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RDC: le départ des forces rwandaises de l'est du pays soulève des questions

RDC: le départ des forces rwandaises de l'est du pays soulève des questions

Le départ des forces spéciales rwandaises de l’est de la République démocratique du Congo, où elles opéraient discrètement avec l’armée congolaise, soulève des questions sur la nature de leur mission et sur un éventuel rôle dans la rébellion du M23, présumée soutenue par Kigali.

Ces forces spéciales, dont le départ a été annoncé officiellement vendredi, faisaient partie d’un bataillon conjoint, en place depuis mars 2011, composé de quatre compagnies -deux rwandaises et deux congolaises- selon le ministère rwandais de la Défense.

Ce bataillon, « public » et « officiel » selon le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, était basé dans le territoire de Rutshuru pour combattre la rébellion hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), active dans l’est du pays et dont certains membres sont recherchés par Kigali pour leur participation présumée au génocide de 1994 contre les Tutsi.

Selon le ministre, ce bataillon conjoint avait « succédé » aux opérations militaires congolo-rwandaises de janvier-février 2009 contre les FDLR, et les troupes rwandaises restées en RDC pour participer à ce bataillon avaient un mandat d' »observation » de la rébellion hutu.

Reste que le départ de ces soldats – dont le nombre exact n’a pas été précisé mais qui pourrait avoisiner les 280 hommes, une compagnie comptant environ 140 hommes en général – intervient alors que les relations entre Kinshasa et Kigali sont très tendues.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le Mouvement du 23 mars (M23), un nouveau groupe armé composé de mutins, ex-membres d’une ancienne rébellion à l’époque soutenue par le Rwanda, et que l’ONU dit appuyée par ce pays, qui dément.

Vendredi, les autorités congolaises ont ainsi demandé à l’ONU de sanctionner des responsables militaires rwandais -sans préciser lesquels- pour leur soutien au M23. Un rapport d’expert de l’ONU met notamment en cause le ministre de la Défense, James Kabarebe, et le chef d’état-major du Rwanda, Charles Kayonga.

Kigali assure avoir « planifié et négocié » le retrait de ses soldats « depuis un certain temps ». De son côté, Kinshasa affirme avoir exprimé à son voisin son « souhait » de voir ces soldats partir, entre autres pour prévenir les tentations d’alliance entre les forces spéciales et le M23.

« Le gouvernement congolais accuse le Rwanda d’avoir soutenu le M23, en même temps qu’il y a les forces armées rwandaises qui soutiennent les forces armées congolaises », raille pour sa part le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23.

« A partir du moment où ces forces se sont retrouvées dans une zone que le M23 contrôlait, toutes les collaborations qu’ils donnaient, on ne pouvait pas les observer de notre côté correctement », a expliqué Alexandre Luba Ntambo.

Bien que les compagnies rwandaises « n’aient pas pris part aux hostilités aux côté du M23, des officiers des FARDC ont dit (…) qu’ils craignaient un tel scénario », souligne l’annexe du rapport des experts de l’ONU.

Selon Jason Luneno, député national à Goma, capitale du Nord-Kivu, « ces militaires rwandais (qui participaient aux opérations de début 2009, ndlr), beaucoup d’entre eux étaient restés, s’étaient enrôlés dans les FARDC », et « très, très vite » ont soutenu le M23 quand les combats avec l’armée ont commencé -faisant quelque 250.000 déplacés et réfugiés,

« La population nous dit que ces bataillons (rwandais) n’ont jamais bougé vers le M23. Tout ce que nous savons, c’est que les soldats en activité avec le M23 viennent directement du territoire rwandais », affirme de son côté Thomas D’Aquin Muiti, président de la Société civile du Nord-Kivu, la province où se situe Rutshuru.

Ce départ officiel permet dans tous les cas à Kigali de « montrer que le gouvernement congolais avait autorisé la présence de l’armée rwandaise sur le sol congolais », analyse Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale au groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), et aussi « de se désengager de la lutte contre les FDLR ».

« Vous ne pouvez pas être au Congo pour lutter contre un groupe armé, et en même temps être accusé de soutenir un autre groupe armé (le M23) », relève-t-il. 

AFP 

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