mardi, octobre 15, 2024
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Première "Black Fashion Week Paris": pour une mode noire multiculturelle?

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Inspirée de toutes les modes et mâtinée d’Afrique, la première « Black Fashion Week » parisienne, qui a débuté vendredi soir et s’achèvera samedi, veut « faire connaître la création noire contemporaine au-delà des frontières africaines », mais elle est aussi perçue comme « sectaire ».

« Pourquoi pas une +White (blanche) Fashion Week+ me demandent certains! Mais la +Fashion Week+ parisienne (qui vient de s’achever, ndlr) est déjà +white+! », s’amuse Adama Ndiaye, alias Adama Paris, Française d’origine sénégalaise, qui organise cette manifestation, ainsi que la Semaine de la mode de Dakar depuis dix ans.

« Nous voulons simplement faire connaître, au-delà des frontières africaines, des créateurs très connus en Afrique ou dans leur pays, mais qui n’ont pas accès au marché international », explique-t-elle.

« Cette mode n’est pas faite par des Noirs pour des Noirs. C’est paradoxalement une mode multiculturelle, très variée et très instinctive, qui n’est pas codifiée contrairement à la mode internationale avec ses couleurs et ses tendances », précise la styliste.

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Les premiers défilés vendredi soir ont effectivement dévoilé une très grande variété de coupes et de matières, mêlant une mode contemporaine à des rappels de vêtements traditionnels.

Robes cocktail, dos nu, ou à manches ballon, satinées, anthracite et ultra-féminines, portées avec des turbans de la même couleur et des bijoux en tissu coloré, d’Adama Paris. Gaines-culottes noires zippées sur petit haut ajouré à capuche fluo, jupes éventail en vinyl, combinaisons lamées de Laquan Smith (USA). Soies colorées, cotons brodés, voile et corset mélangés, ou dentelles laissant voir la nudité de Jamila Lafqir (Maroc)…

« Pour les mannequins, en majorité noires, c’est aussi l’occasion de défiler car la plupart des podiums font appel à des blanches, plus chères, dont certaines se sont d’ailleurs désistées de la +Black Fashion Week+ au profit d’autres défilés mieux payés », souligne-t-elle.

« Il n’y a qu’en France que le mot +black+ pose problème. Ailleurs, exprimer sa différence n’en pose pas », déplore-t-elle, évoquant la « Black Fashion Week » de Prague (novembre 2011) et celles à venir de Montréal (novembre 2012) et de Salvador de Bahia, au Brésil (mars 2013).

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Au total, une quinzaine de créateurs noirs d’Afrique ou vivant en France, en Haïti ou aux Etats-Unis présentent leurs collections au sein du très chic Pavillon Cambon Capucine, à deux pas de la place Vendôme et du Ritz.

 Youssou N’Dour 

Jean-Jacques Picart, consultant renommé de la mode et du luxe, est dubitatif: « Pour moi, le talent n’a ni couleur ni nationalité. S’il s’agit d’une mode folklorique, typiquement africaine, pourquoi pas. Mais si ces créateurs ont pour ambition d’habiller les femmes de la planète, alors c’est sectaire ».

Noir ou pas, accéder à un premier défilé « relève du parcours du combattant et coûte cher même si le talent, quand il existe, se repère et fait très vite du buzz », relève un agent artistique sous couvert de l’anonymat.

« C’est encore plus difficile pour les créateurs africains, assure Adama Paris. Car en Afrique, la mode n’est pas encore perçue comme une industrie. Une collection, même réalisée, ne parvient souvent pas à se vendre ».

Vendredi soir, le chanteur et ministre sénégalais du Tourisme Youssou N’Dour assistait au défilé, aux côtés d’un public majoritairement noir et métis. 

AFP 

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