vendredi, avril 26, 2024
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"Tragédie nationale" en France : quatre morts dans une attaque antisémite

Un mystérieux tueur en série a plongé lundi la France dans une « tragédie nationale », abattant trois enfants et un professeur dans une école juive de Toulouse, pire attaque antisémite depuis 30 ans dans ce pays.  Des moyens de police exceptionnels ont été déployés pour traquer cet individu qui a pénétré lundi dans le collège Ozar Hatorah de cette grande ville du sud-ouest.
Le tueur a utilisé la même arme que celle ayant servi à abattre trois militaires dans la même région ces huit derniers jours. Il se déplaçait aussi à chaque fois sur le même scooter volé, un modèle Yamaha très puissant, selon la police.

« En s’en prenant à des enfants et à un enseignant juifs, la motivation antisémite semble évidente », a déclaré dans la soirée le président français Nicolas Sarkozy, de retour à Paris après un déplacement à Toulouse. Il a annoncé un relèvement au maximum du niveau d’alerte antiterroriste dans cette région du sud-ouest.
  Arrivé à l’entrée de l’école, l’assassin a abattu un professeur de religion de 30 ans, ses deux enfants, et la fille du directeur de l’établissement, avant de prendre la fuite. Outre ces quatre victimes qui avaient la double nationalité franco-israélienne, la fusillade a fait un blessé grave, un adolescent de 17 ans.
 Le ministère israélien des Affaires étrangères a publié les âges des victimes : 30 ans pour Jonathan Sandler, le père, qui enseignait la religion, quatre et cinq ans pour ses enfants, Gabriel et Arieh, et sept ans pour Myriam Monsonego.
Le tueur de Toulouse « a tiré sur tout ce qu’il y avait en face de lui, enfants et adultes, et des enfants ont été poursuivis à l’intérieur de l’école », a décrit à la presse le procureur Michel Valet.
– Campagne présidentielle interrompue –
Les témoignages recueillis sur place décrivent un homme froid, déterminé et impitoyable. Après avoir exécuté ses premières victimes, il a rattrapé la petite Myriam « pour lui tirer directement dans la tête », a raconté Nicole Yardeni, une responsable de la communauté juive.
Le rabbin et directeur de l’établissement, Yaacov Monsonego, était en train de prier dans la synagogue lorsque un élève lui a apporté le corps inanimé de sa fille, ont déclaré des témoins.

Cette tuerie, qui a suscité l’effroi en France, est la première ayant visé des juifs dans ce pays depuis l’attentat de la rue des Rosiers qui avait fait six morts en 1982 dans le quartier juif de Paris.
Une « tragédie nationale », a déclaré Nicolas Sarkozy, en se rendant sur place.
A un mois de l’élection présidentielle, la campagne a été brutalement interrompue par cette tragédie. Candidat à sa propre succession, Nicolas Sarkozy a annoncé une suspension de sa campagne électorale « au moins jusqu’à mercredi ».
Il a été suivi dans l’après-midi à Toulouse par son principal adversaire, François Hollande. Le candidat socialiste a appelé à « une réponse commune et ferme de toute la République ».

Selon les indices recueillis par les enquêteurs, il ne fait guère de doute que cette fusillade est la troisième commise par ce tueur, après deux attaques ayant visé des militaires à Toulouse (le 11 mars) et dans la ville voisine de Montauban (le 15 mars), qui ont fait trois morts, trois soldats d’origine maghrébine, et un blessé grave qui est un Noir.
« Nous savons que c’est la même personne, la même arme qui a tué des militaires, des enfants et un enseignant », a déclaré Nicolas Sarkozy.
C’est désormais le parquet antiterroriste de Paris qui dirige les enquêtes sur les trois fusillades, qui ont en commun un tueur expérimenté, utilisant la même arme de calibre 11,43 mm, se déplaçant sur le même deux-roues et capable de disparaître rapidement après ses crimes.
« On est sur deux pistes principales évidentes : la piste islamiste et l’ultra-droite », a indiqué une source proche de l’enquête.
La qualification de « terroriste » de ces actes a été retenue en raison de l’impact de ces tueries, qui créent « un climat d’intimidation et de terreur », a-t-on précisé de source judiciaire.
La communauté juive de France, la première en Europe avec plus de 500.000 membres, a exprimé son horreur.
-Israël dénonce un « meurtre odieux »-
« Je suis horrifié par ce qui est arrivé ce matin à Toulouse devant l’école juive », a déclaré à l’AFP le grand rabbin de France Gilles Bernheim, en ajoutant être « meurtri dans (son) corps et dans (son) âme ».
Une des premières réactions de soutien à la communauté juive est venue du président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, qui s’est dit « horrifié » et a tenu « à exprimer toute sa solidarité et celle des musulmans de France ».
Dans la soirée, l’Union des étudiants juifs de France a appelé à une marche silencieuse à Paris en hommage aux « victimes de l’attentat antisémite de Toulouse ». Auparavant, un office religieux dans une synagogue de Paris a réuni Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Dans la rue Dalou à Toulouse, où se trouve le collège juif, de nombreux parents ou proches, souvent en pleurs, exprimaient leur peine et leur colère. « Quelle explication ? On est dans l’antisémitisme brutal, ignoble », lançait un parent d’élève, Charles Bensemhoun.
Les autorités israéliennes ont très rapidement réagi. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a condamné « le meurtre odieux de juifs, dont de petits enfants », estimant qu’on ne pouvait écarter la possibilité que ce crime ait « été motivé par un antisémitisme violent et sanglant ».
L’adulte et les trois enfants tués avaient la double nationalité franco-israélienne, selon des proches et des sources diplomatiques israéliennes. « Jonathan Sandler a été tué dans la fusillade de Toulouse. Il était parti en septembre dernier de Jérusalem pour une mission de deux ans afin d’enseigner les matières juives à Toulouse », a indiqué un proche de la victime à l’AFP à Jérusalem.
D’après le ministère israélien des Affaires étrangères, les familles ont décidé que les victimes mortes en France seraient inhumées en Israël.

AFP

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