Le président soudanais Omar el-Béchir a accepté l’invitation à se rendre au Soudan du Sud, faite par son homologue Salva Kiir, a indiqué mardi son bureau, témoignant d’une volonté d’apaiser les tensions après des heurts à la frontière entre les deux pays.
C’est dans ce contexte que Khartoum et Juba ont signé mardi à Addis Abeba un énième accord, qui prévoit cette fois la reprise d’ici 14 jours de la production pétrolière du Soudan du Sud, à l’arrêt depuis janvier 2012 en raison d’un différend avec le Soudan par où transit le brut.
A Khartoum, le secrétaire de la présidence chargé de la presse, Emad Sayed Ahmed, a déclaré que le président du Soudan du Sud « Salva Kiir a demandé au président Béchir de venir à Juba et il a accepté cette demande ».
Le président sud-soudanais a téléphoné à M. Béchir pour lui faire cette invitation, mais aucune date pour cette rencontre n’a été fixée, a-t-il précisé.
Cette rencontre serait « la prochaine étape pour cimenter des relations de coopération mutuelles » entre les deux pays, a déclaré le chef de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma.
Il s’agirait de la première visite à Juba de M. Béchir depuis la déclaration d’indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, après des accords de paix conclus en 2005 ayant mis fin à des décennies de guerre civile.
Le chef-adjoint de la mission du Soudan du sud à Khartoum, Kau Nak, a déclaré à l’AFP qu’il était « optimiste » quant à l’établissement de bonnes relations entre les deux pays, en raison des « perspectives d’amélioration du développement économique » pour ces pays « frappés par la pauvreté ». Il a également mentionné les pressions internationales et les effets « destructeurs » du conflit entre les deux pays sans donner davantage de précisions.
Une série de différends — portant notamment sur le partage de la manne pétrolière et la démarcation de la frontière commune — continuent d’opposer Juba et Khartoum.
Juba a hérité de 75% des réserves de brut du Soudan pré-sécession mais, enclavé, dépend pour l’exporter des oléoducs du Nord.
Les armées du Soudan et du Soudan du Sud ont par ailleurs annoncé lundi le retrait de leurs troupes de plusieurs zones contestées à la frontière entre les deux pays, dans une nouvelle tentative pour mettre en place une zone tampon après une année d’affrontements meurtriers.
A New York, les Nations Unies qui redoutent une offensive gouvernementale contre un groupe rebelle dans l’Etat du Jonglei, y ont envoyé des centaines de Casques bleus pour protéger les civils, a indiqué une responsable de l’ONU.
Jonglei, théâtre de massacres récurrents
« Nous nous attendons à une opération militaire très prochainement contre David Yau Yau », a déclaré la chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), Hilde Johnson, devant l’International Peace Institute à New York.
Yau Yau dirige un groupe rebelle rassemblant quelques milliers de membres et qui a lancé une insurrection l’an dernier après avoir perdu une élection.
Jonglei a été le théâtre de massacres récurrents entre les ethnies Murle et Lou Nuer. En décembre 2011, un groupe de 8.000 éléments de l’ethnie Lou Nuer a tué plus de 600 membres de l’ethnie rivale Murle. Selon Mme Johnson, l’ONU et des responsables locaux ont évité un nouveau massacre le 28 janvier.
Des associations de défense des droits de l’homme ont aussi accusé l’armée gouvernementale d’y commettre des meurtres et exactions contre les civils.
Le Soudan du Sud accuse son voisin du Nord de fournir des armes à Yau Yau, ce que Khartoum dément.
Cette région est régulièrement le théâtre d’affrontements ethniques et de combats entre rebelles et armée depuis l’indépendance du pays à l’été 2011.
L’ONU poursuit par ailleurs son enquête sur la perte de l’un de ses hélicoptères abattus par l’armée sud-soudanaise le 21 décembre. Le gouvernement avait expliqué que l’hélicoptère avait été pris pour un appareil soudanais livrant des armes à Yau Yau.
Dans un rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a jugé cette attaque « déplorable » et regretté que certains vols de reconnaissance de l’ONU soient désormais « impossibles » pour des raisons de sécurité.
AFP