vendredi, avril 26, 2024
AccueilNon classéColombie: premier accord historique entre Bogota et la guérilla des Farc

Colombie: premier accord historique entre Bogota et la guérilla des Farc

Colombie: premier accord historique entre Bogota et la guérilla des Farc
Le premier accord scellé entre le gouvernement colombien de Juan Manuel Santos et la guérilla des Farc constitue une avancée historique en vue de résoudre le plus vieux conflit d’Amérique latine, même si le chemin de la paix reste encore long.
Après six mois de négociations délocalisées à Cuba, pays garant avec la Norvège des pourparlers, les deux camps ont annoncé dimanche avoir réglé la question du développement rural, à l’origine même de la création de la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), issue d’une insurrection paysanne en 1964.
Cet accord, dont les dispositions n’ont pas été détaillées, porte notamment selon un communiqué commun sur « l’accès et l’usage de la terre » et la « régularisation de la propriété », deux points fondamentaux en Colombie où à peine 1% de la population possède la moitié des territoires agricoles.
« C’est un message très important pour les Colombiens. Les précédentes discussions avec les Farc n’avaient jamais permis d’aller aussi loin », affirme à l’AFP le politologue Alejo Vargas, professeur à l’Université Nationale de Bogota, en soulignant que le thème agraire est « le plus compliqué du conflit ».
En trente ans, les autorités ont mené sans succès trois tentatives de négociations sans jamais parvenir à un accord aussi tangible. En 1984, un pacte de cessez-le-feu avait bien été conclu, avant d’être rompu à la suite d’une vague d’assassinats contre des élus proches des Farc.
 « Cela va apporter une certaine confiance entre les délégations. Au-delà d’un premier accord, elles ont désormais une méthode de travail qui fonctionne », poursuit M. Vargas, qui estime que ce résultat valide le choix de Cuba comme hôte des pourparlers, tenus à huis-clos à La Havane.

Colombie: premier accord historique entre Bogota et la guérilla des Farc
« Cela a été très utile. Cuba offre une garantie de sécurité et permet aux délégations de travailler tranquillement. Cela n’aurait pas été possible si les journalistes et les caméras avaient été présents tous les jours pour demander quelles étaient les avancées », assure-t-il.
Ce premier accord, salué par la communauté internationale et les Nations unies, a suscité un grand espoir, le président Santos ayant évoqué un « pas fondamental vers un accord final » pour mettre fin à un conflit qui a fait officiellement 600.000 morts et 15.000 disparus.
Un espoir symbolisé par l’image de la poignée de main à La Havane entre Franck Pearl, l’un des négociateurs du gouvernement, et Pablo Catatumbo, un dirigeant du premier cercle des Farc. Ce dernier a même, chose impensable auparavant, semblé favorable à une réélection en 2014 de l’actuel chef d’Etat conservateur, afin de donner « une continuité au processus de paix ».
Toutefois, ces négociations qui se déroulent sans cessez-le feu sont encore loin d’être achevées avec d’autres points épineux à venir, à commencer par la réinsertion politique des guérilleros sans passer par la prison, mais aussi le trafic de drogue, l’abandon des armes et le dédommagement des victimes.
 Un « chemin toujours plein d’épines et de pierres »
« Il faut être prudent et réaliste car des questions des plus dures, et qui divisent encore plus, sont encore à venir. Le chemin est toujours plein d’épines et de pierres », a confié à l’AFP Javier Ciurlizza, directeur régional d’International Crisis Group (ICG), une ONG spécialisée dans la résolution des conflits.
En outre, l’application même du premier accord sur la question rurale s’annonce compliquée.
« Il va falloir maintenant une législation pour modifier la propriété des terres. C’est un défi gigantesque car la Colombie présente historiquement un déficit en matière de registre agricole », explique M. Ciurlizza.
Le conflit, qui a aussi mis en scène des milices paramilitaires d’extrême droite créées par les grands propriétaires dans les années 1980 pour combattre les guérillas et officiellement démobilisées depuis 2006, a chassé de leurs terres près de 4 millions de Colombiens. Depuis deux ans, le gouvernement a lancé un plan de restitution de deux millions d’hectares saisis et de quatre millions laissés à l’abandon.
La redistribution des terres va se heurter à des « intérêts très importants », rappelle M. Ciurlizza, tout en insistant sur l’investissement indispensable qu’elle nécessite.
« Il faut un accès universel au crédit agricole et aux techniques agricoles pour que ces terres soient productives. Cela va demander beaucoup de temps et d’argent », souligne-t-il. 

afp 

RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments