vendredi, avril 26, 2024
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La mode africaine se moque des clichés

La mode africaine se moque des clichés
La mode africaine cantonnée aux boubous et aux robes traditionnelles de pagne? Les créateurs du continent tordent le cou à ces clichés dépassés, avec des créations qui parlent de plus en plus au reste du monde. Cette tendance était claire lors de l’Arise Magazine Fashion Week, une Semaine de la mode qui a réuni en mars à Lagos, la capitale économique du Nigeria, des stylistes africains et étrangers venus de plusieurs continents.
Sans pour autant négliger leurs racines, les créateurs d’Afrique ont depuis longtemps ouvert leur répertoire à des idées innovantes, mélangeant les genres et étendant leur influence.
« Le designer africain et la mode africaine en général évoluent en s’ouvrant sur le monde », souligne Tsemaye Binitie, Nigérian établi en Grande-Bretagne qui a lancé il y a deux ans la marque portant son nom.
« Nous faisons un travail plus contemporain (…) nous évoluons de façon de plus en plus mondiale », estime-t-il.
En fusionnant les styles, les coupes et les matières, notamment. A la Fashion Week, cela donne par exemple des combinaisons près du corps ou des jupes courtes et moulantes taillées dans du pagne, ce tissu coloré aux motifs souvent très vivants.
Le pagne sert à la confection des tenues traditionnelles dans beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest, notamment. Pour les femmes, il s’agit souvent de longues jupes droites assorties d’un haut du même motif et d’un fichu.
Pour sa collection automne-hiver 2011, Tsemaye Binitie s’était inspiré d’un voyage effectué par sa mère en France, dans les années 80.
« Elle allait se rendre à Paris et emballait des pièces dans lesquelles elles se sentirait clairement nigériane tout en lui permettant de se fondre facilement dans la société européenne », raconte-t-il.
« Je me suis concentré sur mon héritage nigérian, m’inspirant de notre utilisation des couleurs éclatantes, du caractère et des motifs caractéristiques de nos vêtements », poursuit le créateur sur son site internet.
Les collections africaines présentées lors de la Fashion Week de Lagos comptaient de nombreuses pièces mixant tradition et modernité, une approche qui a rencontré le succès sur le continent et aussi en dehors: robes de pagne ornées de perles ou de paillettes, costumes pour homme, élégants, aux cols imprimés d’animaux sauvages.
« Les créateurs que nous avons choisis ont tous fabriqué des modèles à la fois contemporains, portables et créatifs, qui sont suffisamment commerciaux pour l’international », explique Penny McDonald, qui organise l’évènement annuel.
Maureen Ikem Okogwu-Ikokwu, créatrice nigériane basée en Thaïlande, affirme que l’engouement est croissant pour les stylistes africains.
« A Bangkok, les gens adorent ça parce que c’est différent, c’est nouveau, c’est éclatant », dit la jeune femme derrière la marque de prêt-à-porter Sunny Rose.
« Nous sommes bien plus appréciés maintenant. Les gens se tournent vers nous, nous admirent », poursuit-elle.
La styliste ivoirienne Loza Maleombho était l’une des seules à la Semaine de la mode à présenter une collection faite exclusivement à partir de tissus traditionnels africains, dont le très coloré kente ghanéen, mélange de soie et de coton.
Sur les podiums, ses mannequins ont défilé coiffées de turbans marrons, rappelant ceux des nomades touaregs. « Il s’agit d’Afrique de l’Ouest », dit-elle au sujet de sa collection.
Maki Oh, une autre créatrice nigériane, a elle présenté une collection « street fashion », sensuelle, avec des pantalons très amples taillés dans l’aso-oke, une toile traditionnelle du sud du Nigeria.
Selon le designer Sud-Africain Malcolm Kluk, l’Afrique apporte désormais un nouveau souffle à la mode internationale.
« L’Afrique est un centre de mode émergent. L’Europe et les Etats-Unis sont plutôt saturés côté mode. Si vous pensez à Prada et Gucci — il y en a un (magasin) à presque tous les coins de rue », dit-il.
Tandis que l’intérêt pour les créateurs africains grandit, leurs conditions de travail sur le continent demeurent parfois difficiles. Infrastructures inadéquates, manque d’électricité ou encore reproductions illégales en l’absence de législations sur le droit d’auteur, en poussent certains à s’installer en dehors du continent.
Face aux plagiats, Nkwo Onwuka, styliste nigériane établie en Grande-Bretagne, a un conseil. « Vous devez simplement toujours avoir une longueur d’avance et créer votre propre look ».

AFP

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