
Il est accusé d’avoir porté atteinte à l’unité et à l’image de l’ANC, mais il a fait appel et, en attendant la fin des recours, il continuait de régaler les médias de ses déclarations provocatrices, appelant à la saisie des terres agricoles et à la nationalisation des mines. Il y ajoutait des attaques frontales contre le chef de l’Etat et président de l’ANC, Jacob Zuma.
Il a donné une voix à la rancoeur de millions de Noirs, qui ont reçu le droit de vote en 1994, mais sont toujours chômeurs ou subalternes mal payés dans une Afrique du Sud, où la majorité des terres agricoles reste aux mains des Blancs.
Mais il a plusieurs fois franchi la ligne jaune dans une société toujours sensible sur la question raciale, effrayant les milieux d’affaires et la minorité blanche qui surpasse en aisance matérielle le reste de la population.
Sa dernière incartade remonte à vendredi, quand il a publiquement traité M. Zuma de dictateur.
C’en était trop pour le président qui a piloté une réaction de la direction du parti en deux temps.
« Zuma veut un deuxième mandat »
D’abord, une démonstration d’unité mardi lors d’une conférence de presse extraordinaire où, fait rare, ses six plus hauts dirigeants sont apparus côte à côte, M. Zuma compris, pour dire qu’ils en avaient assez et que M. Malema devait passer la main.
Mercredi, la commission nationale de discipline a annoncé « la suspension temporaire et immédiate du camarade Malema » avec « effet immédiat ».
M. Malema « n’exercera aucune fonction comme membre de l’ANC ou président de la Ligue de jeunesse », ni « ne pourra assister à aucun meeting de l’ANC ou de ses structures », ni « s’y exprimer », ni « ne pourra diffuser des communiqués sur des sujets touchant à l’ANC », a précisé le parti.

Cette instance doit se réunir à huis clos jeudi prochain.
« Je ne suis pas certain que les six dirigeants de l’ANC soient unis », a analysé pour l’agence sud-africaine Sapa, le politologue Eusebius McKaiser. Mais, selon lui, les dirigeants de l’ANC ont voulu neutraliser M. Malema sans plus attendre, afin de ne pas mettre en danger les chances de réélection de Jacob Zuma à la présidence du pays en 2014.
« Le point essentiel est clairement que Zuma veut un deuxième mandat (…) Il veut mettre Malema hors jeu et empêcher des leaders de l’ANC de s’afficher avec lui », a ajouté le politologue.
L’ANC tiendra en décembre un grand congrès au cours duquel Jacob Zuma briguera un deuxième mandat à la tête du parti, ce qui garantirait à terme sa réélection à la présidence. M. Malema est réputé partisan de l’actuel vice-président Kgalema Motlanthe
AFP