vendredi, novembre 22, 2024
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Sissi, autocrate pour les uns, garant de la stabilité pour les autres

Maître incontestable de l’Egypte depuis 2014, Abdel Fattah al-Sissi, qui devrait pouvoir rester en place jusqu’en 2030 en vertu d’une réforme constitutionnelle, est un autocrate pour les uns, un artisan de la stabilité pour les autres.

Dans l’Egypte de M. Sissi, où les manifestations sont interdites, l’émergence d’un mouvement populaire comme observé en Algérie ou au Soudan paraît impensable.

Dans les contextes algérien et soudanais, le chef de l’Etat égyptien a même mis en garde contre les « risques » présentées, selon lui, par les manifestations pour la stabilité de la région.

En vertu d’un vote du Parlement mardi pour amender la constitution, le président égyptien a désormais la possibilité –sous réserve que les Egyptiens valident ces amendements lors d’un référendum– de rester au pouvoir après la fin de son second mandat en 2022.

Soutenu par des médias quasi-unanimes, Abdel Fattah al-Sissi, 64 ans, reste populaire auprès de nombreux Egyptiens, lassés par les années de chaos après la révolte populaire qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak en 2011. Ils voient en lui le seul homme capable d’assurer la stabilité.

Après avoir écarté du pouvoir son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013 à la faveur de manifestations de masse, l’homme fort du pays s’était fait élire une première fois confortablement en 2014 (96,9%).

Longues tirades –

En mars 2018, il a obtenu sa réélection avec 97,08% des voix, dans un scrutin marqué par l’absence d’adversaire crédible. Arrêtés ou découragés, ses rivaux potentiels n’ont pu le concurrencer.

Depuis qu’il a pris les commandes du pays, cet allié des puissances occidentales a réduit au silence l’opposition islamiste, mais aussi libérale, emprisonnant des centaines de voix considérées comme dissidentes.

Torture, disparitions forcées, peines de mort, censure des médias… Les ONG dénoncent régulièrement les violations des libertés par le régime du président Sissi. Le Caire nie systématiquement ces allégations, mettant l’accent sur sa lutte antiterroriste.

Désormais vêtu de costumes sobres, Abdel Fattah al-Sissi aux lunettes noires ne ressort que rarement sa tenue militaire.

Omniprésent à la télévision et dans les médias, il aime prendre la parole en public, tantôt pour une inauguration, tantôt pour un forum avec des jeunes ou encore pour une commémoration. Il déclame de longues tirades d’une voix chaude, ponctuée de rires ou de colère.

D’un ton paternaliste, M. Sissi est capable de décrire les Egyptiens comme la prunelle de ses yeux, assurant qu’il n’est qu’un simple serviteur de son pays.

Il a lancé l’armée à l’assaut du Sinaï, cette péninsule désertique bastion de la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI), échouant toutefois jusque-là à enrayer efficacement la vague d’attaques qui a fait des centaines de morts dans le pays.

Sur le front économique, il a lancé un programme de réformes longtemps ajourné, s’attaquant notamment aux très populaires subventions étatiques. Malgré une hausse des prix foudroyante, aucune contestation sérieuse n’est venue perturber son règne.

Né en novembre 1954, cet enfant du quartier de Gamaliya dans le vieux Caire islamique cher au Nobel de littérature Naguib Mahfouz, M. Sissi a été un enfant déjà très directif avec les autres, selon ceux qui l’ont connu à l’époque.

« Très bon travail » –

Diplômé de l’académie militaire en 1977, il a ensuite étudié en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, avant de devenir chef du renseignement militaire sous Moubarak.

En 2013, ce militaire est apparu sur le devant de la scène, lançant une répression sanglante contre les pro-Morsi, se soldant par la mort de centaines de manifestants islamistes et l’arrestation de centaines d’autres, dont le président déchu Morsi lui-même, qui ont ensuite été condamnés dans des procès de masse expéditifs.

Ironie du sort, c’est Mohammed Morsi qui avait nommé M. Sissi ministre de la Défense et commandant en chef de l’armée en 2012.

Lors de sa campagne pour la présidentielle de 2014, M. Sissi avait estimé qu’il faudrait « 20 à 25 années pour instaurer une vraie démocratie » en Egypte.

Père de quatre enfants, il est décrit par son entourage comme un homme pieux accomplissant ses cinq prières quotidiennes et dont l’épouse porte le voile.

A quelques jours du vote du Parlement égyptien, Abdel Fattah al-Sissi s’est rendu aux Etats-Unis, le grand allié du Caire, pour y rencontrer son homologue américain Donald Trump.

« Je pense qu’il fait un très bon travail », a commenté M. Trump, interrogé sur les efforts du chef de l’Etat égyptien pour se maintenir au pouvoir au-delà de 2022.

afp

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