Brésiliens, Américains, Congolais, Philippins… Des milliers de fidèles de tous les continents ont joué dimanche les « tifosi » à Rome en participant aux messes de « leurs » cardinaux, à deux jours du conclave qui doit élire le 266e pape de l’Eglise catholique.
Plusieurs cardinaux, dont les « papabili » les plus souvent cités, tels le Brésilien Odilo Scherer et l’Italien Angelo Scola, ont célébré la messe dans différentes églises romaines devant des assemblées où les fidèles côtoyaient les journalistes.
« J’espère que c’est la dernière fois que vous entrez ici en tant que cardinal et j’espère aussi que si vous êtes élu pape, ce sera la première église que vous visiterez », a lancé le père Stefano Guernelli, recteur de l’Eglise Santa Maria della Vittoria, au cardinal américain Sean O’Malley.
Cité parmi les favoris pour être le prochain souverain pontife, ce dernier s’est appuyé sur la parabole de l’Enfant prodigue pour évoquer le sécularisme qui se développe dans les pays occidentaux.
« Les gens quittent le Père, l’Eglise, pour de nombreuses raisons, ignorance, expériences négatives, scandales, médiocrité spirituelle », a-t-il lancé au cours de son homélie.
« Prions pour que le Saint-Esprit permette à l’Eglise de choisir un nouveau pape qui nous confortera dans notre foi et rendra plus visible l’amour du Seigneur », a dit le cardinal.
Son homologue italien Angelo Scola, lui aussi cité parmi les « papabili », a célébré une messe dans l’Eglise des Saints Apôtres, au coeur de Rome.
« Donne nous un pasteur saint qui bâtisse l’Eglise avec le témoignage de sa vie », a-t-il dit dans son homélie.
Parmi les fidèles présents, les avis divergent toutefois sur le cardinal archevêque de Milan.
« Je pense que Mgr Scola est un homme bon, il serait un bon chef pour aider l’Eglise à se renforcer et je prie pour lui », a déclaré Maria Bettini, 69 ans.
Giuseppina Fazzo, employée dans un salon de coiffure, âgée de 47 ans, est plus dubitative : « Nous avons besoin d’un changement radical dans l’Eglise et je ne sais pas si c’est l’homme de la situation ».
Favori parmi les papabili, le cardinal archevêque de Sao Paolo Odilo Scherer, a lui présidé une messe multiethnique en l’église Sant’Andrea, sur la colline du Quirinal.
Accompagné d’une vingtaine de religieux parmi lesquels un Africain, des Brésiliens et des Italiens, il a fait allusion aux « temps difficiles » que traverse l’Eglise, mais aussi à ceux plus « joyeux et remplis d’espoirs ».
Dans un italien parfait, il a invité les fidèles à « prier pour le conclave ». « J’ai eu l’impression de revoir le pape Wojtyla, une ressemblance, son air, et la même force », s’enflammait une Italienne.
A une journaliste colombienne qui lui demandait devant une cinquantaine de micros et de caméras s’il savait qui avait le plus de chance d’être élu, il a sobrement répondu : « La messe a été belle, n’est pas ? »
Le cardinal canadien Marc Ouellet, qui a lui aussi les faveurs des pronostics, a célébré une messe en l’église Santa Maria in Transpontina au cours de laquelle il est revenu sur la renonciation de Benoît XVI.
« Je ne doute pas qu’il ait pris sa décision selon la volonté de Dieu et pour le bien de l’Eglise » , a-t-il dit dans son homélie.
Evoquant le conclave, il a invité à prier « pour que l’Esprit Saint indique aux cardinaux celui que Dieu a déjà choisi ».
Dans la basilique de Santa Pudenziana, des centaines de Philippins ont eux prié pour leur poulain, le cardinal Luis Antonio Tagle, lui aussi cité parmi les papes potentiels.
« Nous sommes toutes des femmes de ménage ici », explique Meliros Gangani, 53 ans. « On espère vraiment qu’il va gagner…. on se sentirait beaucoup mieux avec nos patrons », espère-t-elle. Evelyne renchérit : « ça me rendrait fière d’être philippine ».
Mais le continent africain ne s’avouait pas vaincu dimanche.
L’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, pourrait être le premier pape africain, selon le père Justin Golo qui participait à une messe de rite congolais dans la petite église de la Nativité, près de la place Navone.
« Il a tous les atouts, il travaille au Vatican depuis 40 ans, parle 14 langues, maîtrise parfaitement le latin et a été président du synode pour l’Afrique », explique-t-il.
« S’il est élu pape, pour les Congolais, ce serait une libération comme se fut le cas avec Wojtyla pour la Pologne ».
afp