mardi, avril 23, 2024
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A la frontière des Soudans, les tirs d'artillerie résonnent comme le tonnerre

A la frontière des Soudans, les tirs d'artillerie résonnent comme le tonnerre
Comme un roulement de tonnerre, les tirs d’artillerie semblent résonner des minutes entières, parfois couverts par le bruit d’avions bombardiers. A la frontière des deux Soudans, les combats entre les deux voisins ont repris de plus belle. Soudain, à la hauteur du bourg sud-soudanais de Teshwin, dans l’Etat d’Unité, des pick-ups qui emmènent des dizaines de soldats du jeune Soudan du Sud sur la ligne de front font une embardée pour se mettre à couvert dans des buissons épineux.
A l’arrière d’un des véhicules, des hommes assis à l’arrière montrent du doigt, à une journaliste venue les accompagner vers la ligne de front, d’où vient la menace dans le ciel. On est alors mardi. Les combats n’ont depuis pas cessé.
« Maintenant, nous devons faire semblant de dormir, » chuchote un jeune militaire, en montrant comment s’allonger pour se cacher des Antonov soudanais.
« C’est le Soudan du Sud, » commente le commandant en second de l’armée sud-soudanaise sur la ligne de front, Mangar Buong, en référence au bruit des bombardiers qui passent dans le ciel.
Les avions « sont toujours au dessus de nos têtes, » dit-il, accusant Khartoum de vouloir reprendre au Sud, par la force, des champs pétroliers frontaliers.

A la frontière des Soudans, les tirs d'artillerie résonnent comme le tonnerre
De violents affrontements ont à nouveau éclaté mardi entre les armées des deux voisins autour d’Heglig, un champ pétrolier qui assure une grande partie de la production du Nord mais que pourtant, depuis, l’armée du Sud a pris à celle du Soudan.
De graves affrontements étaient déjà survenus dans la zone fin mars. Ils ont repris de plus belle et jamais les deux voisins n’ont été si près d’une nouvelle guerre. Avant les accords de paix de 2005, qui ont ouvert la voie à l’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, le Nord et le Sud se sont livré des décennies de guerre civile.
Pour Mangar Buong, le problème du Nord, c’est les ressources pétrolières perdues lors la partition du Soudan : les trois quarts des réserves sont désormais situées au Sud.
« Vous voyez? S’il y a du pétrole ici, (le président soudanais, Omar el-)Béchir vient, s’il y en a là-bas, il part là-bas. Vous voyez ? Ca continuera » tant que Khartoum ne reconnaîtra pas le Sud comme un vrai pays indépendant, souverain sur ses ressources, poursuit-il.
« Ils veulent prendre les champs pétroliers par la force. Nous avons fermé nos champs, mais ils veulent les rouvrir par la force, les occuper et utiliser eux-mêmes le pétrole ».
Le pétrole est au coeur des tensions entre Juba et Khartoum, persistantes depuis juillet.

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Les deux capitales sont incapables de s’entendre sur les frais de passage que le Sud doit pays au Nord pour utiliser ses infrastructures, indispensables pour exporter son pétrole. En attendant une solution, le Nord avait décidé de prélever une partie du brut passant par son territoire, ce qui a poussé le Sud à stopper sa production.
Sur le terrain, les cadres de l’armée de Juba disent que le Sud est épuisé par les décennies de guerre passées. « Nous avons vu les couleurs de la guerre pendant 50 ans, et nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre Nord-Sud, mais nos frères ne sont pas sincères, » dénonce le commandant James Gatduel Gatluak.
Pour lui, les récents combats ont été provoqués pour « faire dérailler la paix » et donner au président soudanais un prétexte pour ne pas signer un accord sur le tracé contesté de la frontière commune. L’accord aurait dû être signé le 3 avril à l’occasion d’un sommet entre Omar el-Béchir et son homologue sud-soudanais, Salva Kiir, annulé en raison des affrontements de fin mars.

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Non loin de là, un nuage de fumée s’élève à plusieurs mètres du sol. Un avion vient de larguer une bombe. « Certaines personnes sont blessées » dans les bombardements, reconnaît en fixant le ciel un autre commandant, Daniel Marin. Il s’apprête à rejoindre les hommes qui bientôt prendront Heglig.
Difficile d’obtenir un bilan des victimes des combats. Mais dans la capitale de l’Etat d’Unité, Bentiu, un soldat dessine tableau bien plus noir : « Il y a tellement de corps sur la ligne de front, tellement de morts, » qu’il n’est pas possible de les enterrer ou de les ramener.

AFP

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