Des manifestants ont fait intrusion mardi soir dans la salle de l’Assemblée nationale libyenne au moment où les députés devaient se prononcer sur le gouvernement proposé par le Premier ministre Ali Zeidan, provoquant le report du vote.
« Je souhaitais qu’on continue cette séance (…) mais, moralement, je ne peux pas prendre cette responsabilité », a déclaré le président de l’Assemblée Mohamed Megaryef, avant de lever la séance suggérant de reporter le vote à mercredi, selon des images diffusées en direct par la télévision libyenne.
Dans la matinée, le Premier ministre libyen Ali Zeidan a proposé à l’Assemblée nationale un gouvernement élargi d’une trentaine de ministres, bénéficiant de l’appui des partis libéraux et des islamistes qui y sont représentés.
Les ministères régaliens ont été confiés à des indépendants, a indiqué M. Zeidan devant les 200 membres du Congrès général national (CGN), qui devaient ensuite voter pour ou contre ce cabinet.
« J’ai décidé de nommer des indépendants à la tête des ministères de souveraineté: les Affaires étrangères, la Coopération internationale, les Finances, la Justice, l’Intérieur et la Défense », a-t-il déclaré.
Ainsi, deux officiers expérimentés de la ville de Benghazi (est) ont été proposés respectivement pour l’Intérieur et la Défense.
Au ministère de l’Intérieur, M. Zeidan a nommé Achour Chwayel, 58 ans, un docteur en droit qui a travaillé dans la police durant 35 ans.
Le portefeuille de la Défense a été attribué à Mohamed al-Barghathi, 71 ans, un pilote de guerre à la retraite qui fut l’un des premiers officiers à rejoindre la rébellion dès le déclenchement de l’insurrection en février 2011 à Benghazi.
Le ministère des Affaires étrangères a été confié à l’ambassadeur de Libye aux Etats-Unis, Ali al-Oujli, 65 ans, un diplomate qui a 45 ans de carrière.
Abdelbari Al-Aroussi, un docteur en environnement de la ville de Zawiyah, a été proposé au ministère stratégique du Pétrole.
M. Zeidan a proposé par ailleurs de créer un nouveau ministère du Tourisme, une première dans ce pays ultra-conservateur, avec à sa tête une femme, Ikram Bach Imam.
Situation « hors contrôle »
S’il est accepté, le futur gouvernement doit remplacer celui du Premier ministre sortant Abdelrahim al-Kib, en poste depuis novembre 2011.
Selon des sources à l’Assemblée, quelques ministres, notamment ceux des Affaires étrangères, des Affaires religieuses et du Pétrole, ont été contestés par plusieurs membres du CGN.
Selon son règlement interne, le Congrès pourrait rejeter le gouvernement en bloc ou pousser le chef à le remanier si la majorité émet des réserves sur un ou plusieurs ministres.
En début de soirée, au moment où les députés étaient appeler à voter sur la composition du gouvernement, des cris ont été entendus et quelques manifestants sont entrés de force dans l’Assemblée.
Empêchés par des membres des services de sécurité d’avancer vers le centre de la salle, ils se sont attroupés à l’entrée, perturbant les travaux.
Selon un des membres du Congrès, ils entendaient protester contre certains ministres proposés par M. Zeidan, notamment ceux ayant travaillé pour le régime déchu de Mouammar Kadhafi.
« Ce qui s’est passé constitue une pression psychologique sur les membres du Congrès », a déploré M. Megaryef, qui a mis en garde contre le « chaos », avant de négocier avec les manifestants, en vain.
Estimant la situation « hors contrôle », il a décidé de lever la séance.
Les locaux du CGN ont été investis à plusieurs reprises par des manifestants, parfois armés, protestant contre une décision du CGN ou contre le gouvernement.
La sécurité des lieux et des députés a été maintes fois discutée à l’Assemblée sans toutefois qu’une solution radicale ne soit trouvée.
En présentant son programme devant le CGN le 14 octobre, M. Zeidan, avait d’ailleurs précisé que la construction d’une armée et d’une police serait « la priorité de ses priorités ».
Une fois validé, le nouveau gouvernement aura un mandat d’un an jusqu’à la tenue de nouvelles élections sur la base d’une Constitution dont la rédaction se fait attendre.
Ali Zeidan, un ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi, a été élu le 14 octobre Premier ministre par le CGN.
AFP