mercredi, décembre 25, 2024
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Egypte: un an après, trop tôt pour fêter la révolution, selon des militants

Egypte: un an après, trop tôt pour fêter la révolution, selon des militants
Les militants pro-démocratie égyptiens accusent le pouvoir militaire de vouloir récupérer à son profit le premier anniversaire, le 25 janvier, du début de la révolte qui a poussé Hosni Moubarak au départ, estimant que la révolution reste encore à faire. Face au Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui prépare pour le 25 janvier, promu « journée de la révolution », des célébrations en grande pompe avec feux d’artifice et défilés, les mouvements de jeunes qui ont lancé la révolte prévoient manifestations et appels au départ des généraux.
« La fête de la révolution n’aura lieu que quand le pouvoir aura été totalement transféré à des instances civiles élues », affirme le groupe « Nous sommes tous Khaled Saïd », du nom d’un jeune d’Alexandrie dont la mort lors d’une arrestation policière avait contribué à mobiliser contre le régime.
« Si nous devons célébrer quelque chose, ce sera la poursuite de notre révolution », estime le groupe créé notamment par le cyber-militant Waël Ghonim en 2010.
« Est-il normal de faire la fête, quand dans une course de 5 km on s’arrête au bout de trois km seulement? », s’interroge encore le groupe.
« Ne vous laissez pas distraire par les commémorations officielles tant que le drapeau de la vérité ne flottera pas », affirme un autre groupe très actif sur internet, le Mouvement des Jeunes du 6-Avril.
Une cinquantaine de groupes de militants ont décidé d’appeler à des manifestations de rue autour de la date du 25 janvier, une opération intitulée « Semaine de colère et de deuil », allusion aux dizaines de personnes tuées à la fin de l’année dernière dans des manifestations contre le pouvoir militaire.
Le 25 janvier 2011, dans la foulée de l’insurrection tunisienne, les militants pro-démocratie égyptiens avaient créé la surprise en mobilisant, via internet et leurs téléphones mobiles, des foules jamais vues contre le régime de Hosni Moubarak.

Egypte: un an après, trop tôt pour fêter la révolution, selon des militants
Dix-huit jours plus tard, l’autocrate réputé indéboulonnable, au pouvoir depuis trois décennies, remettait le pouvoir à un collège de généraux, sous les hourras de la place Tahrir, épicentre de la contestation au Caire.
Mais un an plus tard les militaires sont toujours là, même s’ils assurent vouloir partir une fois un président élu en juin.
Et les récentes élections législatives ont fait un triomphe aux islamistes, face au camp des « révolutionnaires » en déroute.
Hosni Moubarak est en jugement, mais le Premier ministre, Kamal al-Ganzouri, est un de ses anciens chefs de gouvernement, et le chef d’Etat de fait, le maréchal Hussein Tantaoui, fut son ministre de la Défense pendant 20 ans.
« Il nous faut encore mettre fin au pouvoir d’hommes puissants issus de l’ère Moubarak, et en terminer avec l’influence de l’armée sur la vie politique et économique », affirme à l’AFP l’un de ces militants, Ahmed Zahrane.
« Nous devons mettre la pression sur le conseil militaire pour qu’il parte immédiatement », ajoute-t-il.
L’ancien chef de l’agence atomique de l’ONU et prix Nobel de la Paix 2005 Mohamed ElBaradei, proche de ces militants, vient de jeter l’éponge dans la course à la présidence, en affirmant lui aussi que « l’ancien régime n’est pas tombé ».
 Malgré le constat que la révolution est encore largement inachevée, certains soulignent que les progrès faits grâce à la révolte sont encore porteurs de changements pour l’avenir.

Egypte: un an après, trop tôt pour fêter la révolution, selon des militants
« La plus grande réalisation jusqu’à présent, c’est le réveil de l’opinion publique égyptienne », souligne le musicien Omar Karim, un autre militant pro-démocratie.
La révolution « n’est pas une réalisation, c’est un projet en cours », estime-t-il.
Le groupe « Khaled Saïd » en convient lui aussi. « Nous avons vu se réaliser en un an seulement des choses qui vont au delà de ce que nous imaginions », estime le mouvement, même si « nous ne sommes encore que dans une phase de transition ».

AFP

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