samedi, décembre 7, 2024
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Sénégal: le pont Faidherbe, emblème de Saint-Louis, a fait peau neuve

Sénégal: le pont Faidherbe, emblème de Saint-Louis, a fait peau neuve
Sept arches enjambent majestueusement le fleuve Sénégal, formant un pont métallique de 511 m de long et 6,20 m de large qui reste, avec les vieilles demeures coloniales, l’emblème de Saint-Louis, Ndar en wolof, ville fondée en 1659 et classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Des barges acheminent les matériaux de part et d’autre de l’ouvrage, les ouvriers mettent la dernière main aux travaux de rénovation entamés en novembre 2008 dans cette ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (AOF) et du Sénégal, située dans le nord du pays.
"Nous sommes en train de finir la réhabilitation du pont qui avait beaucoup vieilli et risquait de s’effondrer", déclare Mor Guèye Gaye, l’ingénieur qui supervise les travaux de ce pont inauguré le 19 octobre 1897.
L’édifice, du nom de Louis Faidherbe, un ancien gouverneur du Sénégal, devait à l’origine faciliter les interventions militaires et le trafic vers Saint-Louis.

Sénégal: le pont Faidherbe, emblème de Saint-Louis, a fait peau neuve

"Il y avait des attaques contre les positions de la colonie et des razzias des Maures pour chercher des esclaves. Or, les garnisons étaient situées sur l’île de Saint-Louis et la langue de Barbarie", bande de terre entre la mer et le fleuve Sénégal, et elles "mettaient plusieurs jours pour intervenir à Sor", village situé en face d’où provenaient les attaques, explique Mme Fatima Fall, directrice du Centre de recherche et de documentation du Sénégal (CRDS) de Saint-Louis.
"L’escadron des spahis ne put jamais traverser (le fleuve) en moins de deux heures, ce qui était gênant en cas d’attaque", précise l’historien Abdoul Haïdir Aïdara, dans un livre sur la ville.
Après appel d’offres, l’entreprise Nouguier, Kessler et Cie construit le pont métallique à partir de 1893 pour un coût de 2,2 millions de francs de l’époque, montant alors faramineux, écrit l’historien Guy Thilmans dans un ouvrage sur les ponts de Saint-Louis.
A son inauguration, Louis D’Erneville, un des responsables de la colonie du Sénégal, déclare: le pont est "l’oeuvre exclusive du budget local" alimenté pour l’essentiel par les impôts payés par les populations "indigènes".
Le pont Faidherbe a alimenté des récits "inexacts", dit M. Thilmans, selon lesquels il "aurait été dessiné par Gustave Eiffel; construit à l’origine pour être lancé sur le Danube, voire sur le Mékong; destiné aux Autrichiens et parce qu’il ne leur convenait plus, aurait été expédié au Sénégal".
Les travaux de rénovation ont coûté officiellement 18 milliards de FCFA (près de 27,5 millions d’euros), financés par l’Agence française de développement (AFD) et l’Etat du Sénégal.
Avec ces travaux, les sept travées du pont ont été remplacées par de nouvelles, fabriquées en France. L’une d’elles, tournante et à commande électrique, doit à nouveau permettre le passage des bateaux, après plusieurs années de blocage du système.
"Le nouveau pont, réalisé avec du bois azobé, un arbre tropical, sur les allées piétonnes, peut durer cent ans", affirme M. Gaye.
"Saint-Louis n’existe pas sans son pont qui est son emblème et son joyau. Cette réfection marque une seconde vie pour la ville", se réjouit le maire, Cheikh Bamba Dièye.
L’ouvrage, qui attire de nombreux touristes, est vital pour l’activité de la ville: 22.000 voitures et 70.000 à 80.000 personnes y passent chaque jour.
Mamadou Lamine Bara Thiam, sexagénaire saint-louisien assis face à l’ouvrage, admiratif, l’affirme: "Tout le monde est content de cette réfection du pont qui est le symbole de Saint-Louis". 

Diasporas-News — AFP

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