vendredi, avril 26, 2024
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Libye: les rebelles, hier des héros, aujourd'hui accusés de tous les maux

Libye: les rebelles, hier des héros, aujourd'hui accusés de tous les maux

Ils étaient les héros de la révolution, aujourd’hui ils sont accusés d’être responsables de tous les maux. Un an après la chute du régime, les rebelles libyens refusent de déposer les armes et s’organisent en milices opérant hors de tout contrôle.

« Un des plus grands défis de la Libye est de contrôler ces milices bien armées et mettre fin à leurs exactions », a estimé Peter Bouckaert, directeur de la division Urgences à Human Rights Watch, dans un rapport de cette ONG de défense des droits de l’Homme publié mercredi.

Dans ce rapport, les autorités sont épinglées pour leur impuissance à juger des milices accusées d’exécutions extrajudiciaires.

Les nouveaux dirigeants du pays ont eu du mal à imposer leur autorité sur les brigades de rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, dont certaines estiment leur légitimité, forgée sur la ligne de front, plus forte que celle des autorités élues.

Les anciens rebelles sont accusés par la population d’empêcher la formation d’une armée et d’une police régulières et critiqués par les ONG pour des graves violations de droits de l’Homme, notamment contre les partisans de l’ancien régime.

Ces hommes, des jeunes pour la plupart, se plaignent de leur côté d’avoir été marginalisés par les autorités de transition et mettent en garde contre un « vide sécuritaire » s’ils abandonnent leurs armes.

Libye: les rebelles, hier des héros, aujourd'hui accusés de tous les maux

Le gouvernement libyen a jusqu’à présent compté sur ces milices, dont de nombreux groupes islamistes, pour assurer la sécurité du pays depuis que les rebelles ont renversé le régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011.

Plusieurs d’entre elles ont été chargées de surveiller les frontières d’où elles contrôlent la contrebande et n’hésitent pas à recourir aux armes au moindre conflit d’intérêts.

Un plan d’intégration de ces jeunes dans les forces régulières a échoué après le refus de la plupart d’entre eux d’être recrutés individuellement.

Les nouvelles autorités ont dû alors intégrer des milices entières, avec leurs armes et leurs chefs. Mais du coup, elles perdent ainsi tout contrôle sur ces groupes dès que les intérêts de ces derniers sont en jeu. « C’était une erreur fatale du ministère de l’Intérieur », reconnaît aujourd’hui le gouvernement.

  « Deuxième révolution »

Un des chefs de sécurité de Benghazi (est), Ibrahim al-Barghathi, reconnaît que les ex-rebelles, qui ont rempli le vide après l’effondrement de l’appareil de sécurité de l’Etat dans la foulée du chute de l’ancien régime, sont les véritables maîtres du pays.

« Les institutions officielles de l’Etat sont inexistantes et les révolutionnaires dirigent toujours le pays », a estimé M. Barghathi à l’AFP.

« Il appartient aux nouvelles autorités de se montrer dignes du sang de nos martyrs de la révolution et des blessés, sinon il y aura une deuxième révolution pour renverser le cours des choses », a averti un ex-rebelle de Benghazi (est), Oussama al-Dali.

L’armée et la police, en cours de formation, se trouvent de leur côté impuissantes face à des milices lourdement armées, tandis que des officiers sont la cible d’une vague d’assassinats à Benghazi.

Ces attaques ont été imputées à des extrémistes islamistes qui ont été libérés des prisons de Kadhafi et des jihadistes libyens qui étaient en exil ou qui sont revenus d’Afghanistan et d’Irak dans la foulée de la révolution.

Des observateurs ont mis en garde contre la montée de l’influence de groupes extrémistes liés à Al-Qaïda, notamment après l’attaque contre le consulat américain à Benghazi le 11 septembre qui a coûté la vie à l’ambassadeur des Etats-Unis et à trois autres agents américains.

Exaspérés, les habitants de la ville ont réagi en organisant des manifestations massives et ont réussi à déloger des groupes islamistes de leurs bases. 

AFP 

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