vendredi, avril 26, 2024
AccueilNon classéVatican : une affaire pas très Catholique

Vatican : une affaire pas très Catholique

Vatican : une affaire pas très Catholique

Les documents ont été publiés par l’écrivain Gianluigi Nuzzi dans son livre « Sa Sainteté : les papiers secrets du pape ». Ils présentent des discussions internes à l’Eglise à propos entre autres de la situation des finances de l’Eglise, les scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ ou les négociations avec les intégristes.

Ecoutez l’interview de Bernard Leconte, journaliste et écrivain. Auteur des « Derniers secrets du Vatican » aux éditions Perrin

Cette arrestation arrive au lendemain du limogeage d’Ettore Gotti Tedeschi, président de l’Institut pour les Œuvres de Religion (OIR) par le conseil de surintendance, apparemment sans l’aval du pape ou du cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone. Ettore Gotti Tedeschi avait été nommé à la tête de ce qu’on nomme la « banque du pape » le 24 septembre 2009 par le pape lui-même avec pour objectif d’instaurer une plus grande transparence dans les finances du micro-Etat. L’idée était de coller aux normes internationales dans ce domaine afin d’instiller une confiance aux institutions étrangères.

Son départ aurait été causé par de multiples et obscures raisons. Selon un des quatre membres du conseil de surintendance « Gotti ne s’impliquait pas dans son travail. Il parlait beaucoup de transparence mais ne la pratiquait pas. » Le président de l’OIR avait été accusé en 2010 de blanchiment d’argent, puis innocenté par la justice Italienne. On lui reprochait également de ne pas avoir endigué ces fuites. Par ailleurs, on peut retrouver parmi les conversations publiés, des notes envoyées par Ettore Gotti Tedeschi au secrétaire du pape, Monseigneur Georg Gänswein concernant sa volonté d’accélérer la transparence financière du Vatican, volonté qui pourrait avoir dérangé certains des grands de la gouvernance du Saint-Siège.

Cette arrestation est la première action concrète de la commission cardinalice mise en place depuis le 25 avril pour enquêter sur la provenance des fuites. Composée de 3 membres émérites elle rend compte directement au pape de ses actions.

Plusieurs suppositions sont engagées pour expliquer l’objectif derrière ces publications. Certains avancent que ce serait pour secouer le Vatican et mettre en lumière ses problèmes de gouvernance interne, rendant le pays extrêmement difficile à gouverner, en proie à de constantes luttes internes. Cette « stratégie de tension » côtoie une autre thèse, celle de la « vieille garde » des acteurs de premier plan sous Jean-Paul II, qui souhaiteraient le départ du secrétaire d’état. La thèse général étant que le majordome n’aurait pu agir seul.

Ces documents attestent des dysfonctionnements du système de direction du Saint-Siège. La faiblesse structurelle est mise à jour par la réalité quotidienne de l’Etat qui contraste avec son apparente immuabilité : le personnel serait trop peu nombreux et rarement coordonné, additionné d’une extrême lourdeur bureaucratique. Les différents ministères du pape n’auraient que très peu de relations entre eux, même quand leurs attributions se chevauchent.

Selon Paul Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, le pape se serait déclaré « attristé, déconcerté et affecté » par cette affaire ; il évoque également un sentiment nouveau de « méfiance, de soupçon, de peur mutuelle » s’instaurant dans le petit Etat.
Paolo Gabriele est un citoyen de l’Etat du Vatican, il sera donc jugé par la justice du pays. Après une enquête préliminaire menée par Nicola Picardi, l’affaire a été confiée au juge Piero Antonio Bonnet. Le majordome qui se trouve actuellement en détention provisoire sera assisté par deux avocats italiens spécialistes du droit canonique.

Simon Chabasse

RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments