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MASA 2022 : Patrick Hervé Yapi «L’objectif, c’est de valoriser les talents pour permettre les libres circulations»

Directeur du Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (MASA), Patrick Hervé Yapi, présente dans cet entretien les ambitions de cette institution. Le successeur du Professeur Yacouba Konaté explique le choix du thème et fait des révélations sur les articulations de l’édition 2022.

Diasporas-News : Monsieur le Directeur, depuis le mois de juin, vous êtes à la tête du Masa. Comment préparez-vous cet évènement ?

Patrick Hervé Yapi : Merci beaucoup pour l’opportunité que vous nous donnez pour nous exprimer dans votre journal. Le Masa se porte bien. Nous sommes dans les périodes des préparatifs. Après le lancement, nous allons mettre le cap sur l’édition proprement dite du Masa qui doit se dérouler du 5 au 12 mars 2022. Le lancement, c’est pour annoncer la couleur. Vous savez, quand nous avons pris notre charge, dans les diagnostics que nous avons établis, on a constaté un déficit de communication. Et pour cela, nous sommes passés par tous les moyens, pour pouvoir remettre la communication au cœur de nos activités. Cela nous a amené à créer le département marketing communication. Au lancement, il s’agissait de dire au monde artistique, à la population, « attention, le Masa revient en mars 2022 ! ».

D-N: Le prochain Masa est porté par le thème : « les industries culturelles et créatives, le défis des contenus ». Pourquoi ce choix ?

P.H.Y: Au dernier remaniement ministériel qui a porté Harlette Badou N’Guessan comme ministre, il y a eu aussi des changements de la dénomination du ministère. On est passé du ministère de la Culture, à l’industrie des arts et du spectacle. Cela veut dire qu’il faut aller effectivement vers l’industrialisation des arts de la culture et du spectacle. Cette industrialisation passe déjà par la prise en charge même des artisans et des artistes. Parce que, je le dis toujours, être artiste, c’est un métier et il faut qu’on arrive à amener les artistes à vivre de ce métier. À partir du moment où tu arrives à vivre de ton métier, ou tu arrives à transcender les frontières par tes œuvres que tu produis, je pense qu’on est en train de rentrer dans la phase de traitement de l’industrialisation de ces œuvres-là. Donc, si vous voulez, c’est pour donner un peu plus de visibilité aux artistes aujourd’hui. C’est pourquoi, nous sommes en train de plancher vraiment sur l’industrialisation. Et nous voulons aussi amener les artistes à comprendre que d’abord ils sont des entrepreneurs, des industriels dans toutes les disciplines de la culture. Voilà un peu pourquoi nous avons choisi ce thème pour pouvoir sensibiliser les artistes à se prendre en charge.

D-N: Comment tout cela sera-t-il mis en musique dans le cadre du Masa ?

P.H.Y: Le Masa tel que c’était perçu par la population, on ne voyait que la biennale. Mais le Masa n’est pas que la biennale. La preuve, vous êtes venu nous trouvez ici, nous ne sommes pas encore en mars, mais vous avez trouvé les bureaux qui fonctionnent avec des collaborateurs. Le Masa est une institution. On n’a pas que les sept jours de la biennale pour dire que le Masa fonctionne, nous travaillons. Aujourd’hui, nous avons plusieurs activités que nous devons mettre en place. La première innovation, c’est la formation des artistes. Nos artistes ne sont pas formés. Il faut arriver à les former, à les encadrer. Mais si on doit les encadrer, il faut déjà qu’on les forme pour qu’ils puissent se prendre en charge. C’est la toute première innovation, mais cette innovation, ce n’est pas pendant l’édition. C’est quelque chose qui fait partie de notre cahier des charges. Je pense que c’est la vision du gouvernement. C’est la vision de madame la ministre, et c’est toute une série d’activités aussi. Le Masa ira davantage vers les populations, et va sillonner les grandes régions de la Côte d’Ivoire. Vous savez, l’objectif, c’est de valoriser les talents pour permettre les libres circulations. Les talents ne se trouvent pas que dans les capitales. Il y a des talents dans les campements, les villages, les lieux les plus reculés. Il faut arriver à mettre cet instrument au service de la valorisation des artistes. Nous allons d’avantage les sensibiliser pour dire : attention, participez à l’édition du Masa ! C’est un enjeu particulier. Par le Masa, vous pouvez vous exporter, vous prendre en charge. Nos équipes sont prêtes pour l’encadrement des artistes.

D-N: Comment le Masa va sillonner les régions ? Ces régions ont-elles été déjà ciblées ?

P.H.Y: Toutes les villes, toutes les grandes régions seront touchées. Pour l’instant, nous avons sélectionné 12 villes, mais nous sommes en train de voir à long terme avec mes collaborateurs, ce qui est possible. Parce que c’est toute une logistique qu’il faut pour le faire. Pour organiser les tournées dont nous parlons, on envisage nommer cela « Bonjour Masa ! ». On va commencer après le lancement. La semaine qui suit, on va commencer dans les régions. Je vous dirais plus tard quelles sont les régions qui ont été effectivement retenues.

D-N: Le comité artistique international a fait le choix des groupes. Comment ces choix ont-ils été faits ?

P.H.Y: Vous savez, notre choix a été simplement guidé par les talents. Maintenant, pour avoir la possibilité d’être choisi, il faut passer par une candidature. Avant à chaque édition, on lance un appel à candidature qui est ouvert au monde entier. La preuve, les membres du comité artistique international (CAI) ne sont pas que des locaux. C’est le monde entier. Pour qu’on puisse avoir des choix objectifs. Nous sommes en contact permanent avec les membres du CAI qui nous donnent des conseils, ils nous guident dans une belle édition.

D-N:Quelle collaboration attendez-vous du ministère de la Culture, du Cnac et la représentativité de la Côte d’Ivoire dans ce Masa ?

P.H.Y: La feuille de route est claire. Il faut valoriser les talents locaux. Le Masa a trois administrateurs. L’Etat de Côte d’Ivoire, le district d’Abidjan et l’Oif. Nous avons l’accord de siège. Aujourd’hui, le Masa, c’est le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan qui, à l’origine, était africain. C’est devenu Abidjan, quoique le Masa a toujours son rayonnement sous-régional et international. Il faut, en plus de promouvoir les talents internationaux, les talents sous-régionaux, promouvoir les talents locaux. Cela est très important. Aujourd’hui, nous sommes dans une dynamique de mettre en avant les talents locaux et nous travaillons en collaboration avec le ministère de la Culture. C’est la vision du ministère et nous estimons qu’elle est très bonne. Cette vision contribue à l’épanouissement et au bien-être de nos artistes. Nous travaillons avec le ministère et les structures sous tutelle à savoir le CNAC, le Burida, le Palais de la culture. Pour preuve, le plus grand site de l’édition, c’est le Palais de la culture. Je peux vous dire que tout se passe bien avec les structures sous tutelle.

D-N: Comment les trois administrateurs du Masa accompagnent-ils cette institution ?

P.H.Y: Ce que je peux vous dire, c’est qu’ils sont trois administrateurs et je pense qu’en termes d’accompagnement, ça se passe très bien.

D-N: L’organisation du Masa demande beaucoup de moyens financiers. Lors des éditions précédentes, on a noté des difficultés à ce niveau. Avez-vous les moyens qu’il faut ?

Vous savez, l’édition de 2022 est une édition attendue par le gouvernement. Par notre ministre de tutelle. J’espère et j’ose croire que si on vous confie une mission, on attend des résultats de vous. Ça veut dire qu’on donne les moyens pour travailler. Sincèrement, on m’a toujours posé cette question. Est-ce que la direction du Masa n’est pas un poste politique ? Non, c’est un poste technique. Je peux dire que j’ai des moyens humains, les moyens logistiques et l’accompagnement qu’il faut avec les administrateurs, pour qu’on puisse réussir cette édition.

Réalisée par Jean Christophe PAGNI, paru dans le Diasporas-News n°132 de Janvier 2022

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