samedi, décembre 21, 2024
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L'Ethiopie libère deux journalistes suédois détenus depuis 14 mois

L'Ethiopie libère deux journalistes suédois détenus depuis 14 mois

Deux journalistes suédois ont été libérés lundi à l’issue de quatorze mois de détention en Ethiopie après avoir été arrêtés aux côtés d’un mouvement rebelle, a annoncé à l’AFP un responsable gouvernemental.

Les deux journalistes « ont été libérés », a déclaré le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Dina Mufti, sans préciser où ils se trouvaient désormais.

Un autre responsable gouvernemental avait auparavant indiqué que Martin Schibbye et Johan Persson allaient bénéficier d’une mesure générale de grâce présidentielle, dont le détail devait être annoncé plus tard dans la soirée.

« Le Premier ministre (Meles Zenawi décédé le mois dernier) a approuvé la libération des deux journalistes suédois avant d’être hospitalisé », a indiqué à l’AFP cette source gouvernementale, qui dit s’attendre à ce que leurs noms figurent dans la mesure de grâce sur le point d’être annoncée.

Près de 2.000 personnes devraient bénéficier au total de cette mesure de grâce traditionnellement rendue avant la Nouvelle année éthiopienne, qui tombe le 11 septembre.

Meles Zenawi est décédé le 20 août dernier, selon le gouvernement éthiopien, dans un hôpital bruxellois où il avait été admis discrètement plusieurs semaines plus tôt, après avoir dirigé pendant 21 ans le pays le plus peuplé de la Corne de l’Afrique.

Un diplomate en poste à Addis Abeba a également indiqué que la libération des deux journalistes avait été négociée avant la mort de Meles Zenawi. Les deux hommes étaient « devenus une épine dans le pied du gouvernement » a estimé le diplomate.

Les deux journalistes suédois sont en prison depuis leur arrestation en juillet 2011. Ils avaient été appréhendés dans l’Ogaden, région du sud-est du pays, aux côtés de rebelles du Front de libération nationale de l’Ogaden (ONLF), après avoir pénétré illégalement en territoire éthiopien depuis la Somalie voisine.

L'Ethiopie libère deux journalistes suédois détenus depuis 14 mois

Ils ont été condamnés en décembre à 11 ans de prison pour « soutien au terrorisme ». Ils avaient renoncé à faire appel, mais ils avaient sollicité une mesure de grâce.

Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, faisait partie des rares ministres occidentaux présents aux funérailles de l’ancien Premier ministre Meles Zenawi le 2 septembre, sans qu’on sache s’il a profité de ce voyage pour évoquer le sort de ses deux concitoyens emprisonnés.

Au cours de leur procès, les deux journalistes avaient admis avoir eu des contacts avec l’ONLF et être entrés illégalement en Ethiopie, mais ils avaient nié les accusations liées au terrorisme, parmi lesquelles figurait celle d’avoir reçu un entraînement au maniement d’armes.

Johan Persson avait déclaré que leur rencontre avec des membres de l’ONLF avait eu lieu uniquement dans le cadre d’une enquête journalistique qu’ils menaient sur les activités dans la région de la compagnie pétrolière suédoise Lundin Oil, dont M. Bildt a été administrateur entre 2000 et 2006.

L’ONLF, qui avait lui aussi demandé la libération des « journalistes innocents », mène depuis 1984 une lutte armée pour l’indépendance de l’Ogaden, région à majorité somalie que les rebelles estiment marginalisée par le pouvoir d’Addis Abeba.

La source interrogée par l’AFP n’a pas exclu par ailleurs que la grâce présidentielle puisse concerner d’autres journalistes parmi la dizaine actuellement détenus après avoir été condamnés au titre d’une loi antiterroriste controversée adoptée en 2009, selon le décompte du Comité pour la protection des journalistes, une organisation de défense de la liberté de la presse.

Les observateurs doutaient cependant que la grâce puisse être étendue au plus célèbre de ces prisonniers, le journaliste et blogueur Eskinder Nga, condamné à 18 ans de prison en juillet dernier.

La mesure de grâce est rendue au nom du président de l’Ethiopie, Girma Wolde-Giorgis, mais le poste de ce dernier est essentiellement honorifique et le pouvoir aux mains du Premier ministre.

Le décès de Meles Zenawi, à l’âge de 57 ans, a ouvert une période d’incertitude en Ethiopie. Celui qui était depuis 2010 son premier adjoint, Hailemariam Desalegn, un quasi-inconnu de 47 ans, fait office depui
s de Premier ministre par intérim. Le Parlement éthiopien n’a cependant toujours pas entériné la confirmation de M. Hailemariam au poste de Premier ministre, sans qu’une raison précise ait été donnée à ce sujet. 

AFP 

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