vendredi, avril 26, 2024
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Guinée-Bissau/présidentielle: second tour nécessaire, crainte de violences

Guinée-Bissau/présidentielle: second tour nécessaire, crainte de violences
L’ex-Premier ministre de Guinée-Bissau Carlos Gomes Junior est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle du 18 mars devant l’ex-président Kumba Yala qui, avant la publication mercredi des résultats officiels, avait demandé avec d’autres l’annulation d’un scrutin « frauduleux ». Cette demande fait craindre des violences dans ce pays d’Afrique de l’Ouest au passé tumultueux depuis son indépendance du Portugal en 1974.
Carlos Gomes Junior, du parti au pouvoir, arrive en tête avec 48,97% des voix, suivi du principal opposant Kumba Yala (23,36%), de Manuel Serifo Nhamadjo (15,75%)) et d’Henrique Rosa (5,4%), selon la Commission nationale des élections (CNE). Le taux de participation a été de 55%.
« Nous sommes ravi du résultat. Le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau, au pouvoir) est imbattable. Cependant, nous nous plaignons du taux élevé d’abstention. Le deuxième tour n’était pas désirable mais en démocratie il faut accepter la volonté populaire », a déclaré M. Gomes.
« J’appelle la justice à faire son travail et que toute personne qui perturberait l’ordre et la vie de la population soit traitée comme le veut la loi », a-t-il ajouté.
Mardi, MM. Yala, Nhamadjo (dissident du parti au pouvoir) et Rosa (indépendant), ainsi que deux autres candidats, ont réclamé l’annulation du scrutin pour « fraudes ».

Guinée-Bissau/présidentielle: second tour nécessaire, crainte de violences
Les neuf candidats qui étaient en course ont 48 heures pour déposer leurs recours à la CNE qui va ensuite disposer d’un temps similaire pour les examiner avant de transmettre ces résultats officiels provisoires à la Cour suprême qui doit les valider à une date indéterminée.
« Nous rendons la CNE responsable des conséquences de la publication de résultats électoraux frauduleux » et « de ce qui va arriver dans le pays », avait déclaré mardi M. Yala, au nom de cinq candidats.
Cette présidentielle, organisée pour remplacer Malam Bacaï Sanha élu en 2009 et décédé de maladie en janvier, s’était déroulée dans le calme, mais avait été ternie par l’assassinat le soir même du colonel Samba Djalo, ex-responsable des services de renseignements militaires à Bissau.
Après cet assassinat, l’ex-chef d’état-major de l’armée, l’amiral Zamora Induta, s’est réfugié dimanche à Bissau dans les locaux de l’Union européenne (UE) « par crainte pour sa sécurité personnelle », a indiqué l’UE mercredi.
« Normal que les gens aient peur »
De mauvais présages pour un pays de 1,6 millions d’habitants dont l’histoire depuis près de quarante ans est jalonnée de coups, tentatives de coups d’Etat militaires et autres violences politiques.
La Guinée-Bissau est en outre devenue ces dernières années une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe, au point d’être qualifiée par des analystes de « narco-Etat », certains de ses responsables étant répertoriés par les Etats-Unis comme « barons de la drogue ».
Les candidats qui ont dénoncé des fraudes ont mis en avant, pêle-mêle, listes électorales occultes, fausses cartes d’électeurs, doubles votes, lieux de vote fictifs, déplacements illégaux d’électeurs et de matériel électoral.

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Le camp de M. Gomes Junior a « catégoriquement » rejeté ces allégations de fraudes.
Fafali Koudawo, politologue, a déclaré à l’AFP que « quand sur neuf candidats, cinq se prononcent pour une annulation, c’est qu’il y a crise. Dans ce genre de cas, les voies de recours sont des voies légales », mais « la Guinée-Bissau a déjà un passé de réclamations non abouties ». « C’est normal que les gens aient peur, on connaît les chaînes des violences ici », a-t-il ajouté.
Le scrutin avait été jugé « libre, équitable et transparent » par les observateurs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP).
Ceux de l’UA avaient toutefois souligné que l’élection avait été organisée « sur la base du fichier électoral de 2008, ce qui n’a pas permis un toilettage nécessaire » des listes « et la prise en compte d’une frange de la population, notamment les jeunes ayant atteint l’âge de voter ».

AFP

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