La Tunisie marquait lundi modestement les deux ans de la chute du président Zine El Abidine , première révolution du Printemps arabe, alors que le pays est déstabilisé par les violences sociales, une menace jihadiste et une impasse politique.
Le coup d’envoi des cérémonies a été donné vers 08H00 (07H00 GMT) par le chef de l’Etat Moncef Marzouki, le Premier ministre, l’islamiste Hamadi Jebali et le président de la Constituante Mustapha Ben Jaafar qui ont salué le drapeau, place de la Kasbah, non loin du siège du gouvernement.
Peu après, M. Jebali, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail, Houcine Abassi, et la chef du patronat tunisien, Wided Bouchamaoui, ont signé un « pacte social » à l’Assemblée nationale constituante (ANC).
La signature de ce texte a une portée symbolique importante, misère et chômage ayant été les causes majeures de la révolution de l’hiver 2010-2011. Or depuis l’été les grèves, les manifestations et les heurts entre manifestants excédés par la pauvreté et policiers se sont multipliés.
Dimanche encore, l’armée a dû être déployée à Ben Guerdane (sud) après une semaine de violences.
Le Premier ministre, issu du parti islamiste Ennahda, a promis lundi de « redoubler d’efforts » pour construire le consensus dans le pays et générer la croissance et a assuré vouloir élargir la coalition au pouvoir pour surpasser les profondes divisions de la classe politique.
« Il faut rompre avec toute tentative de retour au passé », a-t-il dit, « il faut redoubler d’efforts pour rapprocher les points de vue et garantir le consensus », a-t-il déclaré.
Le président de l’Assemblée, très critiqué en raison de l’impasse de la rédaction de la Constitution, a promis que le futur texte garantira les « objectifs de la révolution, instaurera un Etat démocratique et l’alternance au pouvoir ».
Aucun calendrier n’a été évoqué, alors que le pouvoir espère organiser les prochaines élections à l’été ou l’automne 2013.
Le chef du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, a lui aussi promis un dialogue constructif pour sortir de l’impasse politique.
« Nous voulons rassembler tout le peuple tunisien à travers des forces politiques unies, capables de dialoguer entre elles et convenir d’un calendrier pour les grands rendez-vous politiques, notamment la date des élections », a-t-il dit à l’AFP.
Dans le centre de Tunis, les militants de différents partis d’opposition et pro-pouvoir ont défilé séparément sur l’avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la révolution du 14 janvier 2011, qui a marqué le début du Printemps arabe.
Plus d’un millier de militants de partis d’opposition laïques et des islamistes pro-gouvernementaux y étaient notamment réunis. Aucun incident n’avait été signalé en milieu de matinée.
La police était présente en nombre, les militants des deux camps s’affrontant régulièrement et des sources sécuritaires ayant indiqué craindre des attaques de la mouvance jihadiste responsable de plusieurs coups d’éclats, certains sanglants, depuis deux ans.
Le chef de Nidaa Tounes et ex-Premier ministre post-révolutionnaire, Béji Caïd Essebsi, a d’ailleurs exprimé, lors de la cérémonie de salut au drapeau, ces craintes face à la montée d’un islamisme radical.
« C’est ce drapeau (tunisien) qui rassemble tout le monde, mais certains veulent le remplacer par un autre, la bannière noire (des salafistes). Il faut que le peuple reste vigilant car il y a menace comme on l’a vu à Sidi Bou Saïd », a-t-il déclaré à l’AFP.
L’opposant faisait référence à l’incendie criminel samedi d’un célèbre mausolée dans la banlieue de Tunis. La mouvance salafiste fait figure de principal suspect, ses partisans ayant attaqué plusieurs sanctuaires de ce type ces derniers mois.
AFP