mercredi, octobre 16, 2024
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Le Parlement sud-africain adopte une loi sur l’information jugée liberticide

Le Parlement sud-africain adopte une loi sur l'information jugée liberticide
L’Assemblée nationale sud-africaine a voté mardi une loi très controversée restreignant la publication de documents sensibles par les médias, malgré les critiques accusant le Congrès national africain (ANC) de mettre la jeune démocratie en péril. L’ANC a utilisé sa large majorité à l’Assemblée pour faire passer sa loi dite de « Protection des Informations d’Etat » qui menace d’envoyer en prison pour cinq ans les journalistes qui publieraient des données classées secrètes, voire vingt-cinq ans en cas de présomption d’espionnage.
Le texte va maintenant être soumis au Conseil national des provinces (chambre haute du Parlement) avant d’atterrir sur le bureau du président Jacob Zuma en 2012 pour signature.
Les partis de l’opposition ont promis d’intenter un recours devant la Cour constitutionnelle, jugeant ses dispositions incompatibles avec la loi fondamentale dont l’Afrique du Sud s’est dotée après la fin de l’apartheid.
La loi, qui vise à décourager la divulgation de données sensibles, est discutée depuis 2008.
Le gouvernement affirme qu’elle est uniquement destinée à dépoussiérer un texte de 1982, pour contrer la menace d’espionnage.

Le Parlement sud-africain adopte une loi sur l'information jugée liberticide
« La plupart des opposants à cette loi n’ont pas vraiment lu la loi. Les événements d’aujourd’hui confirment cette opinion », a lancé Luwellyn Landers, président de la commission de la Justice de l’ANC, alors que l’opposition le conspuait.
« Ceux qui sont opposés à cette loi veulent que la loi de PW Botha de 1982 reste dans nos statuts », a-t-il lancé, faisant référence à l’ancien Premier ministre puis président sud-africain des pires heures de l’apartheid.
Les opposants au texte craignent qu’il en soit fait un usage abusif. Ils réunissent des patrons de presse, journalistes, membres de l’opposition, syndicalistes –y compris les alliés de l’ANC–, anciens compagnons de la lutte anti-apartheid, et même le prix Nobel de Littérature Nadine Gordimer et le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu ainsi que la fondation Nelson Mandela.
Un journaliste enquêtant sur le grand scandale de corruption ayant éclaboussé l’ANC quand le gouvernement sud-africain a acheté pour plusieurs milliards d’euros d’équipements de défense à l’étranger en 1999, pourrait ainsi être considéré comme un espion, ont pointé certains opposants.
 

« jour sombre pour notre démocratie »

« Aujourd’hui est un jour sombre pour notre démocratie », a regretté Lindiwe Mazibuko, la présidente du groupe de l’Alliance démocratique (DA, principale formation de l’opposition), rappelant à l’ANC ses propres principes fondateurs, à quelques semaines des célébrations du centenaire du parti au pouvoir.  
« La liberté pour laquelle tant de nos concitoyens ont combattu va être criminalisée! »
Comme toute l’opposition et les quelques centaines de manifestants à l’extérieur du Parlement, elle était habillée de noir.
Les opposants à ce texte jugé liberticide avaient appelé à un « mardi noir », une référence directe au « mercredi noir » du 19 octobre 1977, jour où plusieurs publications avaient été bannies par le régime de l’apartheid.
Dans un éditorial commun, les grands journaux sud-africains, dont certains se sont fait une spécialité de dénoncer la corruption au sommet de l’Etat, avaient prévenu que mardi serait « un jour de triomphe ou de honte pour notre démocratie ».
« C’est un jour noir pour la liberté des médias. C’est un jour noir pour la liberté d’expression. C’est un jour noir pour l’Afrique du Sud », a réagi Yusuf Abramjee, le président du Club national de la presse, avant de lancer: « Nous nous reverrons devant la Cour constitutionnelle! »

AFP

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