La France et le Maroc ont décidé jeudi de renforcer leur coopération en matière de sécurité et d’immigration, à l’occasion de la première visite à Rabat du ministre français de l’Intérieur Manuel Valls.
« Nous avons les mêmes défis, croire que l’émigration serait uniquement celle qui va de la rive sud de la Méditerranée à la rive nord serait une absurdité », a déclaré M. Valls, ajoutant que « le Maroc fait face à des défis migratoires également (…) ».
Il a souligné que la France souhaitait faire preuve dans ce domaine de « souplesse et de fermeté ».
Concernant les visas accordés par la France aux Marocains, dans le cadre de l’espace Schengen, « on peut améliorer les choses (…) avec la réduction par exemple du nombre de documents exigés et en simplifiant les documents requis » pour obtenir un visa, a fait valoir M. Valls.
Alors que les formalités de visas pour la France s’apparente à un parcours du combattant, Rabat a souvent demandé un allègement des procédures consulaires.
Quelque 1,3 million de Marocains résident et travaillent en France, premier pays d’immigration devant l’Espagne.
En 2010, 463.000 Marocains étaient détenteurs d’un titre de séjour en France, soit la deuxième communauté, hors Union européenne, après les Algériens. Ils arrivaient en troisième position en matière de délivrance de visas après les Russes et les Chinois.
Les discussions ont également porté sur la coopération policière et la lutte anti-drogue.
L’ancien gouvernement français de droite souhaitait négocier un accord de gestion concerté des flux migratoires avec le Maroc.
Mais le ministre marocain des Affaires étrangères Saadeddine Al Othmani a indiqué mardi que le royaume refusait « de jouer le rôle de gendarme de l’Europe ».
Il a expliqué que c’était « la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas signer avec l’UE l’accord relatif à la circulation des personnes », lequel comporte des dispositions que le Maroc juge « inappropriées ». « Le Maroc signera cet accord lorsque les conditions seront convenables ».
L’immigration doit être traitée « de manière apaisée »
Sur cette question, M. Valls a affirmé que la politique qui « va être celle de la France (…) doit être ferme, juste, équilibrée. Elle doit reposer sur des critères lisibles et contre tout arbitraire ».
« En matière de régularisation, cela sera le cas, cela sera une politique ferme de reconduite vers la frontière quand les irréguliers ne peuvent pas obtenir de titre de séjour, mais sur des critères applicables partout », a-t-il indiqué.
Evoquant les naturalisations, il a indiqué que la France voulait en « faire une très grande priorité », évoquant la possibilité de réduction des délais d’octroi de la nationalité française dans le respect des principaux critères, notamment la connaissance de la langue.
Plus généralement, a-t-il déclaré, « ce que nous souhaitons, c’est que dans le débat public français, les questions de l’immigration soient traitées d’une manière apaisée, que l’immigré, l’étranger (…), le musulman ne soit pas à chaque fois au coeur des débats qui sont dangereux pour notre équilibre démocratique et pour nos valeurs ».
Par ailleurs, M. Valls et son homologue marocain Mohand Laenser se sont déclarés « préoccupés » par la situation sécuritaire dans « l’ensemble du Sahel et du Sahara ».
Au terme de sa visite, M. Valls a été reçu par le roi Mohammed VI après un entretien avec le chef du gouvernement, l’islamiste Abdelillah Benkirane.
« L’audience royale accordée à M. Valls illustre les relations privilégiées » entre Rabat et Paris, a estimé un membre du gouvernement marocain.
« Le temps de l’exploitation de l’islam à des fins électorales en France est terminé », a-t-il dit. « Les autorités françaises souhaitent que les musulmans pratiquent leur religion dans l’esprit de sérénité et de respect des lois de la république ».
AFP