jeudi, avril 25, 2024
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Tunisie: remise en liberté du directeur du journal Ettounsia

Tunisie: remise en liberté du directeur du journal Ettounsia
Le directeur d’un quotidien tunisien, incarcéré depuis le 15 février pour avoir publié en Une une photo de nu, a été remis en liberté à l’issue de la première audience de son procès, considéré par les professionnels comme une attaque contre la presse en général. Nassredine Ben Saïda, directeur du journal arabophone Ettounsia, poursuivi pour « atteinte aux bonnes moeurs portant des risques de troubles à l’ordre public » après la publication en Une d’une photo de nu, a été remis jeudi en liberté et son procès reporté au 8 mars, a constaté une journaliste de l’AFP.
« C’est une journée mémorable pour la liberté de la presse et pour l’indépendance de la magistrature parce que ces deux libertés sont aujourd’hui mises à l’épreuve et on va savoir si elles sont indépendantes et si elles ne subissent pas des pressions et des instructions », a déclaré à l’AFP l’avocat Mokthar Trifi et président d’honneur de la Ligue tunisienne de la défense des droits de l’Homme (LTDH).
De nombreux journalistes s’étaient déplacés pour assister à l’audience et soutenir leur confrère, poursuivi sur la base d’un article du code pénal.
« Nous sommes heureux et soulagés mais on va continuer notre combat parce que ce procès est un procès contre la presse en général », a souligné Néjiba Hamrouni, la présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
M. Ben Saïda était incarcéré depuis le 15 février, jour où son quotidien avait reproduit en Une une photo du footballeur du Real Madrid, Sami Khedira (d’origine tunisienne) posant avec sa compagne, nue dans ses bras.
Les copies du journal avaient promptement été retirées des kiosques.
Barbe naissante, l’air affaibli, le directeur d’Ettounsia, qui observait une grève de la faim depuis six jours, a défendu à l’ouverture de l’audience son choix d’avoir publié la photo.
« Je n’avais pas l’intention de porter atteinte aux bonnes moeurs. Il s’agit d’un footballeur connu et de plus la photo a une dimension artistique », a-t-il déclaré alors que le président le questionnait sur la valeur informative du cliché.
Cette décision de remise en liberté intervient alors que plusieurs que des journalistes et médias tunisiens s’estiment menacés et accusent le pouvoir de vouloir les mettre au pas.
« C’est un procès de la honte », a bondi Salma Baccar, cinéaste et membre de l’Assemblée constituante. « Je suis venue soutenir les journalistes et les médias parce que je pense que ce procès concerne toute la société tunisienne et montre à quel point nous sommes en train d’avancer vers une nouvelle forme de dictature politique », a-t-elle ajouté.
Selon Mme Baccar, également vice présidente de l’organisation des droits et des libertés en Tunisie, « sous prétexte de moral et de moralité –ils– tentent de changer la face modérée et avant gardiste de la Tunisie ».
« C’est scandaleux qu’on puisse mettre quelqu’un en prison et le priver injustement de sa liberté pendant une semaine à cause de sa liberté d’expression », a renchéri Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).
« Cette moralisation de la société qu’Ennahda est en train de mettre en place est une chose grave! », a-t-elle déploré estimant que « les autorités tunisiennes prouvent à chaque fois qu’il n’y a pas une ligne claire ».
Ce procès survient au lendemain d’une décision de la Cour de cassation qui a cassé un jugement ordonnant la censure des sites pornographiques sur internet, autre dossier emblématique pour les défenseurs de la liberté de la presse.

AFP

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