dimanche, décembre 8, 2024
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EXCLUSIF AFP -Nord-Mali: peur, pillages et prisonniers en fuite dans la ville de Gao

EXCLUSIF AFP -Nord-Mali: peur, pillages et prisonniers en fuite dans la ville de Gao
Cellules de prison vides, entrepôts de la Croix-Rouge pillés, habitants en fuite: des images exclusives de Gao (nord-est du Mali) obtenues par l’AFP, tournées avant, pendant et après la prise de la ville par des groupes armés le 31 mars, témoignent de la désolation qui y règne. Ancienne base de l’armée malienne pour tout le Nord, Gao a été attaquée et prise en quelques heures par des rebelles touareg, des islamistes armés et divers groupes criminels, après Kidal le 30 mars et avant Tombouctou le 1er avril. Ces groupes contrôlent depuis lors tout le Nord.
Avant l’attaque, sur ces premières images de la ville jamais diffusées depuis ces événements, un officier de l’armée se montre confiant: « nous allons nous battre par tous les moyens. (…) Ensemble nous pouvons vaincre. Ces ennemis, ils ne sont pas invincibles ».
On voit l’un des rares hélicoptères de l’armée survoler la ville. Il n’aura pas empêché les groupes armés de prendre Gao sans grande résistance.
Alors que de la fumée noire s’échappe de bâtiments en feu, que des coups de feu se font encore entendre, des habitants fuient, tandis que d’autres pillent des magasins, chargent de lourds sacs de riz ou de maïs sur leur dos, des deux-roues ou des charrettes.

EXCLUSIF AFP -Nord-Mali: peur, pillages et prisonniers en fuite dans la ville de Gao
Le cameraman rend visite à des hommes qui ont participé à la prise de la ville. Presque tous enturbannés, armés de kalachnikov, ils sont visiblement d’origines et de communautés diverses. Deux d’entre eux ont la peau noire, s’expriment en pular (langue peule), les autres à la peau claire parlent en arabe ou tamachek (langue des Touareg). L’un crie « Allah Akbar » (Dieu est grand).
D’après une traduction du pular au français faite à la demande de l’AFP, l’un des deux Noirs dit « travailler pour le paradis », l’autre affirme: « on ne court pas derrière la belle vie, tout ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui, on le fait pour demain ».
La traductrice est formelle: l’accent de ces deux hommes parlant pular est un accent du Nigeria, ce qui semble confirmer des informations sur la présence de membres du mouvement islamiste radical et violent Boko Haram, né au Nigeria.

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Prisonniers évadés
Le 7 avril, un journaliste d’une radio de Gao, Malick Alioune Maïga, est filmé dans la cour de la prison vide, puis devant les entrepôts du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pillés, et dans le quartier des banques saccagées.
« On est dans la cour de la maison d’arrêt de Gao », commente le journaliste. « Il n’y a aucun prisonnier, ils se sont tous évadés lors de l’attaque de Gao », dit-il sans donner le nombre de détenus en fuite.
Selon lui, ces prisonniers faisaient partie de « grands gangs », ils étaient « de grands voleurs, des bandits qui sont actuellement avec la population ».
Devant le bâtiment du CICR dont on distingue bien le symbole, il raconte que là se trouvaient « d’importants stocks de riz, de maïs, de toutes sortes ».
« C’est une désolation, une déception de tout le peuple, de toute la région et de toute la nation », lâche le journaliste, qui vient d’être brutalisé par des rebelles touareg dans la nuit de mardi à mercredi pour sa description de la situation sur place. « Ça a été pillé, saccagé. Les gens ont tout pris, aujourd’hui la cité est dans une situation très critique ».
Devant le local de l’organisation humanitaire Action contre la faim, des centaines de papiers et de documents jonchent le sol poussiéreux.
On voit l’intérieur de banques visitées par les pillards. « Tout a été saccagé. Les biens ont été emportés et on n’a plus de banques ici à Gao », décrit Malick Alioune Maïga.
Dans l’hôpital, des tables de travail ont été renversées, des boîtes et flacons de médicaments jetés à terre.
D’autres images tournées le soir du 31 mars montrent des dizaines de personnes faisant la queue à la gare routière devant le guichet « Gao-Bamako ». Elles veulent partir mais il n’y a pas assez de places. Des familles entières avec leurs bagages restent quand même là pour dormir et attendre le prochain car.
« C’est plus que nécessaire d’évacuer toutes les familles civiles qui sont à Gao », dit un jeune voyageur. « La menace est là ».
Selon des habitants contactés mercredi par l’AFP, la situation n’a fait que s’aggraver depuis que ces images ont été tournées: électricité et eau desservies quelques heures par jour seulement, et la nourriture manque. « Les gens continuent de quitter Gao », dit l’un d’eux.

AFP

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