpital, Winnie revient sous les feux de la rampe
« On a une loyauté envers elle en raison de son rôle dans la lutte mais elle a perdu une partie de notre estime », ajoutait-il, en référence aux multiples controverses qui entourent la « Mère de la Nation ».
Winnie a épousé Mandela en 1958, six ans avant que le militant ne soit condamné à la prison à vie par le régime de la minorité blanche. Pendant ses 27 ans de détention, elle a maintenu la flamme de la résistance dans le pays. Ce qu’elle a payé cher: emprisonnée, astreinte à domicile, elle fut aussi bannie dans un bourg à l’écart du monde.
Mais dans les années 1980, la « Passionara des townships » verse dans la violence. Alors que les quartiers noirs s’enflamment, elle s’entoure d’une bande de gardes du corps aux méthodes brutales, surnommés « Mandela United Football Club ».
Condamnée pour complicité de meurtre
Leurs exactions lui valent une condamnation en 1991, pour complicité dans l’enlèvement et le meurtre d’un jeune militant, à une peine de prison commuée en amende. Depuis quelques mois, la justice s’intéresse à son rôle dans la disparition de deux autres militants, vus pour la dernière fois à son domicile en 1988.

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Sa radicalisation, alors que Nelson Mandela opte pour la négociation avec ses oppresseurs, l’éloigne de Mandela. Elle a aussi refait sa vie sans lui pendant son absence. Si Winnie se tient à ses côtés, le poing levé, lors de sa libération en 1990, ils se séparent dès 1992 avant de divorcer officiellement en 1996.
Renvoyée du gouvernement de son ancien époux pour insubordination, mise au ban de la direction du Congrès national africain (ANC), condamnée une nouvelle fois en 2003, cette fois pour fraude, Winnie connaît un petit retour en grâce lors des dernières élections.
Son soutien à Jacob Zuma dans son accession à la présidence lui a valu d’être réélue députée en 2009 et de participer aux instances dirigeantes de l’ANC. Mais elle s’est très vite marginalisée en apportant son soutien au populiste Julius Malema, exclu du parti pour indiscipline.
Fidèle à sa réputation de trouble-fête, elle a de nouveau volé dans les plumes dimanche des dirigeants de l’ANC et du président Zuma. Pour elle, la visite très médiatisée qu’ils ont rendue en avril à un Nelson Mandela déjà très affaibli, a été « une blessure » pour la famille.

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« C’était grossier (…) ça n’aurait jamais dû être fait », a-t-elle lancé dans une interview, s’attirant les foudres immédiates du parti. Déjà en juillet 2012, elle avait reproché à l’ANC de ne s’intéresser à la famille qu’en cas de « besoin ». 
Si sa verve irrite au sommet, elle plaît encore dans les townships où les plus pauvres apprécient qu’elle plaide pour une meilleure redistribution des richesses -même si elle a un goût prononcé pour le luxe.
« Tout le monde fait des erreurs », l’excuse ainsi Mabel Tshoke, une ancienne militante anti-apartheid de 59 ans qui vit dans le bastion de la lutte, Soweto. Et de lui reconnaître une qualité: « Elle s’est toujours tenue aux côtés de son homme.
afp

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