vendredi, avril 19, 2024
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Après deux ans de crise, le Maroc et l’Espagne rouvrent leurs frontières

Le trafic des piétons et des automobilistes s’écoule sans accroc mardi aux postes-frontières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla avec le Maroc, après leur réouverture sur fond de réconciliation entre les deux pays.

Sous un ciel lumineux, une trentaine de taxis, parqués non loin du point de passage marocain de Fnideq, attendent patiemment l’arrivée des piétons sortant au compte-gouttes de la ville autonome espagnole de Ceuta, a constaté un journaliste de l’AFP.

Quant aux quelques automobilistes, une fois leurs papiers contrôlés, ils disparaissent rapidement à l’horizon.

Ce n’est pas la grande foule non plus pour entrer à Ceuta.

Après plus de deux ans de fermeture due à la pandémie de coronavirus puis une crise diplomatique entre Madrid et Rabat, les seules frontières terrestres de l’Union européenne sur le continent africain ont été rouvertes dans la nuit.

Toutefois, la réouverture des frontières de Ceuta et Melilla reste limitée puisqu’elle ne concerne que les détenteurs de passeports et de visas des pays de la zone Schengen.

Les transfrontaliers marocains, exempts de visas pour accéder à Ceuta et Melilla, devront patienter jusqu’au 31 mai pour y pénétrer.

« Rentrer au bercail »

Les premiers arrivés sur le sol marocain n’ont pas caché leur joie. Des sourires extatiques éclairaient les visages des privilégiés qui retrouvaient leurs familles, au son des youyous.

« J’étais bloqué pendant deux ans à Ceuta, je suis très content de rentrer au bercail », a confié à l’AFP Nourredine.

Emu, un sexagénaire abonde: « je suis heureux que le Maroc et l’Espagne aient rétabli leurs relations, ça nous permet de retrouver nos familles ».

« A un moment on a perdu espoir, on ne pouvait pas rentrer mais là on est vraiment contentes », confient deux femmes pressées.

Parallèlement, les autorités marocaines ont décidé d’interdire la reprise de la contrebande, tolérée jusqu’à l’automne 2019 entre Ceuta et Fnideq dans le nord du Maroc.

Si ce trafic irriguait l’économie locale, il privait les douanes marocaines d’importantes recettes: entre six et huit milliards de dirhams (550-750 millions d’euros) chaque année.

Afin d’y mettre un terme, les autorités avaient fermé en 2019 les points de passage dédiés aux porteurs de marchandises détaxées entre Ceuta et le territoire marocain.

Revirement spectaculaire

Les postes-frontières de Ceuta et Melilla avaient été fermés lors de la première vague de la pandémie de coronavirus en mars 2020.

Le blocage s’est prolongé en raison de la crise diplomatique déclenchée il y a un an entre les deux pays voisins par leur différend sur le territoire disputé du Sahara occidental.

Madrid a mis fin à ce coup de froid le 18 mars dernier après avoir opéré un revirement spectaculaire et reconnu le plan d’autonomie proposé par Rabat pour cette ancienne colonie espagnole.

Le conflit du Sahara occidental -vaste territoire désertique riche en phosphates et aux eaux très poissonneuses- oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l’Algérie.

La brouille entre Rabat et Madrid, causée par l’hospitalisation en avril 2021 en Espagne du chef du Polisario Brahim Ghali qui avait contracté le Covid, avait entraîné l’arrivée à Ceuta en mai 2021 de plus de 10.000 migrants en 24 heures, à la faveur d’un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain.

La réconciliation entre Madrid et Rabat a permis de relancer la coopération bilatérale, en particulier sur les questions migratoires.

« Les relations avec le Maroc sont importantes, stratégiques. Nous sommes des partenaires fraternels », a affirmé mardi le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska.

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