vendredi, décembre 6, 2024
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Kenya: calme et appels à la réconciliation après la victoire de Kenyatta

Kenya: calme et appels à la réconciliation après la victoire de Kenyatta
Le calme prévalait dimanche au Kenya, au lendemain de l’élection de Uhuru Kenyatta à la présidence, dans un contraste frappant avec les émeutes qui avaient marqué le précédent scrutin de 2007.
L’appel à maintenir la paix lancé par le principal opposant de M. Kenyatta, le Premier ministre sortant Raila Odinga, semblait avoir été suivi.
 M. Odinga, qui se présentait pour la troisième et sans doute ultime fois à la présidentielle, a contesté le verdict de la Commission électorale, mais a choisi de le faire exclusivement devant la Cour suprême.
Les médias kényans ont salué dimanche sa décision. A l’instar du Standard on Sunday, ils appelaient aussi le nouveau président, 51 ans, à panser les plaies d' »un pays coupé en deux par des fractures tribales et économiques ».

Kenya: calme et appels à la réconciliation après la victoire de Kenyatta
La tonalité conciliante du président élu, dans son premier discours samedi après l’annonce de sa  victoire , « constitue de toute évidence un bon départ pour faire face aux divisions ethniques profondes suscitées par la bataille électorale dans le pays », renchérissait le Sunday Nation.
 « Nous avons montré que nous avons appris quelque chose des violences ayant suivi l’élection de 2007 et fait 1.300 morts, et que nous avons dit +plus jamais+ », écrit le journal.
Il y a cinq ans, des émeutes secouaient déjà le pays deux jours après le scrutin du 27 décembre 2007. Le Kenya s’était ensuite embrasé dès l’annonce le 30 décembre de la réélection contestée du président Mwai Kibaki — qui ne se représentait pas cette année — face à Raila Odinga. Les violences avaient duré plusieurs semaines, jusqu’à la constitution d’un gouvernement de coalition dirigé par M. Odinga, sous l’autorité présidentielle de M. Kibaki.
M. Kenyatta a été inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale pour son role dans ces violences
Samedi, le dauphin de fait de M. Kibaki, issu de la même communauté kikuyu, la plus importante du pays (17%) — a été élu dès le premier tour du scrutin de lundi avec 50,07% des voix. M. Odinga, issu d’une communauté systématiquement exclue du pouvoir depuis l’indépendance, les Luo, a été crédité de 43,31% des voix, mais a dénoncé « des irrégularités massives ».

Kenya: calme et appels à la réconciliation après la victoire de Kenyatta
Patrouilles
Dimanche à Nairobi, les Kényans, à grande majorité chrétiens, ont pris comme toutes les semaines le chemin des églises.
A Eastleigh, par ailleurs peuplé d’une importante communauté musulmane somali, la paroisse St Teresa était bondée. Des gardes opéraient une légère fouille à l’entrée, mais comme ailleurs dans les rues de ce quartier frappé ces derniers mois par une série d’attaques à la grenade, le calme prévalait.
« Les gens sont heureux parce que nous avons la paix, » glisse soeur Stella, avant d’expliquer que la messe s’est ouverte par « une saynète dont le message était +ne laissons pas ce genre d’élections nous diviser+ ».
Anastasia Ngina, une paroissienne, a voté pour M. Odinga et attend encore « le verdict de la Cour suprême », mais prêche aussi la réconciliation. M. Kenyatta est « le président élu et nous devons le soutenir ».
Dans cet esprit, le Sunday Nation appelait les partisans du nouveau président à fêter la victoire « avec modération » pour ne pas susciter « d’animosité ».

Kenya: calme et appels à la réconciliation après la victoire de Kenyatta
Une retenue pas toujours suivie dans la capitale, où des gens au bord de la route ou dans des matatus (mini-bus) paradaient, certains lançant : « plus aucune autre tribu que les Kikuyu et les Kalenjin ne dirigeront le Kenya ».
Depuis l’indépendance en 1963, le Kenya n’a connu que des présidents issus de ces deux communautés : trois Kikuyu — Mwai Kibaki, Uhuru Kenyatta et, 50 ans avant, son père Jomo Kenyatta ; et un Kalenjin — Daniel arap Moi.
Si dans l’ouest, et en particulier à Kisumu, troisième ville du pays et fief de M. Odinga, inquiétude et colère restaient palpables dimanche, la violence n’a là non plus pas pris.
« La situation était vraiment calme la nuit dernière, et encore aujourd’hui (dimanche), » commente Jurus Mutoko, vendeur de journaux. « Raila pensait que ses supporters pourraient faire des problèmes alors il les a calmés et ils l’ont écouté, » dit-il, ajoutant que policiers et paramilitaires ont aussi patrouillé.
Le chef de la police kényane, David Kimaiyo, a confirmé qu' »aucun incident majeur n’avait été enregistré » sur l’ensemble du territoire. « Même là où quelques éléments ont voulu susciter des troubles, la réponse a été rapide et nous avons réussi à rétablir l’ordre. » 

afp 

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