L’avancée éclair de la rébellion touareg au Mali, en position de contrôler le nord du pays, pose la question du bénéfice que les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) pourraient tirer dans cette zone de l’Afrique qui échappe désormais au contrôle des Etats. Si les spécialistes ont vu dans les rebelles touareg les grands gagnants du récent putsch militaire au Mali, ils restent partagés sur la nature des liens entre le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), principal groupe rebelle touareg, d’autres petits mouvements locaux islamistes, et Aqmi.
« Pour l’instant, c’est la montée en puissance des touareg. Aqmi n’est qu’un acteur secondaire », relève Dominique Thomas, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), en rappelant la volonté des Touareg de faire de l’Azawad (Nord-Mali) un Etat indépendant.
Le MNLA, qui nie toute alliance avec Aqmi n’a, selon plusieurs spécialistes, « pas de lien avec les islamistes ». Selon plusieurs responsables, il voudrait même « bouter » Aqmi hors de la région.
Dans la réalité, la coupure entre Touareg — qui nomadisent sur plusieurs pays sahariens — et membres d’Aqmi n’est pas aussi évidente: tous deux ont profité de l’effondrement du régime de Kadhafi en Libye et du départ d’ex-mercenaires pour recruter et acquérir davantage d’armes.
Groupe de jihadistes armés, qui a comme principal socle et dirigeants des Algériens complétés de Mauritaniens, Aqmi s’est développé au Sahel en ménageant les populations touareg.
« Il y a des liens mais ils ne sont pas forcément centraux ». « Pour s’implanter dans la région, bénéficier d’un sanctuaire, recruter, les jihadistes ont dû développer des liens, de protection, éventuellement tribaux, avec les différents milieux touareg, politisés ou non, armés ou non », estime Dominique Thomas.
Au sein d’Aqmi, une katiba (unité combattante islamiste) est dirigée par un touareg. Sa création est « le résultat d’une politique d’ancrage, d’enracinement », jugent certains experts.
Toutefois, pour Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains (Cemaf) et spécialiste des toureg, « les recrues touareg restent marginales: il s’agit essentiellement de jeunes chômeurs, dont la plupart ont très vite regagné le MNLA au lancement de la dernière rébellion le 17 janvier ». Depuis cette date, « plusieurs escarmouches entre MNLA et Aqmi » ont été signalées, selon lui.
La relation d’Aqmi avec le mouvement Ansar Dine (Défenseur de la foi) est plus complexe: ce petit groupe touareg (environ 2 à 300 combattants contre 2 à 3.000 pour le MNLA, selon une estimation récente) prône l’instauration de la charia (loi coranique) dans tout le Mali et pourrait trouver son intérêt dans une alliance –même brève– avec Aqmi.
Son chef, Iyad Ag Ghaly, a pris lundi le contrôle de la ville de Tombouctou (nord-ouest) et en a chassé les rebelles du MNLA. « Ils (les membres d’Ansar Dine) sont là pour l’islam, pas pour l’indépendance ou pour faire mal », a déclaré un témoin à l’AFP.
Iyad Ag Ghaly, qui fut le principal chef de la rébellion touareg des années 1990, « est devenu salafiste au contact de religieux pakistanais dans les années 80, bien avant l’installation d’Aqmi dans la région », souligne Pierre Boilley. « Il a sans doute été un personnage clé dans les négociations pour libérer les otages dans la région », donc en lien à la fois avec Aqmi et Bamako.
Pour le chercheur, les objectifs de ces groupes sont différents: « le MNLA veut l’indépendance du Nord, Ansar Dine veut imposer la loi islamique sur tout le territoire, Aqmi prône le jihad (guerre sainte) ».
Certains experts, comme Dominique Thomas, n’excluent pas des contacts ou convergences d’agenda sur le terrain dont « Aqmi pourrait profiter ».
Tout dépendra du rapport de force qui va s’installer sur le terrain, soulignent les chercheurs.
Plusieurs autres petits groupes armés opèrent dans la bande sahélienne, comme le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao, composé essentiellement de Mauritaniens et de quelques Touareg).
Ce mouvement, qui prône le jihad (guerre sainte) et a revendiqué l’enlèvement de trois Européens à Tindouf (ouest de l’Algérie), pourrait « avoir des contacts ou des liens distendus ou importants (avec Aqmi), selon les agendas et les circonstances locales », ajoute l’expert de l’EHESS.
Lundi à Dakar, le Français Alain Juppé, ministre des affaires étrangères de l’ancienne puissance coloniale, s’est inquiété de l’influence de ces groupes armés islamistes combattant au côté du MNLA.
« Il semble que cette fraction islamiste/jihadiste extrémiste soit en train de prendre le dessus parmi les différentes factions touareg », a-t-il affirmé, tout en excluant une participation de militaires français directe à une éventuelle intervention multinationale pour rétablir l’autorité de Bamako dans le Nord.
S’il faut marginaliser ou isoler Aqmi, cela ne peut se faire que par des contacts et des négociations avec les Touareg, à un niveau régional ou international, estime Dominique Thomas, qui comme d’autres experts, écarte le scénario d’une intervention militaire extérieure pour résoudre la crise.
« Pour l’instant, c’est la montée en puissance des touareg. Aqmi n’est qu’un acteur secondaire », relève Dominique Thomas, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), en rappelant la volonté des Touareg de faire de l’Azawad (Nord-Mali) un Etat indépendant.
Le MNLA, qui nie toute alliance avec Aqmi n’a, selon plusieurs spécialistes, « pas de lien avec les islamistes ». Selon plusieurs responsables, il voudrait même « bouter » Aqmi hors de la région.
Dans la réalité, la coupure entre Touareg — qui nomadisent sur plusieurs pays sahariens — et membres d’Aqmi n’est pas aussi évidente: tous deux ont profité de l’effondrement du régime de Kadhafi en Libye et du départ d’ex-mercenaires pour recruter et acquérir davantage d’armes.
Groupe de jihadistes armés, qui a comme principal socle et dirigeants des Algériens complétés de Mauritaniens, Aqmi s’est développé au Sahel en ménageant les populations touareg.
« Il y a des liens mais ils ne sont pas forcément centraux ». « Pour s’implanter dans la région, bénéficier d’un sanctuaire, recruter, les jihadistes ont dû développer des liens, de protection, éventuellement tribaux, avec les différents milieux touareg, politisés ou non, armés ou non », estime Dominique Thomas.
Au sein d’Aqmi, une katiba (unité combattante islamiste) est dirigée par un touareg. Sa création est « le résultat d’une politique d’ancrage, d’enracinement », jugent certains experts.
Toutefois, pour Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains (Cemaf) et spécialiste des toureg, « les recrues touareg restent marginales: il s’agit essentiellement de jeunes chômeurs, dont la plupart ont très vite regagné le MNLA au lancement de la dernière rébellion le 17 janvier ». Depuis cette date, « plusieurs escarmouches entre MNLA et Aqmi » ont été signalées, selon lui.
La relation d’Aqmi avec le mouvement Ansar Dine (Défenseur de la foi) est plus complexe: ce petit groupe touareg (environ 2 à 300 combattants contre 2 à 3.000 pour le MNLA, selon une estimation récente) prône l’instauration de la charia (loi coranique) dans tout le Mali et pourrait trouver son intérêt dans une alliance –même brève– avec Aqmi.
Son chef, Iyad Ag Ghaly, a pris lundi le contrôle de la ville de Tombouctou (nord-ouest) et en a chassé les rebelles du MNLA. « Ils (les membres d’Ansar Dine) sont là pour l’islam, pas pour l’indépendance ou pour faire mal », a déclaré un témoin à l’AFP.
Iyad Ag Ghaly, qui fut le principal chef de la rébellion touareg des années 1990, « est devenu salafiste au contact de religieux pakistanais dans les années 80, bien avant l’installation d’Aqmi dans la région », souligne Pierre Boilley. « Il a sans doute été un personnage clé dans les négociations pour libérer les otages dans la région », donc en lien à la fois avec Aqmi et Bamako.
Pour le chercheur, les objectifs de ces groupes sont différents: « le MNLA veut l’indépendance du Nord, Ansar Dine veut imposer la loi islamique sur tout le territoire, Aqmi prône le jihad (guerre sainte) ».
Certains experts, comme Dominique Thomas, n’excluent pas des contacts ou convergences d’agenda sur le terrain dont « Aqmi pourrait profiter ».
Tout dépendra du rapport de force qui va s’installer sur le terrain, soulignent les chercheurs.
Plusieurs autres petits groupes armés opèrent dans la bande sahélienne, comme le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao, composé essentiellement de Mauritaniens et de quelques Touareg).
Ce mouvement, qui prône le jihad (guerre sainte) et a revendiqué l’enlèvement de trois Européens à Tindouf (ouest de l’Algérie), pourrait « avoir des contacts ou des liens distendus ou importants (avec Aqmi), selon les agendas et les circonstances locales », ajoute l’expert de l’EHESS.
Lundi à Dakar, le Français Alain Juppé, ministre des affaires étrangères de l’ancienne puissance coloniale, s’est inquiété de l’influence de ces groupes armés islamistes combattant au côté du MNLA.
« Il semble que cette fraction islamiste/jihadiste extrémiste soit en train de prendre le dessus parmi les différentes factions touareg », a-t-il affirmé, tout en excluant une participation de militaires français directe à une éventuelle intervention multinationale pour rétablir l’autorité de Bamako dans le Nord.
S’il faut marginaliser ou isoler Aqmi, cela ne peut se faire que par des contacts et des négociations avec les Touareg, à un niveau régional ou international, estime Dominique Thomas, qui comme d’autres experts, écarte le scénario d’une intervention militaire extérieure pour résoudre la crise.
AFP