Les partis de l’opposition sud-africaine ont déposé jeudi au Parlement une motion de censure contre le président Jacob Zuma, critiquant pêle-mêle immixtion dans la justice, corruption et incapacité à résoudre les problèmes économiques du pays.
Dans un rare mouvement d’unité, les huit partis d’opposition représentés au Parlement ont demandé à l’Assemblée nationale de voter contre Zuma, qui est actuellement au centre d’une série de scandales.
« Le peuple d’Afrique du Sud peut témoigner de l’émergence d’un gouvernement et d’un pays différents de ceux envisagés par le président Nelson Mandela et ceux qui ont combattu pour libérer l’Afrique du Sud de l’oppression et permis un nouvel ordre démocratique en 1994 », ont-ils indiqué dans une déclaration commune.
Selon la Constitution, le président et son gouvernement doivent démissionner si l’Assemblée nationale adopte une motion de censure à l’Assemblée. Mais la démarche de l’opposition n’a a priori aucune chance de succès, le Congrès national africain (ANC) disposant de 264 sièges de députés sur 400.
Aucune date n’a été fixée pour le vote, que l’opposition souhaiterait à bulletins secrets afin que des députés ANC puissent voter contre Zuma.
La présidente du groupe parlementaire de l’Alliance démocratique (DA) –principal parti d’opposition– Lindiwe Mazibuko, a expliqué aux députés que Zuma était responsable d’un affaiblissement et d’une inquiétante politisation du système judiciaire, d’une spirale de corruption, de la montée du chômage et du ralentissement de l’économie.
Le droit à l’éducation a également été violé, de très nombreuses écoles n’ayant toujours pas reçu de manuels alors que l’année scolaire s’achève, a-t-elle rappelé.
La motion de censure intervient alors que Jacob Zuma –qui veut se succéder à lui-même au congrès de l’ANC en décembre– est en outre très critiqué pour avoir fait rénover aux frais du contribuable sa vaste demeure du KwaZulu-Natal (est), alors que des millions de Sud-Africains vivent toujours dans des bidonvilles.
Sa présidence a également vécu le pire massacre depuis la fin de l’apartheid, quand la police a abattu 34 mineurs en grève en août à Marikana (nord).
L’ANC a qualifiée de « frivole » la motion de censure, « un coup de publicité désespéré, sinon stupide, de la part d’un groupe de leaders de l’opposition qui cherchent à attirer l’attention », a estimé le parti.
AFP