mardi, avril 23, 2024
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Mali: embargo ouest-africain, menace d'intervention armée, avancée islamiste

Mali: embargo ouest-africain, menace d'intervention armée, avancée islamiste
 Les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, réunis lundi à Dakar, ont menacé d’intervenir militairement au Mali en pleine tourmente et annoncé un « embargo total » et immédiat au moment où la ville de Tombouctou (nord) tombait aux mains des islamistes qui en ont chassé les rebelles touareg. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a décidé « de la mise en place immédiate » de sa force militaire « d’attente », a annoncé lundi à Dakar à l’issue du sommet le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de l’organisation.
Pour cela, les douze chefs d’Etat présents ont « demandé au comité des chefs d’état-major de se réunir dès cette semaine à Abidjan pour voir les modalités d’activation de cette force », a déclaré M. Ouattara.

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Préventivement, la Cédéao avait déjà mis en état d’alerte en fin de semaine dernière une force militaire de quelque 2.000 hommes
L’organisation a également décidé d’un « embargo total » contre la junte au pouvoir à Bamako, en application des menaces annoncées lors d’un précédent sommet sur la crise malienne le 29 mars à Abdijan.
« Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd’hui (lundi) et ne seront levées que quand l’ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli », a déclaré M. Ouattara, soulignant: « nous avons demandé que l’embargo soit total par rapport à tous les Etats voisins du Mali ».
Le sommet auquel ont participé une dizaine de chefs d’Etat et des représentants de l’ONU, de la France et des Etats-Unis notamment, s’est tenu après la prestation de serment du nouveau président sénégalais Macky Sall.

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Acteurs clés du Sahel, la Mauritanie (avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz) et l’Algérie, qui ne sont pas membres de l’organisation, assistaient à la réunion. M. Ouattara s’est félicité de la présence de ces deux voisins du nord du Mali, laissant entendre que l’embargo s’appliquerait également sur cette zone aux mains de la rébellion et des groupes armés.
Le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo a « pris acte » de ces sanctions, rappelant cependant que « l’urgence est le recouvrement de l’intégrité territoriale » dans le nord.
Au moment où étaient prises ces décisions, l’AFP apprenait de sources concordantes que la ville historique de Tombouctou, ancien haut-lieu touristique du Mali, était tombée aux mains des islamistes d’Ansar Dine (défenseur de l’Islam) et d’Al-Qaïda au Maghreb islamisue (Aqmi).
Retour de Libye d’un chef d’Aqmi
Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine, « est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg)), qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville », a affirmé Moussa Haïdara, caméraman, qui a filmé l’entrée dans la ville de Iyad Ag Ghaly.
L’agence d’information en ligne mauritanienne Al-Akhbar, a affirmé lundi que « des forces d’Aqmi ont investi dimanche soir la ville de Tombouctou, avec 50 véhicules surarmés ».
L’un des chefs d’Aqmi, « Yahya Abou Al-Hammam, est entré dans la ville et fait de l’ancien état-major » de l’armée malienne « dans la ville son Quartier général ».
« Désormais, les drapeaux d’Aqmi flottent sur l’état-major et partout dans le reste de la ville », ajoute Al-Akhbar.

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Un chef historique d’Aqmi, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui était parti en Libye depuis plusieurs semaines, est revenu dans le nord du Mali, a par ailleurs appris lundi l’AFP de sources sécuritaires régionales.
« Il semble qu’on le voit de plus en plus aux côtés de Iyad Ag Ghaly », a affirmé l’un de ces sources.
Sous pression, la junte qui a pris le pouvoir le 22 mars avait promis dimanche le retour à un pouvoir civil et une transition vers des élections à une date non précisée.
La rébellion touareg du MNLA et les autres composantes de la rébellion, groupes islamistes et trafiquants, ont pris coup sur coup depuis vendredi les trois capitales régionales du nord: Kidal, Gao et Tombouctou, sans rencontrer de résistance.

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Rien –et surtout pas l’armée malienne en déroute– ne semble pouvoir stopper cette fulgurante offensive, qui suscite beaucoup de craintes parmi les populations.
Des centaines d’habitants de Mopti (centre) et de ses environs, incluant des militaires et leurs familles, ont quitté leurs domiciles, craignant l’avancée des rebelles, ont indiqué des témoins.
Des scènes de vandalisme ont aussi été constatées dans les régions nouvellement capturées et une banque a été dynamitée lundi à Gao où les vivres commencent à manquer. Neuf soldats ont été tués lors de la prise de cette ville samedi, selon des témoins.
L’avancée rebelle a été rendue possible à la fois par la désorganisation de l’armée malienne, aggravée par le putsch, mais également par l’armement lourd dont dispose la rébellion et les groupes islamistes, ramené de Libye par des centaines de supplétifs du colonel Mouammar Kadhafi, qui ont combattu à ses côtés avant la chute de son régime en août 2011.
La junte, dirigée par le capitaine Amadou Sanogo, avait justifié son coup d’Etat par « l’incompétence » du président ATT à combattre la rébellion dans le nord.
Sur le terrain, le putsch a eu pour principal effet d’accélérer l’offensive du MNLA et de ses « alliés » du moment. Mais leur domination sur tout le nord pourrait paradoxalement exacerber leurs rivalités.
Les hommes d’Ansar Dine ont clairement annoncé leur intention d’appliquer la charia dans tout le Mali, la MNLA, mouvement laïque souhaitant, lui, créer un Etat touareg dans le nord du pays.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira mardi pour examiner la crise au Mali.

AFP

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