mercredi, décembre 25, 2024
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Afrique du Sud: après les grèves, bientôt des licenciements dans les mines

Afrique du Sud: après les grèves, bientôt des licenciements dans les mines

La vague de grèves sauvages pour obtenir de meilleurs salaires qui agite les mines sud-africaines depuis début août devrait se traduire par des licenciements massifs, la réduction des marges conduisant des compagnies à mécaniser leurs opérations ou à fermer des puits non rentables.

« Le problème fondamental de l’industrie minière, c’est qu’elle a un modèle économique du XIXe siècle qui fait appel à une main d’oeuvre bon marché et peu formée, et donc à de très nombreux travailleurs. Ce n’est pas tenable », a lancé dans une récente interview Mamphela Ramphele, la présidente de Gold Fields, numéro 4 mondial de l’or.

Les mines sud-africaines emploient des bataillons de mineurs peu payés, dont la plupart sont des travailleurs migrants venus de très loin. Certaines font travailler plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Du coup, augmenter les salaires gonfle mathématiquement une masse salariale déjà très élevée. Chez Gold Fields par exemple, la paye du personnel représentait déjà 55% des charges d’exploitation, avant qu’un accord salarial alourdissant la note de 2,5% ne soit signé jeudi.

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Les groupes miniers se plaignent également d’une explosion de la facture d’électricité. La compagnie publique Eskom a en effet demandé lundi au gouvernement de pouvoir augmenter ses tarifs de 16% par an sur les cinq prochaines années.

« Nous avons une hausse des coûts salariaux et des coûts de l’électricité dans le secteur minier. La profession s’attache donc à réduire les coûts, ce qui passe par des efforts pour améliorer la productivité, l’adoption de nouvelles technologies, et, dans certains cas, davantage de mécanisation », explique Roger Baxter, l’économiste de la Chambre des mines (patronat).

L’industrie minière, qui représente 9% du PIB sud-africain et emploie 500.000 personnes –et plus du double avec les industries annexes–, a perdu environ 10 milliards de rands (900 millions d’euros) depuis le début des grèves, selon lui.

D’où la tentation de réduire cette main d’oeuvre assez peu productive et devenue trop remuante à ses yeux alors qu’elle échappe de plus en plus à l’autorité des syndicats traditionnels.

« Nous nous attendons à ce que les compagnies minières ferment des sites d’abord, puis se mettent à la mécanisation dans un horizon très lointain. Nous pensons aussi que la mécanisation sera difficile à financer, d’autant que la confiance des investisseurs s’est émoussée », les agences Moody’s et Standard and Poor’s ayant abaissé leur notes, estime Nic Brown, responsable des matières premières chez Natixis.

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Il constate que les coûts de production augmentent actuellement de 7 à 8% par an alors que les cours ne suivent pas toujours.

Prenant l’exemple du platine, Nic Brown relève que les coûts d’extraction moyens se montent à 1.400 dollars l’once en Afrique du Sud, un niveau qui permet à peine de chercher de nouveaux filons et de moderniser les installations. L’once se négociait jeudi à 1.675 dollars, après être passée sous les 1.400 dollars en février.

Mais quand bien même les compagnies voudraient mécaniser des sites rappelant trop Germinal, les choses ne vont pas de soi.

« Il est très difficile de mécaniser les mines d’or et de platine car les gisements sont très minces », constate Peter Major, analyste chez Cadiz Corporate Solution.

 Les compagnies minières « ont mécanisé leurs équipements depuis les années 1980, elles essaient depuis de nombreuses années », note-t-il, relevant que remplacer des hommes par des machines est très coûteux, et pas toujours rentable.

Le producteur de platine Lonmin a d’ailleurs mis 1,2 milliard de rands (106 millions d’euros) depuis 2008 dans la « démécanisation » de deux puits de sa mine de Marikana (nord), pour revenir à des méthodes d’extraction traditionnelles. C’est là qu’a éclaté début août la sanglante grève dont l’onde de choc s’est étendue à la plupart des mines du pays.

Alors que Gold Fields a déjà évoqué une prochaine restructuration, les analystes interrogés par l’AFP prévoient tous d’importantes suppressions d’emplois dans le secteur.

Or, le gouvernement sud-africain, confronté à un chômage massif, veut créer 140.00 emplois dans les mines d’ici 2020. 

AFP 

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