vendredi, avril 26, 2024
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Une petite ville swazie renaît autour d'orphelins du sida

Une petite ville swazie renaît autour d'orphelins du sida
Perdue dans les montagnes du Swaziland, Bulembu était devenue une ville fantôme après la fermeture de la mine qui la faisait vivre. Elle ressuscite désormais autour d’un orphelinat accueillant des enfants dont les parents sont pour la plupart morts du sida. « Les bébés sont abandonnés, parfois dans un sac en plastique au bord de la route, parfois dans les latrines », raconte Zanele Maseko, responsable de la maison où les plus petits sont maternés.
« Des policiers nous ont dit qu’ils avaient retrouvé un bébé qui avait été enterré vivant », poursuit-elle, effarée par la misère de son propre pays. Mais un sourire revient: « C’est une grande fille, maintenant! »
Volker Wagner, un entrepreneur canadien, a racheté en 2006 toute la ville, abandonnée cinq ans plus tôt. Il en a fait une communauté privée, une sorte de « kolkhoze chrétien » qui se développe autour de son orphelinat.
A l’origine de son initiative, un terrifiant constat: de 26 à 40% des adultes sont séropositifs ou malades du sida au Swaziland. Les chiffres varient selon les sources, mais le taux reste le plus élevé au monde.
L’épidémie aurait laissé quelque 120.000 orphelins, qui forment de 10 à 15% de la population.
Avec la crise, la petite monarchie a du mal à acheter des médicaments pour soigner les malades ou à prendre en charge l’éducation des orphelins.
Dans ce contexte, le pimpant orphelinat de l’ex-cité minière, avec ses 303 pensionnaires âgés de 2 semaines à 21 ans, semble bien solitaire.

Une petite ville swazie renaît autour d'orphelins du sida
« Nous croyons que Bulembu peut être viable d’ici à 2020 avec 1.000 enfants pris en charge », explique Andrew Le Roux, directeur général de Bulembu Ministries Swaziland (BMS), une organisation chrétienne (évangélique) à but non lucratif à laquelle M. Wagner a confié son projet.
« Mais c’est un minimum, et nous nous efforçons de développer les entreprises afin de pouvoir augmenter ce nombre. Nous pensons que l’infrastructure peut accueillir au maximum 2.000 enfants », ajoute-t-il.
Au-delà de l’accueil des orphelins, l’idée est en effet de faire de cet endroit perdu dans la montagne une communauté totalement autosuffisante. Et ses dirigeants, surtout des Sud-Africains blancs, ont vocation à être remplacés par des Swazis.
Bulembu vend maintenant bois, lait, pain, miel, eau minérale et souvenirs à l’extérieur, de quoi employer quelques centaines de personnes et assurer –pour l’instant– 45% du budget de fonctionnement de l’ensemble. Le reste vient de dons, notamment récoltés au Canada, qui financent aussi les investissements.
Tandis qu’un musée sera bientôt achevé et qu’une auberge accueille visiteurs et bénévoles venus du monde entier pour donner un coup de main, les petites maisons colorées des mineurs sont retapées l’une après l’autre. Elles hébergent les enfants, les « mères » qui s’en occupent et les employés.
Et même si de nombreux bâtiments ont été pillés et auraient besoin d’une bonne rénovation, il reste de la marge pour les projets d’extension: Bulembu compte actuellement 1.400 habitants, contre environ 10.000 quand sa mine d’amiante était en activité.
Parmi les nouveautés, l’ancien hôpital a été transformé en lycée, l’école n’étant plus assez grande pour accueillir tous les élèves. Un centre d’apprentissage aux métiers du tourisme vient d’ouvrir ses portes, et le gouvernement swazi a proposé de fonder une petite université technologique.
Le mérite est mis en valeur dans le système d’éducation de la communauté, dès la crèche. Les orphelins n’ont pas d’argent, mais peuvent « acheter » des bricoles avec des sortes de bons points, distribués quand leurs résultats sont brillants ou si leur bureau est bien rangé.
« Nous voulons que chaque enfant excelle dans ce qu’il fait », explique Dennis Neville, le responsable des études.
« Notre but est de leur donner un avenir et un espoir. Ce que nous essayons de faire, c’est de préparer ces enfants à devenir de bons citoyens swazis, qu’ils puissent accéder à des rôles dirigeants. (…) Nous voulons qu’ils soient des leaders swazis! »
L’AFP n’a pas été autorisée à parler aux orphelins quand elle a visité Bulembu.

AFP

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