vendredi, mars 29, 2024
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L'ancien patron d'Elf Le Floch-Prigent comparaît devant un juge au Togo

L'ancien patron d'Elf Le Floch-Prigent comparaît devant un juge au Togo
 Après son transfert controversé de Côte d’Ivoire, l’ex-PDG du géant pétrolier français Elf Loïk Le Floch-Prigent, arrêté la semaine dernière à Abidjan, était entendu lundi par un juge togolais, dans le cadre d’une affaire d’escroquerie. M. Le Floch-Prigent n’a fait aucune déclaration à son arrivée au tribunal de Lomé, où il était escorté par trois gendarmes, a constaté un journaliste de l’AFP.
Il n’était pas menotté à son arrivée devant le juge, où il était acccompagné par son avocat togolais, Me Rustico Lawson-Bankou.
L’avocat avait déclaré auparavant que M. Le Floch-Prigent « n’a pas subi de mauvais traitements ».
La justice togolaise soupçonne M. Le Floch-Prigent d’être impliqué dans une escroquerie internationale, semblable aux « arnaques à la nigériane » répandues sur internet et portant sur 48 millions de dollars (environ 36,5 millions d’euros).
L’ancien patron d’Elf, arrêté en Côte d’Ivoire vendredi, a été transféré dès samedi vers le Togo et son avocat français, Me Patrick Klugman, a dénoncé le non-respect des règles d’extradition.
Un magistrat ivoirien a confirmé qu’il ne s’agissait pas d’une procédure classique d’extradition, mais d’une « procédure de police à police, suivant la convention d’Interpol ».

L'ancien patron d'Elf Le Floch-Prigent comparaît devant un juge au Togo
L’organisation policière internationale a toutefois affirmé lundi qu’une telle convention n’existait pas, évoquant la possibilité d’un « échange bilatéral ».
Pour le spécialiste de l’Afrique Antoine Glaser, il s’agit d’une « affaire d’Etat ». « C’est une première. On n’a jamais vu une +extradition+ aussi rapide, sans passer par la case judiciaire. C’est le signe qu’elle s’est réglée au plus haut niveau de l’Etat entre le président du Togo et le président ivoirien », a-t-il déclaré à l’AFP.
« L’escroquerie à la nigériane, c’est un habillage, un écran de fumée dissimulant un règlement de comptes entre deux hommes d’affaires et un règlement de comptes politique », a estimé M. Glaser.
Pour certains observateurs, l’extrême rapidité du transfert de M. Le Floch-Prigent entrerait dans le cadre d’un échange de bons procédés entre Abidjan et Lomé. Le Togo est en effet le seul pays à avoir exécuté un mandat d’arrêt international des autorités ivoiriennes visant un exilé du camp de l’ancien président Laurent Gbagbo, l’ex-ministre de la Défense ivoirien, Moïse Lida Kouassi.
M. Le Floch-Prigent se trouvait depuis plusieurs jours dans la capitale économique ivoirienne, où il avait participé à des séances de dédicace de son dernier livre, un roman policier. Il a été arrêté vendredi soir au moment de monter dans un avion Air France pour Paris, selon une source de sécurité ivoirienne.
L’arrestation de M. Le Floch-Prigent serait liée à celle d’un ex-ministre togolais, Pascal Bodjona, inculpé le 12 septembre dans cette affaire d’escroquerie qui oppose un homme d’affaires togolais, Bertin Sow Agba, à un homme d’affaires émirati, Abbas El Youssef.
L’Emirati a porté plainte contre M. Agba, l’accusant d’avoir organisé un réseau pour lui soutirer 48 millions de dollars (environ 36,5 millions d’euros), ses membres lui faisant croire qu’ils détenaient la fortune du défunt président ivoirien Robert Gueï, estimée à 275 millions de dollars et bloquée sur un compte en banque au Togo.
« Selon Abbas El Youssef, M. Le Floch-Prigent était son conseiller personnel et c’est lui qui serait le chef d’orchestre dans cette affaire d’escroquerie », a précisé une source judiciaire togolaise.
Pour Me Klugman, Loïk Le Floch-Prigent « est l’enjeu d’une affaire intérieure à la politique togolaise ». Il dit craindre pour « l’intégrité physique de M. Le Floch-Prigent », qui va bientôt avoir 69 ans, et « doit subir une intervention médicale prévue le 26 septembre à Paris ».
Un avocat de M. Bodjona, Jil-Benoit Afangbedji, a avancé dimanche que son client avait été impliqué à cause des rumeurs sur sa candidature à la présidentielle en 2015.
Loïk Le Floch-Prigent a été condamné en 2003 à 5 ans de prison dans l’affaire Elf et avait passé environ deux ans derrière les barreaux pour des malversations financières.

AFP

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