
Demandant à la cour d’être « juste », Me Hassan Mouhib, avocat du barreau de Safi (sud de Rabat) d’où sont originaires les neuf accusés, a affirmé que le parquet n’avait pas prouvé la culpabilité d’Adil Al-Atmani, et que celui-ci avait nié les charges retenues contre lui.
Le procureur du roi a réclamé, dans son réquistoire jeudi dernier, la peine capitale contre le principal suspect et un de ses complices Hakim al Dah, dans un attentat à la bombe dans un café du centre de Marrakech le 28 avril qui a fait 17 morts, dont onze Français et trois Suisses.
L’explosion de Marrakech a porté un préjudice énorme au tourisme.
Dans sa plaidoirie, Me Mouhib a rappelé que la nouvelle Constitution, adoptée en juillet, stipulait désormais le « droit à la vie ».
Toujours inscrite dans le code pénal, mais en voie d’être formellement supprimée, la peine de mort n’est plus appliquée au Maroc depuis 1992.
Me Mouhib a également balayé l’accusation relative aux voyages de son client dans certains pays pour s’entraîner au Jihad. Il a fait valoir qu’Al-Atmani n’était qu’un « simple migrant qui s’était déplacé en Algérie et au Mali pour faire du commerce ».
Cependant, un des co-accusés, Mohamed Njim, le seul à comparaître librement, avait reconnu lors d’une audience précédente qu’Al-Atmani lui avait « un jour fait part de son intention d’aller en Tchétchénie pour y accomplir le Jihad ».
« L’accusation est établie, vérifiée et prouvée »
Selon le parquet, les principaux accusés étaient des personnes « qui ont avoué avoir adhéré au courant salafiste, jihadiste » et « aux idées d’Al-Qaïda au Maghreb, après leurs séjours en 2005 en Irak, en Syrie, en Tchétchénie, au Mali, en Algérie et en Mauritanie ».
Pour le parquet, « l’accusation est établie, vérifiée et prouvée », et la cour détient des « pièces à conviction » irréfutables.
« La cour détient des pièces à conviction », elles est « en possession de leurs aveux ainsi que des résultats des analyses scientifiques et des autopsies effectuées sur les victimes », a estimé le procureur, qualifiant l’attentat de « crime prémédité ».
Al-Atmani avait reconnu les faits devant un juge d’instruction, quelques jours après l’attentat, avant de se rétracter quelques mois plus tard en proclamant son « innocence ».
Concernant les autres accusés, des « peines maximales, en conformité avec les charges retenues contre eux, et pour constitution de bandes criminelles et non-dénonciation », ont été requises contre eux.
L’avocat de quatre d’entre eux a fait valoir jeudi que ses clients n’ont « aucun lien avec la pensée salafiste, ni avec le terrorisme ».
Soulignant que cet « acte terroriste » suscitait « des doutes », Me Mohamed Sadkou a demandé à la cour de les faire bénéficier de « circonstances attenuantes ».
Selon l’acte d’accusation, les prévenus sont coupables d’avoir « porté gravement atteinte à l’ordre public, assassinat avec préméditation (..) et appartenance à un groupe religieux interdit ».
Après les plaidoiries des avocats des accusés, ce sera au tour de la cour de délibérer, le verdict devant intervenir ce jeudi, probablement à une heure tardive, a indiqué à l’AFP un magistrat.
Comme aux précédentes séances, les familles des victimes françaises étaient présentes dans la salle d’audience, ainsi que les proches des suspects placés à proximité du box des accusés.
AFP