Diasporas-News : Monsieur le directeur, pourriez-vous présenter la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo à notre public ?
Stanislas LONGO : Mais bien sûr. La Banque Internationale pour l’Afrique au Congo est une institution financière, établie en République Démocratique du Congo (RDC) depuis 1970. Après avoir acquis 41 années d’expérience, elle a pour vocation aujourd’hui d’être une banque universelle à l’écoute de ses clients. Comme pourraient l’être une institution publique ou une institution internationale, une clientèle privée ou de particuliers. Ceci dit, la BIAC se veut réellement une banque internationale tant au niveau des pratiques et de l’offre que de la qualité des prestations.
D-N : Revenons à la BIAC de Paris, qui a ouvert ses portes le 1erdécembre 2009 et dont vous êtes le premier responsable. Comment la clientèle notamment la diaspora congolaise, a-t-elle accueilli l’implantation de cette banque ?
S.L : C’est avec beaucoup d’enthousiasme que la communauté congolaise a accueilli cette démarche. Car notre présence en France a plus que soulagé nos compatriotes. Avant notre arrivée, la plupart d’entre eux passaient par des messageries formelles ou informelles pour envoyer de l’argent à leurs familles ou pour assurer le suivi de leurs projets en RDC. Avec tous les risques que cela comportait. Nous avons donc résorbé de moitié les risques que prenaient nos compatriotes depuis notre implantation à Paris. Fini les transferts douteux d’argent au travers des canaux douteux ; pour nos compatriotes cette question est désormais réglée. Mais au-delà des relations d’affaires que nous entretenons avec nos compatriotes, nous avons aussi pour mission de leur donner du conseil économique pour entreprendre en RDC. Une des missions de la BIAC, c’est d’être le porte-étendard du Congo qui réussit.
D-N : C’est donc la situation de vos compatriotes qui a justifié l’ouverture d’une agence BIAC dans le 18èmearrondissement de Paris, au cœur du quartier Château Rouge, réputé quartier d’affaires africain ?
S.L : Absolument. Vous l’avez bien souligné car il est de notoriété, le quartier Château Rouge dans le 18ème arrondissement de Paris est par excellence le quartier d’affaires des diasporas africaines. Par conséquent il était inconvenant par rapport à notre cible de nous localiser ailleurs qu’à Château Rouge.
D- N : L’implantation de la BIAC à Paris répond à une stratégie commerciale, n’est-ce pas ?
S.L : Sachez que la BIAC est le premier agent Western Union, la première messagerie financière au monde. En termes de part de marché en Afrique Centrale la BIAC a plus de 60%. Ayant vu d’où venaient les transferts d’argent entrant en RDC, nous avons pris la décision de nous implanter à Paris, au cœur du quartier marchand africain. Aujourd’hui le pays se frotte les mains. Peu importe les canaux utilisés il rentre 1milliard de dollars $ en RDC par an mais qui ne contribue pas à l’investissement ni à l’épargne. Cet argent sert à la consommation des ménages alors que ce flux d’argent au-delà de l’aide bilatérale et multilatérale, pourrait survenir à l’investissement et au développement des PME / PMI. C’est pourquoi la BIAC s’est positionnée à Paris pour capter l’épargne de notre diaspora. Mais également, la banque lui propose de l’investissement, de l’innovation et de la sécurité pour la transaction.
D- N : La concurrence est rude dans votre secteur, ne la craignez-vous pas ?
S.L : La concurrence se fait dans tous les secteurs d’activité. Dès que vous créez une affaire qui tourne bien vous êtes confronté déjà à de nouveaux acteurs sur ce marché. Il convient de dire que nous avons l’habitude de la concurrence. Pour ce faire nous n’attendons pas pour nous remettre en question, nous renforçons les stratégies puis nous avançons. Notre but, c’est de servir notre diaspora ou tout autre client ayant des intérêts en RDC.
D-N : Quel bilan faites-vous depuis votre arrivée à Paris ?
S.L : En notre qualité de représentation de banque étrangère à Paris, nous avons 5000 comptes ouverts à ce jour. Alors que nous ne faisons pas de publicité dans les médias à grand public ni sur Internet. Sauf que nous communiquons sur des supports spécifiques. La BIAC /Paris fait une campagne de communication de proximité, de marketing et nos clients y adhèrent. Nos compatriotes y compris d’autres communautés ouest-africaines telles que des Maliens, des Sénégalais, des Guinéens ayant des activités en RDC sont en phase avec nous. Pour ces personnes la BIAC est un passage obligé pour faire fonctionner leurs affaires en République Démocratique du Congo. Donc en termes de bilan, de 0 à 5000 clients à ce jour est satisfaisant. Certes c’est beaucoup d’effort et des stratégies à adopter tous les jours dont on ne peut s’auto satisfaire. Au final il faut collecter l’épargne de la diaspora pour assurer les investissements et les financements au pays. Tant que le client lambda et les pouvoirs publics sont satisfaits la BIAC est aussi satisfaite. De ce point de vue je peux dire que le bilan de la BIAC /Paris est positif.
D- N : Quels sont les produits que vous offrez à vos clients et quelles sont les conditions d’ouverture de compte à la BIAC / Paris ?
S.L : Je veux répondre d’abord à la deuxième question. Pour l’ouverture de compte courant, il faut : 1 justificatif d’identité, 1 justificatif de domicile, 1 justificatif de revenus, 2 photos d’identité, 1 dépôt minimum de 50 euros. En ce qui concerne les produits offerts à nos clients, c’est une palette de produits qui s’étend du compte courant au compte d’épargne en passant par la bancassurance. Nous avons aussi une gamme complète de cartes bancaires adossées aux fournisseurs traditionnels que sont Visa et Mastercard et aux normes internationales. Rappelons que nous offrons des facilités de cartes sur l’Europe, à savoir ceux qui sont détenteurs de cartes peuvent faire des appels de fonds sur leurs comptes à nos guichets à Paris. Egalement nous mettons l’offre Internet à la disposition de nos clients pour faciliter l’accès aux comptes via Internet. De plus, les clients ont la facilité de faire de dépôt de chèques, de remise de chèques ou d’espèces sur le compte en RDC. Ils peuvent aussi faire des mises à disposition à des tiers (transferts), faire des appels de fonds, des retraits au départ de leurs comptes à l’étranger.
D- N : Un appel à votre clientèle notamment à la diaspora ?
S.L : Aux Africains en général et aux Congolais en particulier, je dis que le continent africain a besoin d’eux. Parce que l’Afrique d’aujourd’hui n’est pas l’Afrique d’il y a 30 ans. Moi je n’ai pas connu cette Afrique-là. Je n’ai pas connu la vague des années des indépendances, et j’ai très peu connu les parti-Etats, le dirigisme des Etats africains. On vit aujourd’hui dans un monde global dans lequel l’avantage comparatif est primordial. En terme de ressources l’Afrique voire la RDC ne sont pas mal placées dans le peloton des pays des continents dotés de ressources minières, énergétiques, humaines. Pour moi en RDC, il faut parler de construction car le développement du pays ne viendra pas de l’étranger, il passera par les Congolais eux-mêmes.
D- N : Notre entretien est à son terme. Mais quel est votre regard sur le magazine Diasporas-News ?
S.L : De mon point de vue Diasporas-News, est un magazine bien écrit. Il a une forme agréable, facile à lire avec un contenu conséquent ayant un impact direct sur ses lecteurs. Des articles bien choisis, percutants et pertinents. J’encourage l’équipe rédactionnelle à continuer sur cette voie. C’est un support dont on a besoin et dont la ligne éditoriale est différente des supports communautaires qui publient des informations non vérifiées, douteuses. Bon vent à la direction de Diasporas-News.
Propos recueillis par Faustin Dali